Accueil Entertainment Nollywood, le cinéma nigérian, trouve un nouveau souffle sur YouTube

Nollywood, le cinéma nigérian, trouve un nouveau souffle sur YouTube

0
(FILES) A general view of the film set of the 'Yarima' series by director Abubakar S. Shehu, in Jos, on February 28, 2025. The successes of Nigerian movies show the shifting pattern of movie consumption among Nigerians as many seek to adjust to the rising cost of living in the country, which has reduced the available disposable income. Nigerians are battling one of the toughest living cost crises in decades after President Bola Tinubu halted the subsidies that kept petrol prices low for years and stopped support for the local currency, the naira. The economic crunch forced streaming platforms, cable TV and internet service providers to hike the costs of subscriptions. Many are now cutting back on entertainment expenses, including cable and streaming subscriptions. (Photo by OLYMPIA DE MAISMONT / AFP)

Lagos, Nigeria – Moins d’un mois après sa sortie en début d’année, « Love in Every Word », un long-métrage de la cinéaste nigériane Omoni Oboli, a été visionné plus de 20 millions de fois sur YouTube.

Ce succès n’est pas un cas isolé: de plus en plus, les films nigérians sont diffusés directement en ligne gratuitement et non plus sur les plateformes de streaming payantes ou les chaînes de télévision, cumulant des millions de vues et transformant les perspectives de diffusion de Nollywood, l’industrie cinématographique nigériane – la deuxième la plus prolifique au monde, juste derrière la Bollywood indienne.

Ce changement est directement lié à la sévère crise économique que connaît le Nigeria depuis l’arrivée au pouvoir en mai 2023 du président Bola Ahmed Tinubu et la mise en place de ses réformes économiques.

L’inflation a dépassé les 30% en 2024 et la proportion de Nigérians vivant sous le seuil national de pauvreté a grimpé de 40,1% en 2018 à 56% en 2024, soit 129 millions de Nigérians, selon la Banque mondiale.

La crise a contraint les plateformes de streaming, les chaînes câblées et les fournisseurs d’accès à internet à augmenter le prix de leurs abonnements: Netflix a ainsi fait passer son abonnement mensuel de 4.400 nairas (environ 2,6 dollars) à 7.000 nairas (4,5 dollars).

Selon un rapport du groupe de réflexion SBM Intelligence basé à Lagos (Nigeria), nombreux sont ceux qui réduisent désormais leurs dépenses de divertissement, y compris les abonnements au câble et au streaming.

Le géant africain de la télévision payante Multichoice a indiqué avoir perdu près d’un quart de million d’abonnés entre avril et septembre 2024.

Malgré une légère augmentation du nombre d’abonnements en 2024, le géant américain du streaming Netflix a réduit ses investissements dans de nouveaux projets au Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique. Son compatriote Prime Video a adopté la même approche, en licenciant une partie de son personnel sur le continent.

– Dépenser moins –

Les billets de cinéma étant désormais considérés comme un luxe, les consommateurs et les cinéastes nigérians se tournent vers des alternatives moins chères.

C’est le cas d’Adeleke Adesola, 31 ans, qui travaille dans le secteur de la santé à Ibadan, la troisième ville du pays.

« J’aime bien lire des commentaires qui expriment mes propres pensées sur un film ou une scène, et en plus je n’ai pas besoin de payer d’abonnement mensuel pour avoir accès aux films sur YouTube », confie-t-elle.

Le réalisateur et cofondateur de la chaîne YouTube iBAKATV, Kazeem Adeoti, explique que l’évolution du modèle de distribution des films au Nigeria a discrètement démarré il y a quelques années, grâce aux acteurs et actrices populaires qui utilisent leur importante audience sur les réseaux sociaux pour promouvoir leurs films.

Plusieurs acteurs de premier plan, très suivis sur les réseaux sociaux, diffusent directement les films dans lesquels ils jouent sur leurs propres chaînes YouTube.

« Certains réalisateurs acceptent que leurs films soient diffusés sur des chaînes YouTube déjà établies pendant une période donnée et signent un contrat de partage des revenus en fonction du nombre de vues du contenu », selon M. Adeoti.

Les revenus générés par YouTube dépendent de facteurs tels que le temps de visionnage, l’engagement du public, la propriété des droits d’auteur et la localisation des spectateurs.

« Nous constatons un temps de visionnage élevé, ce qui indique un fort intérêt du public pour le contenu de Nollywood », juge Taiwo Kola-Ogunlade, responsable des affaires publiques pour Google en Afrique de l’Ouest. « Cette augmentation du temps de visionnage profite non seulement aux créateurs, mais se traduit également par une augmentation des revenus publicitaires pour YouTube ».

Pour le producteur Seun Oloketuyi, YouTube est devenu plus attrayant pour les cinéastes pour des raisons financières car « les films tournés pour YouTube sont nettement moins chers que ceux qui sont projetés dans les cinémas ou sur les plateformes de streaming numérique ».

« C’est une situation gagnant-gagnant pour les cinéastes qui peuvent dépenser beaucoup moins en production, conserver les droits de propriété des films et quand même gagner beaucoup d’argent », estime-t-il.

Nollywood sort en moyenne 50 films par semaine, soit plus de 2.500 films par an.

Les films repris par Netflix au Nigeria sont réservés aux téléspectateurs africains, laissant YouTube comme principale alternative pour la grande audience de la diaspora.

© Agence France-Presse

AUCUN COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Quitter la version mobile
This site is registered on wpml.org as a development site. Switch to a production site key to remove this banner.