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Une relation fragile entre Ouattara et l’Église ivoirienne

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Introduction : Une problématique cruciale entre politique et religion

Depuis son accession au pouvoir en 2010, le président ivoirien Alassane Ouattara a fait des relations diplomatiques avec le Vatican un pilier de sa stratégie internationale. Cependant, ces efforts contrastent avec les tensions récurrentes entre son gouvernement et l’Église catholique locale, qui critique fréquemment son administration. À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, cette dynamique complexe soulève des interrogations sur son impact sur la stabilité politique et sociale du pays.

Source : Facebook présidence de la république de Côte d’Ivoire

Source : Facebook Présidence de la République de Côte d’Ivoire


Une harmonie diplomatique avec le Vatican

Dès ses premiers jours au pouvoir, Alassane Ouattara a manifesté sa volonté de réconciliation nationale à travers un rapprochement stratégique avec le Saint-Siège. Sa première visite officielle au Vatican, en novembre 2012, a jeté les bases d’un dialogue constructif. Lors de cette rencontre avec le pape Benoît XVI, un communiqué conjoint a souligné l’importance du rôle de l’Église dans la reconstruction électorale post-crise.

Depuis, cette collaboration s’est renforcée par des initiatives concrètes, comme le financement public des pèlerinages religieux et la rénovation de la cathédrale Saint-Paul du Plateau. En 2022, Alassane Ouattara a réaffirmé son engagement en rencontrant le pape François lors d’une autre visite au Vatican. Ces efforts diplomatiques visent non seulement à renforcer l’image internationale de la Côte d’Ivoire, mais aussi à utiliser l’influence du Vatican pour promouvoir la paix et la réconciliation dans une nation marquée par des divisions internes.


Une Église ivoirienne critique et engagée

Malgré ce rapprochement avec le Vatican, les relations entre le président et l’Église catholique ivoirienne sont bien moins harmonieuses. Depuis plusieurs années, l’Église locale s’est positionnée comme un acteur critique face au régime actuel. Les tensions sont apparues à plusieurs reprises, notamment à travers les prises de position de figures influentes telles que le cardinal Jean-Pierre Kutwa et, plus récemment, l’archevêque Ignace Bessi Dogbo.

En 2020, lors d’une conférence de presse, le cardinal Kutwa a publiquement déclaré qu’un troisième mandat pour Alassane Ouattara était inutile. Ces déclarations, perçues comme un acte de défiance, ont suscité une forte réaction gouvernementale. Des membres du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) ont organisé une conférence de presse dans la cathédrale Saint-Paul, provoquant l’indignation de nombreux fidèles qui y ont vu une politisation excessive d’un lieu sacré.

Plus récemment, l’archevêque Marcellin Kouadio, président de la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire, a émis de vives critiques sur la gouvernance du pays, dénonçant une « corruption généralisée » et une « justice sélective ». Ces déclarations ont renforcé l’image d’une Église déterminée à exposer les dysfonctionnements de l’État, tout en exacerbant les tensions avec le gouvernement.


Le rôle de médiation de Dominique Ouattara

Dans ce contexte tendu, la Première dame Dominique Ouattara est apparue comme un médiateur essentiel. Catholique dévouée, elle a initié plusieurs démarches visant à apaiser les tensions entre le gouvernement et l’Église. En janvier 2024, elle a reçu une délégation conduite par le nonce apostolique pour discuter de la gestion de la basilique de Yamoussoukro. Ce geste symbolique a été perçu comme une tentative sincère de réconciliation.

De plus, son soutien financier à la reconstruction de l’église Sainte-Thérèse, détruite par une tornade en 2020, témoigne de son engagement tangible envers la communauté catholique. Ses efforts pourraient s’avérer décisifs pour rétablir un dialogue constructif à l’approche des élections.


Enjeux avant l’élection présidentielle de 2025

L’élévation de l’archevêque Ignace Bessi Dogbo au rang de cardinal en décembre 2024 survient à un moment crucial pour la Côte d’Ivoire. Connu pour sa franchise, le prélat a déjà exprimé sa volonté d’agir comme médiateur pour favoriser l’unité nationale. Cependant, ses critiques passées envers le gouvernement soulèvent des interrogations quant à sa capacité à équilibrer son rôle pastoral avec une posture neutre.

Pour le gouvernement, maintenir des relations stables avec l’Église catholique sera crucial pour éviter que les tensions religieuses n’aggravent les défis politiques à l’approche de l’élection présidentielle. Ce scrutin pourrait être déterminant pour l’avenir du pays, notamment si Alassane Ouattara choisit de ne pas briguer un nouveau mandat.


Conclusion : Une collaboration fragile mais essentielle

La relation entre Alassane Ouattara et l’Église catholique ivoirienne reflète une interaction complexe entre diplomatie, religion et politique. Si le rapprochement avec le Vatican reste un succès diplomatique, les tensions persistantes avec l’Église locale pourraient poser des défis significatifs à la stabilité nationale. L’élection de 2025 représente une opportunité unique de renforcer le dialogue entre ces deux acteurs clés, dans l’intérêt de la paix et de l’unité en Côte d’Ivoire.

2024 – O Bulamba, ADR

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