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Nord du Bénin: la coopération défaillante avec le Burkina et le Niger ouvre la voie aux jihadistes

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Terrace of Cafe Capuccino. Ouagadougou, January 18th 2016. West African nations will "fight back" after a Burkina Faso hotel attack that left 29 dead and showed jihadist fighters expanding their reach in the region, Benin President Thomas Boni Yayi said on January 18, 2016. Friday's attack on a four-star hotel, which left at least 29 dead, half of them foreigners, came weeks after an attack on a luxury Mali hotel in Bamako claimed by Islamists that left 20 people dead. (Photo by Arne Gillis/NurPhoto) (Photo by Arne Gillis / NurPhoto / NurPhoto via AFP)

Abidjan, Côte d’Ivoire – Le nord du Bénin, confronté à des attaques jihadistes de plus en plus meurtrières, paie le prix fort d’une coopération sécuritaire défaillante entre ce pays du golfe de Guinée et ses voisins sahéliens du Burkina et du Niger, qui ouvre la voie aux islamistes, selon des experts interrogés par l’AFP.

Les assauts contre l’armée béninoise se sont intensifiés ces derniers mois dans le nord du pays où une attaque jihadiste a fait 54 morts la semaine dernière dans les rangs des militaires, le plus lourd bilan officiel dans cette région de plus en plus ciblée par des islamistes venant du Burkina Faso et du Niger.

“Si le Bénin fait des efforts en solo et que de l’autre côté il n’y a pas de répondant, il restera en crise avec des groupes terroristes qui auront trouvé un Eldorado à ses frontières”, dit à l’AFP le chercheur béninois Emmanuel Odilon Koukoubou, politologue au cercle de réflexion Civic Academy for Africa’s Future.

Constat partagé par les autorités béninoises. “Notre situation serait autrement plus facile si nous avions une belle coopération avec les pays qui nous entourent…”, a souligné mercredi le porte-parole du gouvernement béninois Wilfried Léandre Houngbédji.

“Si de l’autre côté de la frontière il y avait un dispositif (sécuritaire) au moins comme le nôtre, ces attaques ne se dérouleraient pas de cette façon ou ne se produiraient même pas”, a-t-il insisté.

Le Burkina et le Niger, dirigés par des juntes militaires souverainistes qui ont tourné le dos à l’Occident, accusent le Bénin d’abriter des bases militaires étrangères en vue de les déstabiliser. Ce que Cotonou nie.

Conséquence: une coopération militaire défaillante entre le Bénin et ses deux voisins sahéliens sur fond de brouille diplomatique.

– Le Sahel, épicentre du “terrorisme” –

La région du Sahel est l’épicentre du “terrorisme” avec plus de la moitié des décès dans le monde en 2024, selon le dernier Indice mondial du terrorisme publié en mars.

Le Burkina Faso reste le pays le plus touché au monde pour la deuxième année consécutive, et le Niger occupe le cinquième rang mondial.

“La présence accrue de jihadistes dans le sud du Burkina Faso et du Niger, la capacité limitée des forces armées sahéliennes le long des frontières, ont permis aux groupes jihadistes de créer des cellules dans des territoires tels que le nord du Bénin”, explique à l’AFP Beverly Ochieng, analyste à Control Risks.

Les zones forestières des parcs du W et de la Pendjari, aux frontières du Burkina et du Niger, “fournissent une couverture supplémentaire pour les activités jihadistes, car avec une surveillance aérienne limitée, les islamistes sont en mesure de se déplacer dans ces zones sans être détectés”, ajoute Mme Ochieng.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe), affilié à Al-Qaïda, a revendiqué l’attaque du 17 avril dans le parc national du W, qui a causé la mort de 54 militaires.

C’est le groupe “le plus influent” dans le nord du Bénin, “car il y a une continuité sociologique, ethnique et territoriale avec le sud de Burkina, qui échappe au contrôle de cet État”, explique Lassina Diarra, directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme de Jacqueville, près d’Abidjan.

– “nécessité d’une coopération” –

Selon Beverly Ochieng, “il est probable que le GSIM veuille utiliser cette zone pour encercler le Burkina Faso, renforçant ainsi son influence et sa présence”.

Jeudi, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a réitéré “l’impérieuse nécessité d’une coopération indispensable et renforcée entre tous les États membres”.

Mais la tâche semble ardue dans une Afrique de l’Ouest plus que jamais fracturée. Le Burkina Faso, le Niger et le Mali se sont retirés de la Cedeao, qu’ils estiment notamment inféodée à la France, pour se réunir dans la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).

Ils ont créé une armée unifiée et mènent des opérations antijihadistes conjointes de leur côté, sans collaboration avec certains pays du golfe de Guinée, comme le Bénin et la Côte d’Ivoire, accusés d’être trop pro-Occidentaux.

Mais l’AES coopère avec le Togo, et le Ghana depuis l’élection du président John Mahama en décembre. Le Nigeria de son côté multiplie les efforts diplomatiques pour une reprise de la coopération sécuritaire avec le Niger, qui patine depuis le coup d’Etat de juillet 2023.

Pour les analystes, le Bénin doit adosser l’approche militaire au volet social, en renforçant des initiatives de développement communautaire pour prévenir un recrutement massif de Béninois dans les groupes jihadistes.

“Toutefois, cela restera difficile sans la coopération du Sahel, car c’est là que se trouve la racine de l’insurrection (jihadiste)”, prévient Beverly Ochieng.

© Agence France-Presse

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