Home Centrafirque RCA : LES COULISSES DE LA MISE EN PLACE DU PROCHAIN GOUVERNEMENT

RCA : LES COULISSES DE LA MISE EN PLACE DU PROCHAIN GOUVERNEMENT

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Faustin-Archange Touadéra planche sur un remaniement de son gouvernement suite au débat national de Bangui. Plusieurs adversaires et anciens chefs rebelles ont été consultés discrètement. Notre équipe éditoriale vous emmène au cœur d\’un casting à la fois secret et délicat à cette occasion.

Dans un climat sécuritaire difficile, le président centrafricain jurait de ne vouloir que la paix et la justice s\’il était réélu fin 2020. Les relations avec la Russie, la présence de Wagner, la communication avec l\’opposition et les procédures contre François Bozizé sont autant de sujets à l\’ordre du jour en plus, l\’avant-garde de la politique du nouveau président centrafricain. Des échafaudages bloquent actuellement l\’entrée du Palais de la Renaissance à Bangui. Le président centrafricain s\’appuie largement sur son amitié avec Moscou, qui a dépêché des soldats de confiance à Bangui, dans sa lutte contre les groupes armés. Deux drapeaux flottent sur leurs capotes fraîchement lavées : l\’un russe, l\’autre centrafricain. Le président Touadéra se tourne depuis plusieurs années vers la Russie, provoquant la colère de la France, jadis protecteur historique de la République centrafricaine. Des conseillers russes ont émergé au palais présidentiel, tandis que des mercenaires embauchés par la société de sécurité privée Wagner ont investi dans le système de sécurité.

D’aucuns se posent la question sur la situation politique de la Centrafricain. Le dialogue national républicain à Bangui s\’est terminé le 27 mars. Le président Faustin-Archange Touadéra (FAT) n\’a pas ménagé ses efforts depuis lors pour restructurer son cabinet. Des négociations auraient commencé, et de nombreuses rencontres auraient eu lieu entre la famille du chef de l\’Etat, ainsi que celles de son Premier ministre, Félix Moloua, et des particuliers souhaitant faire partie de la nouvelle administration ouverte, selon nos sources. Aurélien Simplice Zingas, secrétaire exécutif du Parti pour la démocratie et la solidarité (PDS-Kélemba), serait très probablement présent, selon nos sources. L\’opposant a fait savoir qu\’il préférait le portefeuille des Eaux et Forêts, mais Faustin-Archange Touadéra lui confierait plutôt pour l\’instant la Communication, ainsi que le rôle de porte-parole du gouvernement qu\’il assumait auparavant sous François Bozizé. Kévin Sosthène Kpefio, président de la jeunesse Kwa Na Kwa, et Cyriaque Gonda font partie des autres représentants de l\’opposition au scrutin présidentiel. Ce dernier, en tant que leader du Parti national pour une nouvelle République centrafricaine, détient le pouvoir de sécurisation du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, obligeant les FAT à trouver une fondation à l\’actuelle ministre Sylvie Bapo-Teimon, qui devrait conserver un strapontin.

Selon nos sources, le président recrute principalement des personnalités de l\’opposition afin de les affaiblir (notamment les partis d\’Anicet Georges Dologuélé, Martin Ziguélé et Crépin Mboli-Goumba) en préparation du projet d\’amendement constitutionnel qu\’il compte présenter dans les prochaines années. S\’il est adopté, cela lui permettrait de briguer un troisième mandat, ce qui est actuellement interdit par la loi centrafricaine. A la manœuvre de cette révision se placent, Sani Yalo et Simplice Mathieu Sarandji. L\’ancien rebelle Abdoulaye Hissène devrait également trouver une place parmi les engagés. Selon nos sources, l\’individu qui a récemment consenti à participer à la conversation nationale a manifesté un intérêt pour l\’incontournable ministère de l\’Intérieur. Cependant, le président de l\’Assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji (SMS) et son Premier ministre, avec l\’aide de l\’homme d\’affaires Sani Yalo et du président de l\’Assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji (SMS), auraient considéré cet objectif comme trop grand.

En conséquence, Hissène pourrait se voir confier le portefeuille du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration. Un Pays Européen serait dans les coulisses de toutes ces manœuvres. Un Russe est omniprésent à Bangui, agissant comme conseiller à la sécurité de Faustin-Archange Touadéra et chef militaire du groupe de mercenaires. Vitali Perfilev a longtemps été entouré de mystère. Certains à Bangui le rappellent dès le milieu de l\’année 2019. Il n\’était alors qu\’un autre mercenaire en République centrafricaine, l\’un des chefs du groupe Wagner, partageant son temps entre Bangui et Berengo, l\’ancienne résidence impériale où les Russes avaient installé leur base de commandement et d\’entraînement. Perfilev, quant à lui, travaille sous l\’apparence de Valeri Zakharov, le conseiller à la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra à l\’époque. Vitali Perfilev est aux commandes depuis lors. Alors que Zakharov s\’éloigne peu à peu de Bangui, il y gravit les échelons pour devenir le bras droit de Dmitri Outkine en Centrafrique. Il a été le commandant militaire en chef de la défense de Bangui puis de la contre-attaque russo-centrafricaine visant à désenclaver la ville en décembre 2020, lorsque les factions armées du pays ont lancé l\’offensive. Lui, comme Zakharov avant lui, est désormais formellement conseiller de Faustin-Archange Touadéra, selon nos informations.

Un certain nombre de ministres actuels sont sous le feu. Du coup, un simple SMS aurait incité le Président FAT à se séparer d\’Hervé Ndoba, l\’actuel ministre des Finances et à le remplacer par Bienvenu Marius Roosevelt Femonazoui, le directeur de la Banque des États de l\’Afrique centrale (BEAC), ou Frédéric-Théodore Inamo, l’actuel chef des douanes. Ce dernier a l\’avantage d\’être particulièrement apprécié des alliés russes de la présidence centrafricaine, qui exercent une énorme influence sur les mœurs centrafricaines. Faustin-Archange Touadéra, qui admire le travail de Ndoba, est encore indécis au moment d\’écrire ces lignes. Pour l\’entourage du président, limiter le pouvoir d\’Henri-Marie Dondra est primordial. A l\’instar de Serge Ghislain Djorie, Arthur Bertrand Piri, pourtant neveu du président, hésite à conserver son rang de ministre (il occupe actuellement le poste de l\’Energie). Aurélien Simplice Zingas et Aristide Briand Reboas devraient quitter la Communication (Jeunesse et Sports). Enfin, Virginie Bakoua, l\’actuelle ministre de l\’Action humanitaire, devrait démissionner du cabinet, en raison de son amitié avec l\’ancien Premier ministre Henri-Marie Dondra. Henri-Marie Dondra, qui a démissionné de son poste de Premier ministre, vise l\’élection présidentielle de 2026, Touadéra étant constitutionnellement incapable de se représenter. Firmin Ngrebada et Simplice Mathieu Sarandji, ses prédécesseurs, avaient le même objectif.

Le ténor a atteint un point de rupture. Henri-Marie Dondra s\’est mis en colère le 3 février à la suite d\’une conversation téléphonique tendue avec le président Faustin-Archange Touadéra. Le Premier ministre toujours en fonction s\’extasie contre l\’entourage du chef de l\’Etat, qu\’il pense travailler contre lui. C\’est un individu téméraire. Il décide de démissionner immédiatement de la présidence de la République, avec son désir de quitter le mouvement United Hearts ; Movement (MCU) au pouvoir. Henri-Marie Dondra n\’a pas encore renoncé à son travail, mais il tente de persuader Touadéra de lui faire à nouveau confiance. Si un acte numéro trois n\’est actuellement pas légal en raison de contraintes constitutionnelles, une modification des textes pourrait ouvrir la voie à un nouvel accord, Touadéra remettant les compteurs à zéro. Cette solution, qui a déjà été mise en place dans d\’autres pays africains, notamment par le Guinéen Alpha Condé en 2020, a aussi été discrètement envisagée dans les couloirs de la présidence, où les fidèles du chef de l\’État ne seraient pas opposés à la prolongation de son bail.

Un troisième mandat n\’est pas à exclure, conclut un diplomate à Bangui, mais entre-temps, le combat des trois anciens Premiers ministres a commencé. Outre la planification d\’un changement constitutionnel, l\’un des objectifs de ce réaménagement est de limiter l\’influence de Dondra dans les cercles ministériels, car il déclare ouvertement ses intentions de se présenter à la présidence en 2026. Sani Yalo est flanqué et Félix Moloua travaille également dur ici, proposant solutions au président Touadéra, notamment en faisant entrer au gouvernement une ou deux personnalités de la société civile. Le Premier ministre demande conseil à son frère, Jean-Bertrand Léopold Biamba, l\’ambassadeur au Tchad, dont il a promu la nomination et qui était récemment à Bangui pour la conversation nationale. Henri-Marie Dondra pourrait également voir un de ses adversaires politiques, Henri Wanzet Linguissara, revenir au pouvoir. Simplice Mathieu Sarandji soutient l\’ancien ministre de l\’Intérieur, qui chapeaute désormais les services de renseignement et est un rouage important du système Touadéra.

© Eric Kuikende, LEO NJO LEO NEWS

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