Côte d\’Ivoire : Patrick Achi, le noyau dur du système Ouattara
Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence ivoirienne, s\’est positionné comme une figure significative du dispositif mis en place par le chef de l\’Etat. Patrick Achi, longtemps pierre angulaire du PDCI et proche confident d\’Henri Konan Bédié, est devenu un maillon essentiel du parti présidentiel, dirigeant même l\’administration ivoirienne. Pourrait-il devenir le successeur d\’Alassane Ouattara maintenant qu\’il fait partie du premier cercle d\’Alassane Ouattara ?
Achi n\’est pas sorti instantanément du PDCI. Il a essayé de persuader Bédié de revenir sur sa décision. Il a été membre du PDCI jusqu\’à ce qu\’il devienne vice-président, puis il l\’a quitté en 2018. Une question était au centre de discussions ; le PDCI doit-il rejoindre le RHDP d\’Alassane Ouattara ? Un bureau politique du PDCI s\’est tenu à son siège de Cocody le 17 juin 2018, alors que le conflit interne se poursuivait. Patrick Achi est l\’un des partisans de la fusion RHDP, avec Kobenan Kouassi Adjoumani et Daniel Kablan Duncan. Ils tentent de persuader leurs camarades. Mais tout était en vain ; et le refus reçoit le vote majoritaire. Une gifle pour Achi et ses copains.
Patrick Achi tente tout pour n\’importe quoi ce jour-là. Il essaie d\’entrer dans la salle où est rédigé le communiqué de presse final alors que le vote est toujours en cours. On lui a fermé la porte au nez, et il s\’est retrouvé face à Narcisse N\’Dri, un ami proche de Bédié qui allait devenir son directeur de cabinet. Ils ne se sont pas battus, mais c\’était une discussion animée puisque les autres soupçonnaient Achi d\’essayer d\’influencer la déclaration finale.
Un Surdiplômé, Patrick Achi est né à Paris en 1955 et a fréquenté le lycée classique d\’Abidjan avant de fréquenter l\’Université nationale de Côte d\’Ivoire, où il a obtenu une maîtrise de mathématiques et de physique. De retour à Paris, il étudie l\’ingénierie à l\’École d\’électricité (Supélec), puis un master en management à l\’université de Stanford aux États-Unis. Au début des années 2000, il rencontre Alassane Ouattara et devient proche de lui lorsqu\’ils sont contraints de se retirer à l\’Hôtel du Golf d\’Abidjan lors de la crise post-électorale de fin 2010 au 11 avril 2011. Lorsqu’Ouattara est arrivé au pouvoir, il a été séduit par son profil de technocrate et l\’a reconduit.
Lorsqu’Amadou Gon Coulibaly est devenu Premier ministre en janvier 2017, il a pris la relève en tant que secrétaire général de la présidence. Il est sur la courte liste des candidats à la présidence de certaines personnes. Il dit qu\’il n\’a pas cet objectif et que l\’avenir appartient à des équipes compétentes et solidaires, pas à des hommes providentiels. Il a été élu député en 2011 puis président du Conseil régional de la Mé (Sud) en 2013, une terre que Gbagbo avait traditionnellement reçue du FPI.
Il a été réélu en mars après avoir fait campagne sous la bannière RHDP. Le 28 février, quand Alassane Ouattara présente l\’organigramme du Rassemblement des houphoutistes pour la démocratie et la paix (RHDP new), nombreux sont ceux qui se demandent où s\’inscrit Patrick Achi. La restructuration du parti était anticipée depuis des mois et planifiée discrètement par un comité restreint pour compenser la perte de l\’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, dont le décès en juillet 2020 a laissé un trou dans la tête de la formation présidentielle.
Gilbert Koné Kafana, fervent et ancien membre du Rassemblement des Républicains (RDR), prend le commandement. Plusieurs dizaines de noms apparaissent à des postes critiques à ses côtés, pourtant le nom du Premier ministre n\’apparaît nulle part. Est-ce une réprimande ? A trois ans de la prochaine élection présidentielle, les appétits sont aiguisés et les décisions les plus infimes sont analysées. Ne vous y trompez pas : le président Obama n\’a ni oublié ni négligé Patrick Achi. Il a su s\’imposer en quelques années dans le premier groupe d\’Alassane Ouattara, devenant l\’un de ses plus proches collaborateurs.
Depuis l\’entrée en fonction du président ivoirien en 2011, les deux hommes collaborent. Il a été ministre des Infrastructures jusqu\’en 2017, date à laquelle il a été nommé secrétaire général de la présidence, jusqu\’à devenir Premier ministre en mars 2021, après la mort de Hamed Bakayoko. Patrick Achi est un technocrate réputé pour son travail acharné, qu\’admire Alassane Ouattara. Le Premier ministre a beaucoup à faire après que la mort de Hamed Bakayoko l\’ait propulsé sur le devant de la scène. Comme au RHDP, au sommet du gouvernement, où les dossiers sont nombreux. Les erreurs sont strictement interdites…
Un vent paniqué a balayé la lagune Ébrié cette nuit-là. Les téléphones ne cessent de vibrer des chancelleries du Plateau aux palais ministériels de Cocody. Suite aux terribles exécutions d\’Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko ces neuf derniers mois, Patrick Achi, leur successeur, a été relocalisé à Paris. L\’état de santé du Premier ministre ce soir 10 mai fait craindre à certains une sombre répétition de l\’histoire. Il avait été opéré de polypes intestinaux quelques jours auparavant, et cela faisait 48 heures que son état s\’était détérioré et qu\’il saignait du sang. Pas question de prendre le moindre risque pour Alassane Ouattara. Son collaborateur, accompagné de sa femme et de son médecin personnel, est monté à bord d\’un Gulfstream de la flotte présidentielle. Il arrive à Paris tôt le matin et est immédiatement transporté à l\’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine.
La ressemblance entre les deux individus est indubitable. Ingénieurs, fins connaisseurs des rouages de l\’Etat, hommes de dossiers… Il avait certaines qualités Gon qui plaisaient au président, dit un proche d’Ouattara. Patrick Achi, comme lui, a une image de technicien plutôt raide et détesté qu\’il tente de casser, comme lorsqu\’il débarque sur une moto puissante, casquette à l\’envers sur la tête. Dans les rues d\’Adzopé Les gens le qualifient volontiers de technocrate, mais en réalité, c\’est un pur politicien, déclare un ministre. Ceux qui le connaissent lui assurent que le Premier ministre est assez \”politique\” sous ses lunettes, son manteau et sa cravate.
Après avoir été réélu en 2016 et en mars de cette année, il n\’a pas quitté le fauteuil. En 2013, il prend en parallèle la présidence du conseil régional. Il parle l\’attié et connaît bien la vie locale. Ce territoire a peut-être été pris au FPI, mais il est toujours gouverné par le FPI, et les chefs traditionnels l\’ont soutenu tout au long de sa carrière. Un de ses adversaires le reconnaît car il a un vrai ancrage local. Il a aussi un réseau important à Abidjan et dans la région environnante. Les partenaires internationaux, en revanche, semblent l\’avoir adoubé. Il a l\’apparence d\’un manager sérieux, observe un diplomate français.
Achi, personnalité non clivant qui a conservé des liens avec le PDCI et peut converser avec des personnalités pro-Gbagbo, va maintenant devoir séduire les membres du RHDP. Et, en particulier, parmi les barons de l\’organisation d\’origine d’Ouattara, le Rassemblement des Républicains (RDR), qui ne se réjouissent pas d\’assister à l\’émergence d\’un type arrivé tardivement à la présidence. Achi n\’est pas populaire auprès de certains membres du clan Ouattara puisqu\’il est chrétien du sud, alors que le noyau dur de l\’entourage présidentiel est majoritairement musulman du nord.
Cependant, cela peut aussi être vu comme un avantage, estime un baron du RHDP. Ce serait même un bon signal et un antidote à certains sectarismes de nos rivaux. De nombreux cadres du PDCI qui ont soutenu la fusion du RHDP ont quitté l\’entreprise. Achi, en revanche, n\’est pas parti tout de suite. Il a mis longtemps à se décider. Par ailleurs, lors d\’une conférence à Gagnoa en août de l\’année suivante, Maurice Kakou Guikahué l\’a félicité pour sa présence, sa loyauté et sa fidélité au parti, se souvient un responsable du PDCI.
Selon son entourage, il a alors tenté de persuader Bédié de revenir sur sa décision. Patrick Achi sera accompagné de Mamadou Touré, le ministre de la Jeunesse, et de Belmonde Dogo, le ministre des Solidarités et de la Lutte contre la pauvreté, qui se sont tous rendus dans le Nord en juin pour apporter une aide humanitaire et transmettre les sympathies du gouvernement. Le Premier ministre se rendra à Tougbo pour inaugurer un château d\’eau et assistera à l\’inauguration d\’une antenne MTN.
Il visitera également une caserne militaire en construction dans la ville. Patrick Achi visitera deux camps de finition militaire à Kong et déjeunera avec les militaires. Philippe Hien, président du conseil régional de Bounkani (Nord-Est) et membre du secrétariat exécutif du parti au pouvoir, dément ces propos. Sa fidélité et sa loyauté dans le parti sont incontestables. Il a accepté de quitter le PDCI et de rejoindre le RHDP parce qu\’il pensait que c\’était dans l\’intérêt supérieur du pays, affirme-t-il. Il y avait des inquiétudes lorsque Gon a été nommé candidat. Cependant, après quelques mois, les gens ont conclu qu\’en raison de son parcours et de ses capacités techniques et intellectuelles, il était le meilleur candidat. Le président connaît bien son personnel et fera ce qui est le mieux pour lui. Pour le moment, Achi devrait s\’occuper des affaires gouvernementales, a déclaré l\’élu. Achi n\’atteindra certainement jamais le degré d\’intimité avec ADO que Gon Coulibaly a atteint. Beaucoup, cependant, voient un message clair dans les actions du premier ministre en rendant hommage à son prédécesseur. Un ministre assure : Il sait mettre à l\’aise les pro-Gon.
Il a maintenu pratiquement toute l\’équipe que Gon Coulibaly avait au sommet de ses pouvoirs. Les militants voteront pour lui si le président le désigne comme candidat, conclut-il. Patrick Achi a parcouru le Nord en début d\’année, allant jusqu\’à Kong, le territoire d’Ouattara, pour conquérir le cœur des électeurs du RHDP. Cette visite a laissé une impression indélébile sur les gens et suscité beaucoup d\’espoir. C\’est un collaborateur de notre fils, et nous avons été ravis de le recevoir, explique le chef du village. Est-ce une étape préliminaire vers la succession présidentielle d\’Achi ?
ERIC KUIKENDE pour LNL NEWS