Maputo, Mozambique – Sans ambition gouvernementale ni contact direct avec le nouveau président, le principal opposant au Mozambique, Venancio Mondlane, instigateur d’une contestation électorale durant depuis des mois dans le pays d’Afrique australe n’attend « absolument rien » du pouvoir mais lui laisse cent jours.
Mozambique: intransigeant, le principal opposant exclut de rejoindre le gouvernement
« Je ne veux pas faire partie du gouvernement. J’ai dit à plusieurs reprises que je ne voulais pas faire partie de l’exécutif », a écarté Venancio Mondlane, qui revendiquait également la victoire électorale dans un entretien à l’AFP.
« Nous n’avons absolument rien à attendre d’eux en termes de feuille de route pour la réconciliation et la paix au Mozambique », a jugé l’ex-chroniqueur politique à la télévision âgé de 51 ans.
Depuis le début de la contestation des résultats électoraux d’octobre, plus de 300 manifestants sont morts, principalement tués par balle, d’après l’ONG locale Plataforma Decide. Le crédit du scrutin a été entamé par de multiples irrégularités relevées par plusieurs missions d’observation internationales.
« Venancio » comme il est simplement appelé par ses partisans a assuré n’avoir « aucun contact direct » avec le nouveau président Daniel Chapo, candidat déclaré vainqueur et issu du parti à la tête du pays depuis l’indépendance il y a un demi-siècle.
Son investiture s’est déroulée dans une capitale quadrillée par les forces de l’ordre et aux rues désertées mercredi 15 janvier, jour où sept personnes ont trouvé la mort dans des manifestions éparses, selon la même ONG, à la suite de l’appel de Venancio Mondlane à « paralyser » le pays.
La semaine d’avant, l’opposant avait drainé une marée humaine pour son retour de l’étranger — il cite mercredi des séjours en Afrique du Sud, Allemagne et aux Emirats– où il était passé dans la clandestinité pour des raisons de sécurité après l’assassinat de figures de l’opposition en octobre.
Celui qui accuse les autorités d’avoir truqué les élections a réédité son ultimatum au pouvoir, demandant l’application de 30 mesures lors des cent premiers jours.
– Idées en libre accès –
« Si ces mesures ne sont pas mises en œuvre, au moins une chose deviendra claire, c’est que ce gouvernement veut poursuivre l’escalade de violence et de misère contre le peuple », a-t-il déclaré.
Après avoir ironisé sur Daniel Chapo, qui en « bon élève » a repris « 90% de (s)es idées » lors de son discours inaugural, Venancio Mondlane a assuré n’avoir « aucun problème à continuer à produire des idées et des propositions ».
« Ces idées sont libres d’être utilisées par le gouvernement, par quiconque souhaite le bien du pays. C’est dans ce sens que je coopère », a-t-il déclaré.
Mais pas question pour lui de signer un accord tel que celui discuté par le Frelimo avec certains partis d’opposition sans « garanties sur certaines questions fondamentales pour le peuple ».
« Je vais signer un accord comme celui-là (…) pour des avantages matériels alors que ces gens qui ont donné leur corps sous les balles, (…) ont sacrifié leur vie pour la lutte sans aucune forme de compensation ? » a lancé l’homme à l’habituel costume sombre et coupe afro sans renouveler d’appel aux blocages.
Ces derniers, conjugués aux grèves, ont laissé percluse l’économie de cet Etat lusophone parmi les pays les plus pauvres et inégalitaires au monde.
Le port de Maputo a par exemple enregistré une baisse d’1% de ses volumes annuels, selon un communiqué diffusé cette semaine, attribuable au mouvement de contestation initié fin octobre.
© Agence France-Presse