
Blessed Mhlanga, journaliste zimbabwéen de la chaîne de télévision en ligne HStv poursuivi après l’interview d’une personnalité critique du président Emmerson Mnangagwa, s’est vu refuser vendredi sa remise en liberté sous caution par un tribunal d’Harare.
En détention depuis son arrestation lundi, il est accusé d’incitation à la violence.
Son arrestation est intervenue après des entretiens parus les 27 janvier et 11 février avec Blessed Geza, un vétéran de l’indépendance, membre du parti au pouvoir ZANU-PF et qui a suggéré que la président devrait démissionner, sinon la population « va utiliser la loi comme elle peut » pour qu’il parte.
« Il est clair que le message envoyé incite à la violence », a déclaré le juge Farai Gwatima en annonçant sa décision de ne pas libérer sous caution M. Mhlanga, 44 ans, qui doit être jugé le 14 mars.
« Une libération du prévenu causerait des troubles dans le pays et menace la paix et la sécurité », a-t-il dit.
Emmerson Mnangagwa, 82 ans, est à la tête du Zimbabwe depuis 2017, après que son prédécesseur, l’autocratique héros de l’indépendance Robert Mugabe, a été chassé du pouvoir avec le soutien de l’armée par un coup d’Etat qui a mis fin à 37 ans de pouvoir sans partage.
Il termine son deuxième mandat en 2028 et la constitution l’empêche d’en briguer un troisième, mais une branche de son parti ZANU-PF pousse afin qu’il reste davantage.
Dans un commentaire sur HStv, M. Geza a estimé, s’adressant au président: « Nous vous demandons de nous laisser en paix car sinon, la population va utiliser la loi comme elle peut selon la Constitution pour vous faire partir. »
La police cherche aussi à arrêter M. Geza, dont elle a arrêté l’épouse, alors que celui-ci se cache.
L’organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a estimé vendredi que Blessed Mhlanga avait été « accusé à tort » et a demandé sa « libération immédiate ».
© Agence France-Presse