Home AFRIQUE RUSSIE-AFRIQUE : STRATÉGIES DE KREMLIN POUR POSITIONER SES PIONS

RUSSIE-AFRIQUE : STRATÉGIES DE KREMLIN POUR POSITIONER SES PIONS

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Entre la Russie et l\’Afrique, il y a des livraisons d\’armes, des mercenaires, des trafics d\’influence… Quelle est la stratégie du Kremlin pour positionner ses pions ?

Vladimir Poutine a pu utiliser les Maliens pour faire avancer ses objectifs géopolitiques grâce à l\’orgueil français.

Bien que la vérité soit évidente, personne ne voulait la voir. Une étude Afrobaromètre presque inédite réalisée quatre mois avant la chute d\’Ibrahim Boubacar Keta en août 2020 a indiqué à quel point les Maliens s\’étaient éloignés du système de pouvoir actuel, ainsi qu\’à quel point ils avaient perdu confiance dans la démocratie représentative. Les chefs traditionnels, les chefs religieux et surtout les militaires étaient les seules institutions auxquelles ils faisaient confiance, tandis que la présidence de la République, l\’Assemblée nationale, les tribunaux, les partis politiques et la Commission électorale indépendante étaient tous considérés comme sanctionnés par un faible niveau de confiance. , si ce n\’est du mépris pur et simple.

Nul doute que cette enquête aurait abouti à des conclusions identiques si elle avait été menée en Guinée le soir de l\’éviction d\’Alpha Condé ou au Burkina Faso quelques semaines avant l\’éviction de Roch Marc Christian Kaboré. En 2014, lorsque Blaise Compaoré était au pouvoir, les trois quarts des citoyens burkinabè ont exprimé leur opposition à un régime militaire, selon Afrobaromètre. Après quatre ans et une élection libre, ils ne représentaient que la moitié de la population. A Ouagadougou, ceux qui pensent que le retour au pouvoir des prétoriens est un désastre démocratique sont minoritaires.

Selon Poutine, le mystère du Mali fait partie d\’un plan plus large de reconquête de la domination, avec l\’Ukraine comme épicentre. L\’effondrement de la présence militaire américaine en Afghanistan l\’an dernier l\’a frappé comme un mur de Berlin inversé, signalant un nouveau monde multipolaire dans lequel la Russie doit occuper le devant de la scène. Le PIB de la Russie est moins de la moitié de celui de la France, et à mi-chemin entre celui de la République de Corée et celui de l\’Australie, selon le FMI.

C\’est une chimère de s\’attendre à ce que la plus grande économie du monde ait un bon impact sur le développement du Mali. Pourtant, l\’objectif de Vladimir Poutine à Bamako, comme à Bangui, tel qu\’introduit par Wagner, n\’a rien à voir avec celui de son ami chinois Xi Jinping, dont les moyens sont incomparablement supérieurs à ceux des États-Unis et qui aspire à surpasser les États-Unis en tant que leader mondial. Superpuissance dominante. Il veut se moquer de Barack Obama, qui a prédit le sort de la Russie en tant que « puissance régionale ».

Les Maliens de bonne volonté risquent de devenir ce que Lénine appelle des \”fous utiles\” en échange d\’un siège à la table des seigneurs du monde. Après un retrait spectaculaire de l\’Afrique à la suite de l\’effondrement de l\’Union soviétique, la Russie cherche à y reconquérir son influence depuis le début des années 2000. Malgré un PIB équivalent à celui de l\’Espagne, le pays commerce avec l\’Afrique en quantités infimes, dix fois moins que la Chine ou l\’Europe, et n\’est plus une source majeure d\’aide au développement. Afin d\’atteindre ses objectifs, il a utilisé ses meilleures cartes et a enfreint ses propres règles afin d\’obtenir des affaires.

Depuis 2018, le commerce entre la Russie et les pays africains a progressivement augmenté. Parallèlement, les visites diplomatiques se multiplient, tout comme les accords bilatéraux sur divers sujets clés, notamment dans le domaine militaire. Moscou a dépassé les États-Unis en tant que premier exportateur africain d\’armes et de céréales. L\’exploitation minière, les hydrocarbures et l\’énergie nucléaire civile sont tous des domaines dans lesquels opèrent les entreprises publiques russes.

L\’influence russe n\’est pas uniformément répartie sur le continent. La Libye, la République centrafricaine, le Soudan et, depuis quelques mois, le Mali l\’encerclent. Selon Joseph Siegle, chercheur au Centre d\’études stratégiques de l\’Afrique, Moscou a mené une combinaison agressive d\’interventions mercenaires et d\’efforts de désinformation pour soutenir les dirigeants seuls ou mandatés. Le déploiement de mercenaires de la firme privée Wagner au Mali en est l\’incarnation la plus récente et la plus dramatique.

Que signifie pour le colonel Camara et le général Diarra que la Russie fasse face à de lourdes sanctions ou que cette guerre contre le peuple ukrainien soit condamnée de manière inexcusable ? Ils arrivent en fin d\’après-midi le 6 mars à l\’aéroport international de Vnoukovo, comme si de rien n\’était. Qu\’est-ce qui vous a poussé à poursuivre ces escrocs de haut niveau dans un tel cadre ? Il est difficile de dire avec certitude ce que c\’est. Seule une brève vidéo diffusée le 11 mars par le ministère russe de la Défense nous donne plus d\’informations. Le colonel-général Alexander Fomin, vice-ministre russe de la Défense, accueille Sadio Camara dans une grande salle de réunion. Des poignées de main et des échanges polis sont attendus. Les parties ont examiné en détail les initiatives de coopération en matière de défense existantes ainsi que les problèmes de sécurité régionale en Afrique de l\’Ouest, a ajouté une note. Après l\’achat par Bamako de quatre hélicoptères Mi-171 le 30 septembre, de nouvelles livraisons d\’équipements militaires russes aux Forces armées du Mali (Fama) sont envisagées.

Par ailleurs, à la veille de l\’invasion de l\’Ukraine le 23 février, le numéro deux du gouvernement soudanais, le général Mohammed Hamdan Daglo, s\’est rendu à Moscou, permettant au Kremlin de relancer un projet qui l\’intéresse particulièrement : la mise en place d\’une Base navale sur la côte soudanaise, près de la mer Rouge stratégiquement importante. Cette initiative trouve un écho aux Nations Unies, où Moscou a fait une tentative concertée pour recruter des voix \”africaines\”.

En conséquence, en janvier 2019, l\’A3 (African Turns at the UN) et la Russie ont uni leurs forces pour s\’opposer à une révision des résultats des élections contestées en République démocratique du Congo, et en avril de la même année, ils ont bloqué une déclaration condamnant le coup d\’État soudanais et une proposition de mettre fin au conflit libyen. C\’est une stratégie réussie. À l\’exception de l\’Érythrée, qui a voté contre la résolution exhortant la Russie à cesser immédiatement d\’utiliser la force contre l\’Ukraine, 16 pays africains se sont abstenus et 9 n\’ont pas voté sur la résolution en mars. Considérez ce qui suit pour mieux comprendre comment Moscou est revenue sur le continent après seulement quelques années. Les intérêts russes en Afrique comprenaient tout, des ventes d\’armes à l\’exploitation minière, ainsi que la façon dont la Russie s\’appuie sur de puissants alliés pour atteindre les plus hauts échelons du gouvernement dans certains pays. Après plus de deux jours de débat, 141 des 193 membres de l\’Assemblée générale des Nations Unies voteront en moins d\’une minute pour approuver une résolution exigeant que la Russie \”retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires d\’Ukraine\”. Condamnant la décision de la Russie d\’augmenter son niveau d\’alerte aux armes nucléaires. Bien que cette résolution n\’ait aucune valeur juridique, de nombreux chefs d\’État l\’ont déjà saluée comme \”historique\” et un succès, dont le président américain Joe Biden, qui estime qu\’elle \”dénonce \”l\’isolement\” de Moscou\”. La communauté entend transmettre un message d\’unité tout en marginalisant au maximum la Russie sur la scène diplomatique.

ERIC KUIKENDE, LEO NJO LEO NEWS

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