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L’intense bataille pour la présidence de la Commission de l’Union africaine : enjeux, défis, et perspectives

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Kenyan President William Ruto (L) shakes hands with former Prime Minister Raila Odinga, on his bid as the candidate for the chairperson of the African Union Commission (AUC), at the Statehouse in Nairobi on August 27, 2024. The launch marks the start of Mr Odinga’s official campaigns ahead of the February 2025 elections to replace outgoing chair Mr Moussa Faki Mahamat. (Photo by SIMON MAINA / AFP)

Introduction : Qui remportera la course à Addis-Abeba ?

À quelques semaines du scrutin décisif pour la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA), une question brûle les lèvres des observateurs : quel candidat saura convaincre les chefs d’État pour succéder à Moussa Faki Mahamat ? Alors que le Kenyan Raila Odinga, le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf, le Mauricien Anil Kumarsingh Gayan, et le Malgache Richard Randriamandrato s’affrontent dans cette élection stratégique, le processus semble semé d’incertitudes et de rivalités régionales. Quels sont les véritables enjeux de cette campagne et ses implications pour l’avenir de l’UA ?


Une compétition sans favori évident

Le paysage électoral se distingue par son absence de consensus autour d’un candidat. Chacun des quatre prétendants revendique une quinzaine de soutiens, bien en deçà des deux tiers nécessaires pour assurer une victoire. Les campagnes s’intensifient, mais les alliances tardent à se cristalliser. Ce climat de fragmentation reflète les divisions sous-jacentes entre les régions africaines, exacerbées par des intérêts nationaux et des jeux d’influence.

Selon des diplomates, un échec collectif des candidats pourrait repousser l’élection d’un an, un scénario redouté par les Kényans, qui verraient alors leur chance s’évanouir en vertu du principe de rotation régionale. Cette perspective a poussé le président kenyan William Ruto à intensifier son lobbying, tandis que ses homologues malgache et mauricien multiplient également les efforts pour positionner leur candidat respectif comme une alternative crédible.


Raila Odinga : une candidature controversée

À 79 ans, Raila Odinga porte l’espoir du Kenya, mais aussi le poids de son âge et d’une performance mitigée lors du débat Madjala Africa en décembre. Malgré des moyens financiers conséquents – une campagne estimée à 20 millions de dollars – et le soutien tacite de certains cadres de la Commission de l’UA, son influence est contestée. Pour ses adversaires, sa candidature pourrait refléter une volonté d’hégémonie régionale plutôt qu’une vision unificatrice pour le continent.

Cependant, le camp kenyan, sous la houlette de William Ruto, ne ménage pas ses efforts pour redresser la barre. Le président kenyan mise sur ses relations avec des figures influentes telles que Paul Kagame (Rwanda) et Yoweri Museveni (Ouganda) pour garantir un bloc de votes favorable à Odinga.


Les outsiders : Mauricien et Malgache, des candidatures inattendues

Anil Kumarsingh Gayan, ancien ministre mauricien, et Richard Randriamandrato, ex-ministre des Affaires étrangères malgache, incarnent des choix plus récents mais non moins stratégiques. Le Mauricien s’appuie sur son expérience diplomatique et un solide réseau international, notamment dans la Communauté de l’océan Indien (COI). Toutefois, son âge avancé (75 ans) et la relative modestie des ressources diplomatiques de Maurice constituent des défis majeurs.

Quant au Malgache Randriamandrato, sa candidature tardive illustre les tensions internes à Madagascar. Si son profil académique et diplomatique est un atout, son limogeage passé et la perception d’une improvisation autour de sa campagne réduisent ses chances.


Djibouti : L’heure de la revanche ?

Mahamoud Ali Youssouf, appuyé par le président Ismaïl Omar Guelleh, représente une candidature solide de l’Afrique de l’Est. Djibouti, qui a affronté le Kenya pour un siège au Conseil de sécurité de l’ONU en 2020, voit dans cette élection une opportunité de revanche diplomatique. Fort de son expérience ministérielle et d’une équipe de campagne bien organisée, Youssouf mise sur des alliances stratégiques avec les pays arabes et africains pour surpasser son rival kenyan.


Un scrutin crucial pour l’avenir de l’UA

Au-delà des querelles régionales, cette élection met en lumière des questions fondamentales : la capacité de l’Union africaine à promouvoir une intégration panafricaine effective et à faire face aux défis globaux tels que le changement climatique, les crises sécuritaires, et les pressions économiques. Une campagne polarisée risque de nuire à la légitimité du futur président de la Commission et d’accentuer les divisions continentales.


Conclusion : Une élection à surveiller de près

À la croisée des chemins, l’Union africaine a besoin d’un leader visionnaire, capable de transcender les rivalités et de proposer une feuille de route ambitieuse pour le continent. Le verdict des 15 et 16 février sera déterminant pour l’avenir de l’organisation et pour les candidats eux-mêmes, chacun ayant beaucoup à gagner… ou à perdre. La véritable question reste ouverte : l’Afrique saura-t-elle tirer profit de cette élection pour renforcer son unité ou sombrera-t-elle davantage dans des fractures géopolitiques ?

© 2025 – Odon Bulamba / ADR

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