Attentat du 6 avril 1994: un crime insoluble. En 2012, un expert judiciaire a pu localiser l\'endroit où ont été lancés les missiles qui ont abattu l\'avion de Juvénal Habyarimana. C\'est le camp Hutu des extrémistes. Quand il s\'agit de l\'instruction française, c\'est un peu incertain...
Il ne reste plus qu\'un épisode dans ce drame sans fin, et ce n\'est pas l\'un des meilleurs. Pour la première fois depuis l\'ouverture de la justice de l\'information en 1998, un groupe de magistrats français est arrivé au Rwanda en septembre 2010 pour enquêter sur l\'attaque. Ils sont accompagnés de neuf experts : deux experts en missiles sol-air, deux experts en accidents aériens, un pilote de Falcon 50 et deux géomètres. A l\'avenir, un acousticien français interviendra.
Qui est responsable de l\'assassinat du président Juvénal Habyarimana, qui a servi de prélude au génocide des Tutsi ? Après vingt-quatre ans d\'apprentissage, la justice française a décidé de renvoyer l\'affaire sans blâme.
En France, une information judiciaire s\'éternise rarement à ce stade avant d\'aboutir à un hic. Vingt-huit ans après les événements, vingt-quatre ans après l\'ouverture d\'un centre de formation antiterroriste à Paris, l\'assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana à bord de son avion le 6 avril 1994 reste un mystère.
Devant son incapacité à résoudre cette affaire, la justice française s\'apprête à la renvoyer devant une juridiction supérieure sans l\'avoir qualifiée d\'affaire coupable. Sous l\'habit des jambes, un soupçon, confirmé par une expertise pluridisciplinaire : les deux missiles sol-air tirés le 6 avril 1994 ont été lancés depuis le camp militaire de Kanombe ou ses environs immédiats.
Les extrémistes hutus qui ont orchestré le génocide seraient humiliés par un président inefficace, voire carrément traître, car il envisageait de partager le pouvoir et l\'armée avec le Front patriotique rwandais (FPR), qu\'ils considèrent comme leur ennemi juré.
Mais ni les auteurs de l\'attaque ni leurs commandants n\'ont jamais été formellement identifiés, laissant la situation ouverte aux spéculations... et à la désinformation. Retour sur une tumultueuse bataille judiciaire semée de machinations qui continueront d\'étouffer les relations entre Paris et Kigali.
Leur rapport, rendu public en janvier 2012, a l\'effet d\'une bombe. Pour commencer, les professionnels de la balistique sont classés sur la base des résultats d\'une vaste étude topographique menée à partir de toutes les zones de tir imaginables. « L\'expertise absolue et incontestable de ce dossier a déterminé que l\'attaque ne pouvait provenir que de la base militaire de Kanombe ou de ses environs immédiats », explique Me Léon Lef Forster, qui, avec Bernard Maingain, représente les Rwandais en question. Ou alors impossible pour un commando du Front patriotique rwandais (FPR) d\'infiltrer cette zone strictement gardée par deux bataillons de l\'élite du régime.
Malgré un nuage de soupçons pointant vers le camp hutu, l\'assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana restera probablement non résolu dans un avenir prévisible.