Date:

N’Djamena, Tchad – (AFP) – Le président tchadien a assuré dimanche que son pays, le dernier à abriter des forces françaises au Sahel où Moscou gagne du terrain, avait mis fin aux accords militaires avec Paris sans toutefois envisager une « logique de remplacement d’une puissance par une autre ».

(FILES) French officers talk to Chadian gendarmes near Abeche (Eastern Chad), 15 November 2007, as they partol and secure the western part of Darfur border in Chad. European Union will send soon almost 4,300 soldiers to secure the refugees camps in Chad where around 400,000 refugees and displaced Chadians are gathered. – Chad announced on November 28, 2024 that it was ending military cooperation with former colonial power France, just hours after a visit by French Foreign Minister Jean-Noel Barrot. Chad is a key link in France’s military presence in Africa, constituting Paris’s last foothold in the Sahel after the forced withdrawal of its troops from Mali, Burkina Faso and Niger. (Photo by Thomas COEX / AFP)

« Pour lever toute ambiguïté, cette décision de rupture ne constitue en aucun cas un rejet de la coopération internationale, ni une remise en question de nos relations diplomatiques avec la France », a dit le général Mahamat Idriss Déby, quelques jours après l’annonce surprise de la rupture de ces accords avec son allié traditionnel, qui remontaient à l’indépendance du pays.

« Le Tchad n’est nullement dans une logique de remplacement d’une puissance par une autre, encore moins dans une approche de changement de maître », a assuré le chef d’Etat dans une déclaration à la presse, invoquant la « souveraineté » de son pays et soulignant que « cette décision n’a pas été prise de manière légère ».

Jeudi, l’annonce de la suspension des accords militaires faite par un communiqué du ministre des Affaires étrangères tchadien posté sur Facebook quelques heures après une visite de son homologue français à la frontière soudanaise, a surpris Paris qui a déclaré seulement le lendemain soir « prendre acte ».

La France a déjà été contrainte d’évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023 après l’arrivée au pouvoir de juntes militaires qui se sont rapprochées de Moscou. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a également indiqué jeudi dans un entretien à l’AFP que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal.

– « Obsolète » –

« Nous avons décidé de mettre un terme a cette coopération militaire pour réorienter notre partenariat avec la France sur d’autres domaines qui auront plus d’impacts positifs sur le quotidien de nos populations respectives », a expliqué dimanche le président tchadien.

« Le Tchad continuera de jouer tout son rôle et d’occuper toute sa place au sein des initiatives de renforcement de la paix et de la sécurité sur le continent africain », s’est-il engagé.

Les accords de coopération militaire avec la France étaient devenus « complétement obsolètes » et ne correspondent plus « aux réalités politiques et géostratégiques de notre temps », a ajouté le chef d’Etat, évoquant notamment « des attaques de dimension terroriste » auxquelles le pays fait face.

Le général Déby s’exprimait dimanche soir pour la première fois depuis l’annonce, choisissant de prendre la parole lors de la cérémonie officielle marquant l’avènement de la démocratie au Tchad il y a 34 ans.

L’annonce jeudi avait elle aussi été faite le jour anniversaire symbolique de la proclamation de la République tchadienne en 1958.

Dernier point d’ancrage de la France au Sahel, le Tchad accueille un millier de militaires français répartis sur trois bases.

« Le gouvernement est instruit à prendre attache avec la partie française pour la mise en œuvre de cette décision », a précisé le général Déby dimanche.

L’accord prévoit que « chaque partie peut dénoncer le présent traité par le biais d’une notification écrite », cette dénonciation « prenant effet six mois après réception » par l’autre partie, selon le texte dont l’AFP a eu copie.

Selon le Quai d’Orsay, Paris avait déjà entamé « une réflexion et un dialogue avec ses partenaires sur la reconfiguration de ses dispositifs militaires en Afrique ».

En mai dernier se sont achevées à N’Djamena trois années de transition avec l’élection de Mahamat Idriss Déby, porté au pouvoir par une junte militaire après la mort de son père Idriss Déby tué par des rebelles au front.

Menacé par des offensives rebelles, Déby père avait pu compter sur l’appui de l’armée française pour repousser celles-ci en 2008 puis en 2019.

© Agence France-Presse

Recomended for you

More stories

on the same subject

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Just In

Share post:

same country

This site is registered on wpml.org as a development site. Switch to a production site key to remove this banner.