Sanctions du Royaume-Uni contre les mercenaires russes en Afrique
Le 6 novembre, le gouvernement britannique a annoncé une série de sanctions visant plusieurs groupes de mercenaires russes actifs en Afrique, notamment en Libye, au Mali et en République centrafricaine (RCA). Ces sanctions, qualifiées de plus importantes depuis mai 2023, reflètent les inquiétudes du Royaume-Uni quant à l’influence croissante de la Russie sur le continent africain et aux graves violations des droits humains dont elle est accusée.
Les opérations de Wagner et Africa Corps en Afrique Depuis la mort du fondateur de Wagner, Evgueni Prigojine, en août 2023, les opérations paramilitaires russes en Afrique se poursuivent sous la direction du ministère de la Défense russe. Des groupes comme Africa Corps, héritiers de Wagner, jouent un rôle central dans la stratégie russe sur le continent. Ces derniers ont récemment été observés lors d’exercices de formation des forces de police en Centrafrique, soulignant l’engagement de Moscou envers ses alliances sécuritaires africaines.
Accusations de violations des droits humains Les autorités britanniques accusent ces groupes paramilitaires d’abus généralisés, incluant des détentions illégales, des actes de torture et l’exploitation des ressources naturelles. Dans un incident récent rapporté par Radio France Internationale (RFI), une patrouille russe aurait exécuté six bergers près de la frontière entre le Mali et la Mauritanie, renforçant les inquiétudes sur la sécurité des civils dans les zones où la Russie est présente. Africa Corps et ses unités affiliées sont depuis longtemps accusés d’utiliser la violence pour contrôler des régions stratégiques riches en ressources.
Contexte géopolitique et objectifs britanniques Ces sanctions interviennent dans un contexte de rivalité géopolitique croissante en Afrique. La Russie a renforcé ses alliances africaines grâce à des campagnes d’information et une diplomatie proactive. Le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, David Lammy, lors de sa première tournée officielle en Afrique, a réaffirmé l’engagement du Royaume-Uni à contrer ces influences déstabilisatrices en proposant une « nouvelle approche » envers l’Afrique. Selon des observateurs, ces sanctions visent à freiner le soutien sans réserve de Moscou aux gouvernements africains confrontés à des troubles internes.
Engagement de l’Ukraine et contre-narratifs russes L’Ukraine a également intensifié ses efforts pour défier l’influence russe en Afrique. Depuis le début du conflit, les autorités ukrainiennes ont multiplié les contacts avec les dirigeants africains, ouvrant de nouvelles ambassades et contrant les récits russes. Au Mali, les forces soutenues par la Russie, dont Wagner, ont subi de lourdes pertes face aux rebelles du nord, révélant la complexité de la position russe en Afrique. Malgré ces revers, la Russie continue de recruter de jeunes Africains, exploitant leur désespoir économique pour renforcer ses troupes.
Impact et perspectives Si les sanctions échouent souvent à contenir pleinement les acteurs visés, le gouvernement britannique espère que ces mesures, avec une attention médiatique accrue, mettront sous pression les opérations russes en Afrique. Les analystes mettent cependant en garde contre la capacité des groupes sanctionnés à échapper à de telles restrictions. Cette situation pourrait influencer la perception de la Russie en Afrique et façonner les futures alliances sur le continent.
© O Bulamba / Africa Daily Report