Home POLITIQUE La Haute Cour de justice se prépare à juger Macky Sall ?

La Haute Cour de justice se prépare à juger Macky Sall ?

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Macky Sall’s announcement will likely quell fears of a democratic backslide in Senegal [File: Ludovic Marin/ AFP]

Résumé :

Macky Sall, ancien président du Sénégal, fait face à des accusations croissantes alors qu’il tente de mener la campagne législative de 2024 depuis Marrakech. Accusé de répression et de détournements financiers, il pourrait être jugé par la Haute Cour de justice. Tandis que ses détracteurs cherchent à le poursuivre pour des actes présumés durant son mandat, il défend son bilan. Le contexte historique sénégalais, notamment les précédents jugements politiques, souligne l’importance de cette potentielle nouvelle procédure judiciaire.


Dakar — À l’approche des législatives de novembre 2024, l’ancien président sénégalais Macky Sall se retrouve au centre d’une polémique judiciaire. Ses adversaires politiques l’accusent de crimes graves, notamment d’avoir réprimé violemment des manifestations en 2021 et 2023 et d’avoir falsifié des chiffres financiers lors de son mandat, ce qui aurait trompé le Fonds Monétaire International (FMI). Fadilou Keïta, un haut responsable du régime actuel, a déclaré que des preuves accablantes seraient bientôt présentées contre lui.

Macky Sall, qui dirige la coalition d’opposition Takku Wallu Sénégal, a choisi de mener sa campagne depuis Marrakech, évitant un retour au Sénégal par crainte d’une arrestation. Son absence physique au Sénégal est vue par beaucoup comme un signe de faiblesse, bien que ses proches affirment qu’il continue de coordonner activement la campagne à distance.

Accusations de répression et de détournements financiers

Les accusations portées contre Macky Sall concernent principalement son rôle présumé dans la répression des manifestations pro-Sonko, entre 2021 et 2023, et dans la gestion des finances publiques. Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a publiquement accusé Sall d’avoir falsifié les chiffres du déficit budgétaire et de la dette publique, des informations qui auraient été transmises de manière incorrecte au FMI. Cette révélation a provoqué des remous à Dakar, où certains membres du gouvernement estiment que le FMI pourrait réévaluer ses relations avec le Sénégal.

Ces accusations ne sont pas sans précédent dans l’histoire politique sénégalaise. D’autres dirigeants ont déjà fait face à la justice pour des affaires similaires, mais peu ont été condamnés. En 2005, Idrissa Seck, ancien Premier ministre et rival de Macky Sall, avait été accusé d’irrégularités dans la gestion de marchés publics, mais il avait finalement été acquitté après une enquête approfondie.

La Haute Cour de justice : un tribunal rarement convoqué

La menace d’un procès pour haute trahison devant la Haute Cour de justice plane sur Macky Sall. Selon l’article 101 de la Constitution sénégalaise, un président de la République ne peut être jugé que pour haute trahison, un crime qui n’est pas clairement défini dans la loi. Des experts, comme le professeur Mouhamadou Ngouda Mboup de l’Université Cheikh Anta Diop, estiment que des manipulations d’État, comme la falsification des données économiques, pourraient constituer un motif de poursuite.

La Haute Cour de justice, composée de députés et présidée par un haut magistrat, a une histoire controversée au Sénégal. Elle n’a siégé qu’une seule fois, en 1963, lors d’un procès politique contre Mamadou Dia, alors Premier ministre, qui avait été accusé de fomenter un coup d’État contre le président Léopold Sédar Senghor. Cette affaire avait marqué un tournant dans la vie politique du Sénégal et avait conduit à la disgrâce permanente de Dia.

Un climat de tensions au sein de la coalition

La campagne électorale de Macky Sall est également marquée par des tensions au sein de sa propre coalition, Takku Wallu Sénégal. Des désaccords autour des investitures pour les législatives ont révélé des divisions profondes. Plusieurs alliés de Sall, dont des membres influents de l’APR (Alliance pour la République) et du Parti démocratique sénégalais (PDS), ont exprimé leur mécontentement après avoir découvert que leurs candidats n’avaient pas été placés en position favorable sur les listes électorales.

Idrissa Seck, lui-même une figure clé de la coalition, a menacé de se retirer après avoir constaté que les membres de son parti, Rewmi, n’étaient pas suffisamment représentés. Cette désorganisation interne pourrait affaiblir la campagne de l’opposition et compromettre les chances de Macky Sall de maintenir une majorité à l’Assemblée nationale.

Un passé politique chargé et des perspectives incertaines

Le Sénégal a une longue tradition de conflits politiques où des figures de l’opposition sont accusées de trahison et de détournements. Macky Sall, bien qu’il soit une figure respectée dans certains cercles, doit maintenant faire face à des accusations similaires. Son avenir politique, tout comme celui de la coalition Takku Wallu Sénégal, dépendra des résultats des législatives du 17 novembre. Si ses adversaires remportent une majorité significative, ils pourraient enclencher une procédure judiciaire inédite contre un ancien président sénégalais.

L’ancien président a également renoncé, en octobre, à son poste d’envoyé spécial pour le Pacte de Paris, une initiative internationale visant à lutter contre la pauvreté et le changement climatique. Ce départ a été interprété comme une stratégie pour se concentrer sur la campagne législative. Malgré les accusations et les obstacles, Macky Sall semble déterminé à rester un acteur clé de la politique sénégalaise.

© O Bulamba / ADR

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