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AFRIQUE CENTRALE : LES TUTSI ET LES BALUBA MIROIR DE LA BELGIQUE

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Afrique Centrale : Les Tutsis et les Baluba miroirs de la Belgique

Tribune de Didier Amani SANGARA

Comme la « science coloniale » belge s’attachée à la notion d’ « ethnie» lors de la colonisation en Afrique Centrale ; les colons belges ont réussi à semer en terre africaine des « germes de division, des bombes à retardement socio-ethniques » qui, superposées aux anciennes querelles « lignagères », ont explosés des années plus tard et une partie des intéressés ont fini par s’identifier à l’image que le colonisateur s’était faite d’eux. L’objectif premier du colonisateur était le contrôle politique plus que le savoir, il a tenté de détecter parmi les tribus celles qui seront le mieux à les seconder. Et les Belges estimaient que certaines tribus sont plus « intelligentes » que les autres, et donc mieux placées pour servir des relais à leur influence.

Les mythes du colonisateur

Au Congo, deux tribus, les Bangala et les Balubas, ont été choisies pour cette raison, tandis que au Rwanda et au Burundi ce rôle sera dévolu aux Tutsis. Au départ, les Balubas au Congo, considérés comme classe inférieure sont les premiers à entrer en contact avec les colons. Ils étaient désignés par les chefs traditionnels pour servir de porteurs. Régulièrement en contact avec les Européens, ils ont été donc les premiers à fréquenter les écoles et progressivement, ils ont été amené à occuper la plupart des postes de travail créés par les colons. De même pour le Rwanda, l’administration belge avait choisi de se reposer sur l’autorité des chefs Tutsis venus d’ailleurs, d’Ethiopie sans doute, qui avaient peu à peu recourus à la persuasion et à la ruse, dépossédé du pouvoir des occupants légitimes du territoire du Rwanda.

A part la supériorité intellectuelle, un autre mythe créé de toutes pièces par les colonisateurs, et qui se révélera le plus dévastateur de tous, celui de la « supériorité génétique ». Les belges vantaient l’intelligence des Balubas, mais au Rwanda et au Burundi, face aux Tutsis de haute taille, dont ils admiraient leur nez fin, les traits droits, ils ont été persuadés qu’ils avaient affaire à une « race supérieure », une race née pour diriger, d’autant plus qu’elle ressemblait aux Européens et exerçait déjà le pouvoir.

Diviser pour régner : La manipulation ethnique

Les Belges voulant à la fois contrôler étroitement les territoires dont ils avaient la charge, empêcher le déclenchement de guerres et garantir la soumission de tous, sans trop investir en hommes et en capitaux ; ils ont manipulé les tribus pour mieux les soumettre.

Dès leur arrivée, les administrateurs territoriaux, de manière très politique, choisirent leurs interlocuteurs. Désireux de saper des groupes puissants et organisés, ils s’appuyèrent sur des groupes ethniques plus faibles ou minoritaires et segmentèrent en plusieurs fractions les groupes traditionnellement unis. Au Congo, au moment de la conquête, il leur arrivait de refuser de présenter leur véritable Chef ou le vrai Mwami aux blancs. Les blancs passaient alors des accords avec des responsables de moindre niveau, « choyés » et « décorés », que les indigènes appelaient par le nom des « chefs médaillés ». Ils devraient soumettre leurs ethnies à l’autorité des colons, puisqu’elle était la seule reconnue par le pouvoir blanc.

Pas d’élite, pas d’ennuis

Après la segmentation des groupes traditionnels unis et l’installation de faux responsables, le colonisateur blanc avait essayé de priver le peuple noir à l’universel. C’est ainsi que pour quitter leur région et se rendre à une autre, les Noirs avaient besoin d’une autorisation spéciale délivrée par l’autorité administrative. Et le fait de choisir par les colons (les prêtes missionnaires) d’alphabétiser les enfants en langue vernaculaire opposée en de langue véhiculaire, standard, classique ou liturgique : dans les écoles primaires, les élèves du premier degré étaient instruits dans le dialecte local. Cette instruction dans leur langue natale ou local était un « enfermement ». Ils n’avaient pas la chance de s’ouvrir au monde extérieur comme les autres tribus dans d’autres colonies africaines. Les missionnaires se méfiaient d’apprendre aux élèves un bon enseignement par crainte de « révolution ». Ils ne voulaient pas intégrer les élèves noirs à la civilisation et à l’assimilation du mode de vie des blancs.

Incapables de concevoir un projet d’assimilation des Africains et d’imaginer qu’ils puissent avoir une « conscience nationale », les Belges pratiquaient la politique du « chacun chez soi ». Jusqu’au bout, les belges veillaient et/ou veillent encore à maintenir une conception très « spatiale » de la différence. C’est ainsi que la politique de « chacun chez soi » n’a pas permis ou ne permet pas aux Africains de s’épanouir.

En revenant sur les mythes du colonisateur, sur cette manipulation ethnique, aux accords avec les responsables de moindre niveaux (chefs médaillés) et à l’installation de faux responsables par les colons pour le contrôle politique du pouvoir à leur succession, je peux conclure que les Tutsis et les Balubas portent une lourde responsabilité dans le processus d’occupation ou de la continuité de la colonisation en Afrique Centrale. Ces deux tribus caractérisées par l’individualisme qui est une mauvaise nouvelle d’ailleurs, ont commis d’énormes erreurs dès les premières années de leur accession au pouvoir. Les résultats de leurs actions sont mitigés et voire même très limités. Leur politique entre dans un processus orienté vers l’ethnie. Elles                                          sont les miroirs ou les successeurs de la Belgique dans la sous-région, car ces deux tribus dont les Européens ont choisi au détriment des autres tribus ont adopté ou adoptent les comportements proches des colonisateurs et collaborent avec d’autres ethnies par force.

Il est temps que les autres tribus se dépouillent de leur mythe « docilité » et de la « peur » pour prouver aux blancs et le monde entier qu’elles sont aussi intelligentes et égales aux Tutsis, aux Balubas et aux Bangala. « Quand on est avantagé, il faut permettre aux autres d’en profiter et attendre les objectifs ensemble. La vie, c’est une perpétuelle interdépendance ».

© Rédaction Leo Njo Leo News

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