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Introduction

Alors que la Côte d’Ivoire se prépare pour les élections présidentielles de 2025, le pays fait face à une montée des menaces cybernétiques et des campagnes de désinformation susceptibles de déstabiliser le processus électoral. Pour contrer ces risques, le président Alassane Ouattara a signé, le 30 octobre 2024, un décret établissant l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (Anssi). Cette agence vise à renforcer la cybersécurité nationale et la lutte contre les fausses informations, marquant un tournant pour la sécurité et la stabilité ivoiriennes.

1. Enjeux Géopolitiques et Campagnes de Désinformation

Les cybermenaces en Côte d’Ivoire vont au-delà des risques techniques : elles incluent des tentatives d’ingérence étrangère qui affectent également d’autres pays de la région. Des groupes de désinformation liés au groupe russe Wagner ciblent régulièrement la Côte d’Ivoire et le Niger pour fragiliser les gouvernements alliés de la France, comme ceux d’Alassane Ouattara et de Mohamed Bazoum. Ces opérations de désinformation visent à manipuler les perceptions publiques et à saper les alliances politiques régionales, accentuant les besoins en matière de cybersécurité en Côte d’Ivoire.

2. Contexte et Création de l’Anssi

La montée en puissance de la cybercriminalité et des fake news a poussé la Côte d’Ivoire à intensifier sa stratégie de cybersécurité. En réponse, l’Anssi centralisera les initiatives en matière de cyberdéfense pour le pays. Cette nouvelle agence, dirigée par le ministre de l’Économie numérique Ibrahim Khalil Konaté, est l’aboutissement d’une stratégie nationale de cybersécurité mise en place en 2021, visant à assurer la sécurité de l’économie numérique ivoirienne et la stabilité de ses institutions. En regroupant plusieurs entités sous une même autorité, l’Anssi renforce la capacité du pays à prévenir et à répondre aux incidents de sécurité informatique.

3. Missions et Fonctionnement de l’Anssi

L’Anssi intègre les fonctions de plusieurs organismes, tels que la Direction de l’Information et des Traces Technologiques (DITT) et le Centre de Veille et de Réponse aux Incidents de Sécurité Informatique (CI-Cert). Cette centralisation permet une coordination plus efficace dans la réponse aux cyberattaques et à la gestion des crises, notamment dans un contexte où des infrastructures critiques pourraient être ciblées. L’Anssi se concentrera également sur la lutte contre les fausses informations sur les réseaux sociaux, un élément de plus en plus essentiel pour maintenir la cohésion sociale, en particulier à l’approche des élections.

4. Partenariats Internationaux et Expertise Étrangère

La Côte d’Ivoire envisage de s’associer à des experts internationaux pour développer ses capacités en cybersécurité, notamment avec Israël, qui dispose d’une expertise reconnue dans le domaine. Bien que le pays collabore déjà avec des acteurs comme Cybastion (États-Unis) et Huawei (Chine), Israël pourrait jouer un rôle clé en offrant des connaissances avancées en cybersécurité, notamment à travers des entreprises comme Verint et NSO Group. Ces partenariats permettront à l’Anssi de bénéficier de compétences externes, tout en formant des spécialistes ivoiriens pour une autonomie accrue.

5. La Lutte contre les Fake News : Un Enjeu de Stabilité Sociale

La prolifération des fake news sur les réseaux sociaux pose un défi majeur à la stabilité de la Côte d’Ivoire. La désinformation visant le gouvernement ou des acteurs locaux peut exacerber les divisions sociales et influencer les opinions publiques, menaçant ainsi la paix sociale. L’Anssi a pour mission de surveiller les réseaux sociaux en collaboration avec les grandes plateformes pour détecter et neutraliser les comptes liés aux campagnes de désinformation, telles que celles opérées par des groupes comme le projet Lakhta. Cette surveillance proactive est essentielle pour préserver la confiance du public et prévenir les tensions sociales.

6. Un Modèle Inspiré de la Cybersécurité Internationale

En créant l’Anssi, la Côte d’Ivoire rejoint un groupe de pays ayant adopté des structures dédiées à la cybersécurité, tels que la France, le Maroc et le Rwanda. Ce modèle inspiré des standards internationaux place la Côte d’Ivoire sur la voie d’une cybersécurité renforcée, tout en augmentant la confiance du public envers ses institutions numériques. L’Anssi s’engage également à promouvoir une gouvernance numérique transparente et à sécuriser le développement de l’économie numérique, apportant ainsi un gage de confiance pour les investisseurs internationaux.

7. Formation et Développement des Compétences Locales

L’un des objectifs de l’Anssi est de renforcer les compétences locales en cybersécurité. En parallèle des partenariats étrangers, des programmes de formation pour jeunes spécialistes ivoiriens sont prévus pour garantir que le pays dispose d’une expertise autonome dans le domaine de la cybersécurité. La Côte d’Ivoire s’assure ainsi que, dans un avenir proche, elle pourra gérer ses propres enjeux cybernétiques sans dépendre entièrement de partenaires étrangers, renforçant son indépendance en matière de sécurité nationale.

8. Conclusion : Les Répercussions pour la Sécurité et la Stabilité en Côte d’Ivoire

Avec la création de l’Anssi, la Côte d’Ivoire se dote d’un instrument stratégique pour la protection de ses infrastructures et de son espace numérique. En coordonnant les efforts nationaux et internationaux pour renforcer la cybersécurité, le pays espère non seulement assurer un environnement électoral sécurisé mais aussi renforcer la stabilité sociale et politique. Alors que les tensions régionales persistent, l’Anssi pourrait devenir un modèle pour d’autres pays africains en matière de cybersécurité et de protection des processus démocratiques.

© 2024 – O Bulamba / Africa Daily Report

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