Résumé :
Face à l’inquiétude croissante concernant l’état de santé du président camerounais, Paul Biya, le gouvernement a réagi en interdisant tout débat public sur le sujet. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a publié une circulaire imposant des sanctions contre toute discussion sur la santé du président, affirmant que cela relève de la sécurité nationale.
Yaoundé – Le gouvernement camerounais a émis une circulaire urgente le 9 octobre 2024, interdisant formellement toute discussion publique sur l’état de santé du président Paul Biya. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a envoyé une directive aux gouverneurs de région, leur demandant de surveiller de près les débats dans les médias privés et sur les réseaux sociaux. Toute personne s’engageant dans de tels débats s’expose à des sanctions sévères, y compris des peines de prison.
Un message d’urgence pour contenir les rumeurs
La circulaire, marquée “Très Urgent,” souligne que des “personnes sans scrupule” répandent des informations mensongères sur la santé du président. Ces rumeurs, selon le ministre, visent à déstabiliser le pays en semant la confusion. Le gouvernement a réagi en publiant plusieurs démentis formels pour réfuter les allégations de maladie ou de décès du président Biya, âgé de 91 ans.
Surveillance accrue des médias privés
Dans son document, Paul Atanga Nji a demandé aux gouverneurs de créer des cellules de veille, chargées de suivre les émissions et les débats diffusés dans les médias privés. Ces cellules auront pour mission d’enregistrer les contenus diffusés et d’identifier les auteurs de commentaires jugés “tendancieux,” notamment sur les réseaux sociaux. La directive interdit formellement tout débat sur l’état de santé du président, déclarant que ces discussions relèvent de la sécurité nationale.
Des sanctions sévères pour les contrevenants
Le ministre a rappelé que les contrevenants s’exposent à des poursuites judiciaires en vertu de l’article 113 du Code pénal, qui prévoit jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour la propagation de fausses nouvelles susceptibles de nuire à l’autorité publique ou à la cohésion nationale. Il a exigé des gouverneurs qu’ils prennent des mesures strictes pour faire respecter cette directive, sans la moindre complaisance.
Le contexte : une absence prolongée qui inquiète
Paul Biya n’a pas été vu en public depuis le début du mois de septembre, après sa participation au Forum de coopération sino-africaine (FOCAC) en Chine. Cette absence prolongée, couplée à son absence lors d’événements internationaux et nationaux importants, comme la 79e Assemblée générale des Nations Unies et la finale de la Coupe du Cameroun, a alimenté les rumeurs sur sa santé. Le gouvernement a récemment affirmé que le président se trouvait en Europe pour un “court séjour privé.”
Une opposition qui s’inquiète
Plusieurs figures de l’opposition ont exprimé leurs préoccupations face à cette situation. Patricia Tomaïno Ndam Njoya, maire de Foumban, a appelé le gouvernement à fournir des informations officielles pour mettre fin aux spéculations. De son côté, Christian Ntimbane Bomo, avocat camerounais basé en France, a publié une lettre ouverte exigeant des explications sur l’absence du président et sur sa capacité à continuer à gouverner.
Malgré ces appels, le gouvernement reste ferme sur sa position, réitérant que l’état de santé de Paul Biya est excellent et que tout débat public sur ce sujet est désormais interdit.
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