Khartoum, Soudan – Des affrontements ont opposé mardi l’armée soudanaise aux paramilitaires à Omdurman, ville jumelle de la capitale Khartoum, a indiqué le porte-parole de l’armée, évoquant une offensive de « grande envergure » pour déloger les Forces de soutien rapide (FSR).
Un correspondant de l’AFP sur place a confirmé avoir entendu plusieurs explosions dans la zone.
« Nous continuons une opération de grande envergure » qui a commencé lundi, a déclaré dans un communiqué le porte-parole de l’armée Nabil Abdallah, affirmant que les troupes étaient proches d’une purification complète de l’Etat de Khartoum ».
« Nos forces (…) écrivent depuis hier et aujourd’hui des moments glorieux dans le livre de notre histoire nationale, et continuent de jour comme de nuit à démolir les repaires des milices criminelles partout où elles peuvent se trouver dans l’Etat de Khartoum et d’autres régions », a-t-il ajouté.
Les paramilitaires des FSR, en guerre contre l’armée depuis plus de deux ans, se sont repliés dans le sud et l’ouest d’Omdurman après la perte de la capitale, reprise en mars par l’armée.
Le Soudan, troisième plus grand pays d’Afrique en superficie, est divisé depuis avril 2023 par la lutte sanglante pour le pouvoir que se livrent le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l’armée et dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, et son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR.
Lundi, le chef de l’armée a nommé Premier ministre, l’ancien directeur de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et ancien candidat à la présidentielle, Kamel al-Tayeb Idris Abdelhafiz.
Son intention selon les experts est de légitimer son camp aux yeux de la communauté internationale avec un gouvernement de civils fonctionnel malgré la guerre. L’Union africaine a salué mardi cette nomination, en espérant que ce « pas vers une gouvernance inclusive » permette de « rétablir l’ordre constitutionnel et la gouvernance démocratique au Soudan ».
– « Une escalade majeure » –
Ces dernières semaines, les paramilitaires ont intensifié leurs frappes de drones sur plusieurs villes, ciblant notamment Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement dans l’est du pays.
Longtemps épargnée par les combats, cette ville transformée en capitale provisoire, où sont repliées l’armée ainsi que plusieurs agences onusiennes, a vu plusieurs de ses infrastructures endommagées début mai, dont le dernier aéroport civil encore opérationnel au Soudan.
« L’amplitude de ces attaques de drones représente une escalade majeure dans le conflit », alerte l’expert ONU en droits humains, Radhouane Nouicer.
« Les attaques récurrentes sur les infrastructures vitales menacent la vie des civils » et « aggravent la situation humanitaire », a-t-il dit dans un communiqué publié lundi à Genève, soulignant que ces frappes visent des zones très peuplées et des cibles comme l’aéroport international de Port-Soudan.
La guerre a tué des dizaines de milliers de personnes, déraciné 13 millions d’autres, et provoqué ce que l’ONU décrit comme la « pire crise humanitaire ».
Le conflit a divisé de fait le pays. L’armée contrôle à présent le centre, l’est et le nord du Soudan, tandis que les paramilitaires tiennent à l’ouest la quasi-totalité de la vaste région du Darfour et certaines parties du sud et s’accrochent à leurs derniers bastions à Omdurman.
© Agence France-Presse