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Goma, DR Congo – Dans le quartier de Himbi, les tirs ont baissé d’intensité. Et les premiers à circuler sur l’avenue déserte sont des combattants du M23, nouveaux maîtres des lieux avec leurs alliés des forces rwandaise et dont l’avancée dans Goma semble inexorable.

© AFP

Certains de ces miliciens portent à bout de bras des gilets pare-balles et des armes récupérées à des combattants des forces de Kinshasa, en déroute.

La veille, ces derniers avaient été vus par dizaines sur la même avenue, visiblement en perdition. Certains l’arme à la main, tirant parfois en l’air. D’autres jetant prestement leurs uniformes par-dessus les clôtures pour échapper à la capture.

Cloîtrés chez eux lundi sous un « déluge de feu », les habitants de la principale cité de l’est de la République démocratique du Congo ont timidement réarpenté les rues mardi.

Depuis plusieurs jours, l’électricité et l’eau sont coupées dans toute la ville.

Malgré les rafales d’armes légères qui résonnent sporadiquement aux environs, des habitants se pressent pour descendre puiser de l’eau sur la rive du lac Kivu, bidons en plastique jaune à la main.

Plusieurs d’entre eux disent avoir été braqués la veille par des miliciens ou militaires congolais, en débandade après s’être retrouvés encerclés dans la ville, coincée entre le lac et la frontière rwandaise.

« On s’est rencontrés avec des militaires, ils nous ont tout volé, nos téléphones, même nos souliers », raconte Jospin Nyolemwaka, qui a fui les quartiers de la périphérie ouest pour se réfugier au centre-ville.

– Uniformes abandonnés –

Ces quartiers ouest, passée sous contrôle du M23, ont également été le théâtre d’intenses combats. Mardi matin, de nombreux cadavres tapissent une rue du quartier de Keshero. Certains en uniforme de l’armée congolaise, d’autres en civil.

A Ndosho, un quartier voisin aussi tombé aux mains du M23, la sécurité est revenue et une immense foule se presse aux portes d’un entrepôt humanitaire.

Laissé sans surveillance, il a été pillé de fond en comble. Les riverains, prisonniers pendant de longues journées sans nourriture ni eau, défilent en emportant tout ce qu’ils peuvent. Paquets de carrelage, matelas, sacs de farine estampillés « Usaid », l’agence américaine pour le développement.

Abandonnée par les forces de l’ordre, la ville est en proie à des pillages systématiques, selon de multiples témoins.

Dans le centre-ville, difficile d’accès mardi en raison des combats qui y persistent, les rues sont jonchées d’uniformes, de bottes et de gilets pare-balle abandonnés par les forces de Kinshasa, décrit une source humanitaire sous couvert de l’anonymat.

Elle raconte que 20 à 30 corps sont empilés devant le principal hôpital de la ville et des files de prisonniers remontent les rues, escortés par des combattants du M23.

– « Déluge de feu » –

Lundi, des détonations d’artillerie lourde et rafales d’armes automatiques ont résonné pendant d’interminables heures, notamment dans le centre-ville, l’un des quartiers les plus huppés, proche de la frontière rwandaise.

Mortiers, roquettes et balles de tous calibres ont plu sur les habitations, les bâtiments administratifs et les parcelles des ONG internationales, alors que certaines unités de l’armée congolaise livraient une résistance inattendue face aux troupes rwandaises réputées largement supérieures en formation et en armement.

Un « déluge de feu », ont résumé à l’AFP de nombreux habitants.

Pris au milieu de ces intenses combats, les civils congolais ou étrangers ont traversé des journées et nuits d’angoisse, sans possibilité de contacter leurs proches, faute de réseau téléphonique ou internet, coupés depuis plusieurs jours.

Chacun s’est calfeutré dans sa parcelle, redoutant les bombes et balles perdues, mais aussi les pillages des militaires et miliciens congolais en fuite.

Mardi, les combattants du M23 sont postés devant le gouvernorat, siège de l’autorité provinciale. Quelques curieux font le pied de grue sur le trottoir d’à côté, la mine sombre.

Selon ces habitants, les miliciens du M23 sont disciplinés mais demandent aux civils de leur montrer leurs épaules nues, traquant d’éventuelles marques de sangle de fusil laissées sur la peau.

« Ils aiment qu’on les applaudisse, alors on vient les applaudir », ironise un riverain.

© Agence France-Presse

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