Home Cameroun CAMEROUN : SINDJOUN, L’INFORMATEUR DE BIYA

CAMEROUN : SINDJOUN, L\’INFORMATEUR DE BIYA

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Il a été un proche conseiller du président pendant près de deux décennies et est l\’un des penseurs du palais sur la prochaine révision constitutionnelle.

Un projet d\’amendement à la Constitution est-il en cours d\’élaboration au Cameroun pour créer le poste de vice-président de la République ? Les médias font les gros titres, et le sujet est évoqué sur les réseaux sociaux, mais Etoudi se garde bien de confirmer. Paul Biya a failli être renversé il y a 38 ans par un coup d\’État orchestré par les mêmes personnes chargées de le défendre. Un véritable traumatisme dont le président camerounais ne s\’est jamais complètement remis, le laissant avec une propension à la méfiance et un fort désir de secret. Quoi qu\’il en soit. Aujourd\’hui encore, Biya aime diviser ses collaborateurs et les laisser dans l\’ignorance de ses véritables intentions. Il est toujours difficile d\’obtenir de la présidence camerounaise qu\’elle confirme ou infirme les faits. En conséquence, aucune de nos sources n\’a voulu commenter ou réfuter l\’initiative de modification constitutionnelle d\’Etoudi, qui viserait à créer un poste de vice-président.

Quelques années avant de prendre sa retraite, ahmadou ahidjo avait nommé biya comme son successeur constitutionnel. Le rôle de vice-président a été aboli en mai 1972 avec la fondation de l\’État unitaire, mais il a refait surface dans le débat car certains anglophones ont réclamé un retour au fédéralisme afin d\’isoler les sécessionnistes. C\’est vu comme un moyen pour le président de choisir un \”dauphin\” par les francophones. Il n\’est pas surprenant que Paul Biya, nommé successeur constitutionnel du président Ahmadou Ahidjo quelques années seulement avant sa démission, n\’ait jamais semblé écouter ses conseillers et ses chancelleries lorsqu\’ils lui conseillaient de réfléchir à l\’avenir. A Yaoundé, les ambitieux mènent déjà une guerre des clans, alors choisir un vice-président pour succéder au président en cas de vacance du pouvoir serait politiquement risqué. Le président et le titulaire se retrouveraient avec une cible sur le dos. Luc Sindjoun a une belle lueur autour de lui. Il est de retour à Baham, dans sa propre région de l\’Ouest, le 24 mars. Le conseiller politique de Paul Biya est arrivé dans les Hauts-Plateaux pour commémorer le 37e anniversaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir). La Maison du parti, qu\’il a aidé à financer et qui accueillera les festivités, n\’est pas encore terminée, mais des militants s\’y rassemblent déjà.

Le roi de Baham, le sénateur Pokam Max II, est présent, ainsi que le préfet Nji Yampen Ousmanou. Mais une chose est sûre : l\’invité d\’honneur est Luc Sindjoun, le professeur de science politique qui a, entre autres, les faveurs et l\’oreille du chef de l\’Etat depuis deux décennies. L\’ex-académique de 58 ans n\’a pas manqué une occasion de saluer Paul Biya à la tribune. Ce 24 mars est pour moi un jour de fierté car je suis membre d\’un parti qui a conduit le Cameroun vers la démocratie, la paix, le progrès et l\’unité sous la houlette du président Paul Biya. Nous devons travailler chaque jour pour maintenir ces acquis et contribuer à l\’émergence de notre pays, déclare Luc Sindjoun. Une motion de soutien au chef de l\’Etat est validée par les cadres du parti quelques minutes plus tard, suivie d\’une marche dans les rues des Bahamas. Des foulards aux couleurs du RDPC, datés de l\’élection présidentielle de 2018, étaient portés autour du cou des participants, avec le slogan électoral du moment blasonné dessus : La force de l\’expérience. L\’image de Paul Biya était également visible sur des jupes bleues et des costumes orange vif. La pré-campagne semble être à l\’ordre du jour. Luc Sindjoun prépare-t-il déjà la prochaine élection au Palais d\’Etoudi ? Il est l\’un des principaux penseurs à l\’origine de la révision constitutionnelle que Paul Biya pourrait mettre en œuvre cette année, selon de nombreux rapports. Celle-ci tenterait de restaurer le poste de vice-président et de l\’attribuer à un Camerounais parlant anglais une réponse à la guerre qui fait rage dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest depuis 2016. Le natif des Bahamas travaille également sur les options de succession pour le chef de l\’Etat, y compris la perspective d\’une élection présidentielle anticipée, qui aurait lieu avant la date prévue de 2025. Il est le penseur numéro un de Paul Biya en ce qui concerne la structure de l\’Etat et élections, résume un proche du président.

Luc Sindjoun, qui a obtenu son doctorat en sciences politiques à l\’Université de Yaoundé en 1991, s\’est fait connaître dans les milieux universitaires africains et français. Mais il est rapidement découvert par le monde politique. Il était membre du \”Club de Paris\”, un groupe d\’intellectuels dont faisait partie Adolphe Minkoa à la fin des années 1990. Il s\’agit de Jean-Claude Ayem ou Mathieu Mebenga, l\’actuel recteur de l\’Université de Yaoundé II. Ce dernier, surnommé \”Benson\”, s\’est cependant rapproché de Jean-Marie Atangana Mebara. Atangana Mebara, devenu ministre de l\’Enseignement supérieur en 1997, tente de s\’entourer de jeunes universitaires. Du coup, il engage « Benson » comme secrétaire particulier et Luc Sindjoun comme conseiller. Cette rencontre est un moment décisif. Sindjoun a suivi le ministre au palais d\’Etoudi quelques mois après sa nomination en août 2002 au poste de secrétaire général de la présidence de la République. Il y a débuté sa carrière comme conseiller technique. Atangana Mebara a fait entrer ses universitaires à la Maison Blanche. C\’est ainsi que certaines personnes sont entrées dans le cercle de Paul Biya, explique un proche de Sindjoun. \”Discret\”, froid en public, ce dernier est passé maître dans l\’art d\’éviter les conflits. Dans un monde où les requins ont tendance à s\’entre-dévorer. L\’opération anti-corruption Épervier a pris le pas sur Jean-Marie Atangana Mebara en 2008. Luc Sindjoun pleure-t-il la mort de son premier protecteur ? Pas le moins du monde. Une de ses connaissances affirme que Paul Biya l\’avait déjà adopté et appréciait ses analyses et ses notes de travail.

Du coup, il continue sa montée en puissance à Etoudi, aux côtés de Laurent Esso, puis de Ferdinand Ngoh Ngoh au secrétariat général, et de Martin Belinga Eboutou au secrétariat général à la tête de l\’administration civile. Personne n\’osera en parler ouvertement. Évoquer les séquelles est considéré comme un crime de lèse-majesté au Cameroun, où Paul Biya règne depuis 1982. C\’est une trahison morale. C\’est avant tout une bévue politique. Les murs de Yaoundé ont des oreilles, le président a ses agences de renseignement, et les différents prétendants au trône ont leurs espions. A ce jeu de dupe, certains ambitieux ont succombé par manque de prudence. D\’autres ont réussi en restant plus secrets, en gardant leur plan pour eux et en adoptant la dissimulation comme une seconde nature. Désormais, chacun cherche un signe, un indice, avec fébrilité ou confiance. Selon les barons, Paul Biya, le stratège politique respecté, doit avoir une stratégie. Enfin (et peut-être le plus important), le clan sudiste a beaucoup plus de poids au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), dont la contribution sera prise en compte lors du choix du successeur de Paul Biya. Même si Paul Atanga Nji est au comité central, Ngoh Ngoh n\’est pas très connu au sein du parti au pouvoir, confie l\’un de ses cadres. René-Emmanuel Sadi et Jacques Fame Ndongo, quant à eux, sont membres du bureau politique. Si une décision devait être prise rapidement, il courrait le risque de perdre son soutien.

Le renouvellement des organes du parti a débuté en 2021 et devrait durer jusqu\’à une éventuelle conférence nationale (qui n\’a pas eu lieu depuis 2011), Saura-t-il rebattre les cartes avant qu\’une guerre de succession n\’éclate ? Bien sûr, même si personne ne le dit, l\’après-Biya est dans toutes les têtes Confie notre source au sein de la formation au pouvoir, délaissant pour un temps le langage rigide du bois, chacun veut se positionner, anticiper, et s\’arranger pour avoir le plus de soutien possible dans les instances décisionnelles au moment fatidique. Les nobles les plus ambitieux de Yaoundé seront-ils préparés à la guerre de Cent Vingt Jours, qui pourrait éclater si Paul Biya se rendait impitoyablement sans dévoiler ses plans ? Le match s\’annonce tendu.

L\’ancien président français Adolphe Thiers a dit un jour : « Gouverner, c\’est prévoir ». Et, comme le disait avant lui Léonard de Vinci, « ne pas prévoir, c\’est déjà gémir ». Année après année, Luc Sindjoun s\’impose comme une pièce de la machine politique de Paul Biya. On le rencontre régulièrement dans les délégations aux sommets internationaux où le président voyage encore et où il est fréquemment l\’un des premiers rédacteurs de ses discours, devenu conseiller spécial. Ce \”mangeur de livres\” il aime partager ses lectures avec son ami d\’enfance, le publicitaire Albert Osé Miambo, ou encore l\’actuel ministre de la Culture, Narcisse Mouelle Kombi Patricia Balme, une Française, est communément l\’un des communicants de Paul Biya. Il est toujours visible dans le monde académique il est professeur associé à Sciences Po Paris mais il apparaît aussi occasionnellement dans les médias, lorsque ses opinions sur l\’opposition et la durée du pouvoir suscitent approbation ou polémique.

Paul Biya emploie Sidjoun pour surveiller la croissance de son adversaire au sein de l\’aristocratie des Bahamas. Surtout, Luc Sindjoun, membre du comité central du RDPC, devient le chef du parti dans les Hauts-Plateaux. Il reçoit des invités chez lui à Baham, où les notables se pressent autour de lui, soucieux de parler avec celui qui sait gagner le respect de Paul Biya. Cette influence locale n\’est pas sans intérêt pour le président : un autre natif du département, Maurice Kamto, a relevé le défi de le défier pour sa place à la tête de l\’Etat. Luc Sindjoun est une sorte d\’anti-Kamto pour Paul Biya. Il s\’en sert pour suivre l\’évolution de son adversaire parmi les élites bahaméennes, révèle une source proche de la présidence. Luc Sindjoun s\’est fait aider par un autre professeur qui est devenu homme politique, Joseph Owona, son fils aîné, qui siège actuellement au Conseil constitutionnel, dans sa quête du pouvoir avec Maurice Kamto depuis des années. Les principaux atouts de Biya en Occident sont : Notre précédent interlocuteur résume Jean Nkuete, le secrétaire général du RDPC, et Luc Sindjoun. On le perçoit comme un traître rallié au clan bulu du chef de l\’État et comme un intellectuel qui a vendu son âme parmi les Bamilékés de l\’opposition. Au jeu des amitiés politiques, pas question. Luc Sindjoun, proche conseiller du président pendant près de deux décennies, nie en privé être \”l\’homme de\” Paul Biya ou de qui que ce soit d\’autre. Il promet de faire son travail et \”e ne pas chercher d\’amitiés à ceux avec qui il accepte de se confier. C\’est une personne frigide en public et au travail, et qui ne souhaite pas se livrer au jeu des amitiés politiques. Il ne peut partir que dans de formidables éclats de rire en privé et avec un petit groupe de personnes\”, raconte l\’un de ses visiteurs.

L\’éminence de l\’ouest cache certains des secrets les plus précieux de la république dans son havre de paix. Ce n\’est pas un mondain, dit le narrateur. Cette source dit : Sa joie est de retrouver quelques amis chez lui pour débattre de politique et de littérature. Luc Sindjoun n\’aime rien de plus que de regagner dans son pick-up sa confortable maison du quartier d\’Emana après avoir quitté son bureau présidentiel en présence d\’un garde du corps en civil et s\’il ne passe pas par le supermarché Bastos, où il fait occasionnellement quelques courses. Adjacente à celle du Vice-Amiral Guillaume Ngouah, la villa Ngally est très bien protégée. L\’éminence de l\’Occident recèle certains des secrets les plus chers de la République dans ce refuge gardé, au milieu des piles de livres et de publications qui s\’accumulent, avec la confiance de Paul Biya.

Eric Kuikende, LEO NJO LEO NEWS

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