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Mines d’or: les sociétés chinoises dans le collimateur en RDC

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A miner holds in his hands two stones that potentially contain gold in the Kamituga artisanal mine, in the South Kivu province in the east of the Democratic Republic of Congo, on September 20, 2024. - At Kamituga, a town some 40 kilometres (25 miles) from Kitutu, gold mining is in full throttle. In one site mined by Congolese cooperative Mwenga Force, some 400 people delve into vast open pits hoping to make a few dollars a day. Artisanal mining is small-scale mining, carried out by individuals without big machinery and not employed by big businesses. Hundreds of foreign companies, most of which are Chinese owned, mine gold in the mineral-rich province often without permits and without declaring profits, according to local authorities. (Photo by Glody MURHABAZI / AFP)

A miner holds in his hands two stones that potentially contain gold in the Kamituga artisanal mine, in the South Kivu province in the east of the Democratic Republic of Congo, on September 20, 2024. – At Kamituga, a town some 40 kilometres (25 miles) from Kitutu, gold mining is in full throttle. In one site mined by Congolese cooperative Mwenga Force, some 400 people delve into vast open pits hoping to make a few dollars a day. Artisanal mining is small-scale mining, carried out by individuals without big machinery and not employed by big businesses. Hundreds of foreign companies, most of which are Chinese owned, mine gold in the mineral-rich province often without permits and without declaring profits, according to local authorities. (Photo by Glody MURHABAZI / AFP)

Rivières polluées, plantations détruites, manifestations réprimées: à Kitutu, en République démocratique du Congo, le père italien Davide Marcheselli se bat depuis des années contre les sociétés chinoises qui exploitent l’or illégalement dans la région.

Des centaines d’entreprises étrangères, principalement chinoises, exploitent l’or dans la province riche en ressources naturelles du Sud-Kivu (est), sans déclarer leurs bénéfices et sans permis, selon les autorités locales.

Pendant longtemps, à Kitutu, la société civile locale et les religieux ont été seuls face à ces puissantes entreprises qui bénéficient d’appuis en haut lieu, selon le père Davide Marcheselli.

“Du représentant national au chef de village, tout le monde reçoit quelque chose, de l’argent ou des dividendes”, assure ce missionnaire catholique résidant à Kitutu.

Mais en juillet, le gouverneur de la province Jean-Jacques Purusi a suspendu les activités d’extraction “illégales” le temps que ces entreprises se mettent en conformité avec la loi congolaise: établissement d’un cahier des charges, réfection des infrastructures, renouvellement des permis parfois expirés depuis des décennies.

Depuis lors, les représentants de ces entreprises habituellement discrets défilent dans le bureau du gouverneur.

“Au lieu des 117 entreprises illégales qu’on a invitées, 540 se sont pointées ici du jour au lendemain”, raconte à l’AFP Jean-Jacques Purusi.

Ce professeur d’université et ancien expert onusien a été nommé par la présidence congolaise “pour que les minerais génèrent désormais la prospérité”, selon lui, dans une province où le taux de pauvreté atteint les 80%.

– Accès refusé –

A Kamituga, cité minière à 40 km de Kitutu, l’extraction de l’or bat son plein dans de vastes mines à ciel ouvert. Dans le gisement exploité par la coopérative congolaise Mwenga force, quelque 400 creuseurs descendent dans les galeries pour quelques dollars par jour malgré les risques d’effondrement.

“Nous n’avons pas les mêmes moyens que les Chinois. Les services de l’État viennent sur nos sites. Nous nous acquittons des droits et nous amenons l’or légalement”, assure Félicien Mikalano, président des creuseurs artisanaux, assis au fond d’une étroite galerie.

L’extraction semi-artisanale est interdite aux étrangers par le code minier, mais des sociétés chinoises utilisent ces coopératives locales comme “partenaires” pour extraire le minerai.

La moitié des coopératives de la province sont concernées, selon le Bureau d’études scientifiques et techniques (BEST), une ONG congolaise spécialisée dans les questions de gouvernance minière.

A quelques kilomètres de Kamituga, au bout d’une piste en terre, l’accès à une mine exploitée par l’une de ces coopératives est contrôlé à trois checkpoints. L’équipe de l’AFP a été priée de rebrousser chemin.

Le même sort a été réservé à la brigade minière chargée de relever chaque semaine, sur site, les statistiques d’extraction.

“On contrôle difficilement ces sociétés”, avoue Ghislain Chivundu Mutalemba, commandant de la brigade minière locale. “Les partenaires chinois extraient, la coopérative vend la production aux comptoirs. On ne sait pas quel pourcentage les Chinois prennent”, ni combien ils produisent, dit-il.

– Menaces –

La production est-elle écoulée dans les centaines de bureaux d’achat d’or qui se succèdent dans les ruelles du centre-ville ?

“Tout ce que je sais, c’est que les boss prennent l’or et l’amènent à Bukavu, je n’ose pas poser de questions”, explique Siri Munga Walubinja, négociant en or. “Mais je n’ai jamais vu un Chinois, ce sont uniquement des Congolais qui achètent”.

L’évaporation des ressources minières n’est pas que le fait des étrangers. L’or acheté à Kamituga est transporté jusqu’à Bukavu, la capitale provinciale, par de grands négociants essentiellement congolais.

Certains ne déclarent qu’une fraction de leur marchandise et écoulent le reste illégalement vers des pays voisins comme le Rwanda, selon le BEST.

En décembre 2022, le pouvoir congolais a accordé le monopole de l’exportation d’or au Sud-Kivu à la société Primera Gold, pour “briser les circuits d’exportations de minerai vers le Rwanda” et “neutraliser certains réseaux d’affaire de l’opposition” politique, selon une note de l’Institut français des relations internationales publiée en février 2024.

Les exportations d’or artisanal venant du Sud-Kivu étaient alors passées de 42 kg en 2022 à plus de cinq tonnes en 2023, soit environ un sixième des volumes d’or exportés chaque année par la RDC et officiellement déclarés.

Mais Primera Gold manque désormais de liquidités pour acheter ce minerai et n’a pas réussi à freiner le marché noir, selon le BEST.

Les circuits empruntés par les sociétés chinoises, dont aucune n’a répondu aux sollicitations de l’AFP, restent inconnus des autorités et des ONG.

“Leurs représentants vous passent tel général ou tel ministre à Kinshasa au téléphone, pour vous dire de ne pas les embêter”, raconte le gouverneur Jean-Jacques Purusi, qui assure faire l’objet de menaces “quotidiennes”.

© Agence France-Presse

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