Résumé
La santé du président camerounais Paul Biya suscite de nouvelles inquiétudes après l’annulation de son retour attendu à Yaoundé. Alors que les rumeurs sur son état circulent, plusieurs personnalités politiques ont été convoquées en Suisse pour discuter des urgences budgétaires. Les spéculations concernant sa capacité à gouverner continuent d’agiter les milieux politiques et financiers, avec des effets notables sur la stabilité économique du pays.
YAOUNDÉ — L’absence prolongée du président camerounais Paul Biya en Europe continue de susciter des interrogations sur son état de santé, alimentées par des annulations répétées de déplacements officiels. Le 13 octobre, alors que des partisans s’étaient rassemblés discrètement pour accueillir son retour à l’aéroport de Yaoundé, le dispositif a été rapidement levé, signifiant que le président ne rentrerait finalement pas.
Aucune déclaration officielle n’a été faite pour expliquer cette annulation. Cette situation renforce les spéculations sur la santé de Paul Biya, déjà exacerbées par son absence remarquée à plusieurs événements internationaux en septembre et octobre, notamment à l’Assemblée générale des Nations Unies et au sommet de l’Organisation internationale de la francophonie.
Le gouvernement camerounais, confronté à des rumeurs de décès propagées par des chaînes télévisées proches des séparatistes ambazoniens, a été contraint de réagir. Le 8 octobre, un communiqué a été diffusé pour rassurer sur la santé du président, affirmant qu’il « poursuivait son séjour en Suisse » et qu’il rentrerait « dans les tous prochains jours ». Cependant, une semaine plus tard, Paul Biya se trouve toujours en Europe, augmentant les incertitudes.
Selon une source proche de la présidence, aucun élément de sécurité n’avait été mobilisé pour un éventuel retour du chef de l’État, et les autorités aéroportuaires n’avaient pas été alertées de son déplacement. Parallèlement, plusieurs personnalités politiques, dont Louis-Paul Motaze, ministre des Finances, et Aboubakary Abdoulaye, vice-président du Sénat, ont été convoquées à Genève pour une réunion de travail portant sur le budget de l’État, dont la signature par Paul Biya se fait attendre depuis août.
Des sources diplomatiques ont nié les rumeurs selon lesquelles Paul Biya serait hospitalisé à Paris, confirmant qu’il réside en Suisse « en bonne santé ». Pourtant, ces démentis n’ont pas apaisé les craintes des milieux financiers internationaux, qui s’inquiètent de l’impact de cette situation sur la capacité du Cameroun à honorer ses engagements financiers, en particulier avec des remboursements de dette imminents.
En réponse aux spéculations, Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, a interdit les débats publics sur l’état de santé du président dans les médias camerounais. Dans le même temps, une journée de prières prévue pour le 17 octobre à Yaoundé a été annulée sur ordre du cabinet civil de Paul Biya, accentuant le climat de mystère autour de sa situation.
Alors que les incertitudes persistent, le retour du président à Yaoundé n’est toujours pas annoncé, et les marchés financiers restent préoccupés par les risques d’instabilité politique que cela pourrait engendrer.
© O Bulamba / ADR