Tunis, Tunisie – (AFP) – L’opposante tunisienne Abir Moussi a bénéficié d’une réduction de la peine de deux ans de prison prononcée en première instance pour avoir critiqué l’instance électorale de son pays, mais reste emprisonnée, a annoncé vendredi à l’AFP son avocat.
“En appel, il a été décidé de réduire sa peine à un an et quatre mois”, contre une sanction initiale de deux ans de détention, a précisé l’avocat Nafaâ Laribi.
En août, Mme Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), se revendiquant de l’héritage des régimes autocratiques du héros de l’indépendance Habib Bourguiba et de son successeur Zine El Abidine Ben Ali, s’était vue infliger deux ans de prison pour des critiques à l’instance électorale Isie datant de début 2023.
Dans cette affaire, Mme Moussi a été condamnée en vertu du décret présidentiel 54 qui punit la diffusion de “fausses nouvelles”, une loi très critiquée par l’opposition, les journalistes et les ONG parce qu’elle est sujette à de larges interprétations.
Virulente critique à la fois du président Kaïs Saied et du parti islamo-conservateur d’opposition Ennahdha, Mme Moussi, une ancienne députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, alors que, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.
Elle fait l’objet de plusieurs accusations graves dont celles “d’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement”, soupçonnée d’avoir voulu rétablir un régime similaire à celui de Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.
D’autres figures de l’opposition comme le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, ou les dirigeants socio-démocrates Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, sont derrière les barreaux, sous le coup d’accusations de complot contre la sûreté de l’Etat.
Depuis un coup de force de M. Saied à l’été 2021, l’opposition et les défenseurs des droits humains tunisiens et étrangers ont critiqué une régression des droits et libertés en Tunisie. M. Saied a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90% des voix lors du scrutin du 6 octobre, pour lequel le taux de participation a été néanmoins très faible (moins de 30%).
© Agence France-Presse