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Suspension ou non des taxes douanières américaines, les économies africaines s’apprêtent à pâtir du nouvel ordre trumpien mettant fin à un système d’exportation préférentiel et lestant de 25% de droits de douane les voitures assemblées en Afrique du Sud.

Bottles of Dodgers baseball special edition Makers Mark Kentucky Bourbon are displayed for sale at a Costco Wholesale warehouse store in Hawthorne, California on April 10, 2025. US President Donald Trump’s 10 percent tariff for almost all countries except China will likely remain in place going forward, his top economic advisor Kevin Hassett said Thursday. On April 8, Trump announced a 90-day pause on higher tariffs against all countries except China, reversing a policy that had roiled global stock markets and spooked the American bond markets — a key barometer of investors’ faith in the US government’s ability to pay its debts. (Photo by Patrick T. Fallon / AFP)

« Maurice, Madagascar, le Lesotho et l’Afrique du Sud seront particulièrement touchés. Les exportations de textile vont être lourdement affectées et les droits de douane de 25% sur les exportations de voitures vont causer de sérieux problèmes à l’Afrique du Sud », énumère auprès de l’AFP Alex Vines, directeur du programme Afrique du groupe de réflexion Chatham House.

Sept constructeurs implantés dans la première économie du continent exportaient jusqu’alors sans taxe aux Etats-Unis en vertu de l’accord Agoa – visant à avantager commercialement des pays d’Afrique – qui est en état de mort clinique depuis la semaine passée.

C’était le cas d’autres secteurs comme les producteurs d’agrumes d’Afrique australe ou les manufactures de jeans et plus largement de textile du Lesotho, désormais soumis à 10% de droits de douanes aux Etats-Unis, tarif minimum le temps de la suspension de 90 jours.

Si le ministre du Commerce de Madagascar, premier producteur mondial de vanille, exemptée de taxe aux Etats-Unis grâce à l’Agoa, estime que « pour l’heure » l’accord « continue de s’appliquer », selon des propos rapportés dans la presse locale, son homologue sud-africain a assuré du contraire à l’AFP, via un porte-parole.

« La situation est confuse, il n’y a aucune clarté », résume Alex Vines. Dans tous les cas, le renouvellement de l’Agoa, qui arrive à expiration en septembre, paraît illusoire.

– Discrétion –

Qu’arrivera-t-il alors aux 25.000 voitures particulières exportées chaque année depuis l’Afrique du Sud vers les Etats-Unis? Avec un total de 35 milliards de rands (environ 1,6 milliard d’euros), selon l’organisation patronale du secteur Naamsa, le marché américain est le troisième débouché (6,5%) du secteur automobile sud-africain, surtout destiné à l’export.

« Avec l’impact plus large (des taxes douanières) sur l’industrie mondiale, il est peu probable que l’Afrique du Sud puisse trouver un marché alternatif », observe Alex Vines.

La Naamsa estime à 86.000 le nombre d’emplois liés directement à l’Agoa dans l’automobile, et à 125.000 en incluant leurs sous-traitants.

« Ce sera dévastateur pour l’Afrique du Sud », prédit Alex Vines, rappelant le « chômage exceptionnellement élevé » dans le pays: 32% d’exclus du marché du travail officiel.

« On évalue en ce moment l’impact des taxes douanières récemment annoncées par les Etats-Unis », commente simplement Mercedes-Benz South Africa, dont les berlines Classe C assemblées à East London, dans le sud-est du pays, sont entre autres destinées à l’Amérique du Nord.

Mais « pour des raisons de concurrence », la filiale locale du constructeur premium allemand « ne divulgue pas ce volume ».

La discrétion est préférable au moment où l’Afrique du Sud est dans le viseur du président américain qui l’accuse de traitement « injuste » des Afrikaners, descendants des premiers colons européens.

– « Désastreux » pour le Lesotho –

Richard Morrow, analyste à la Brenthurst Foundation, est moins inquiet pour le secteur automobile sud-africain – « au bout du compte, ce n’est que le troisième marché d’exportation », relativise-t-il — que pour le Lesotho.

Il décrit ce royaume montagneux et enclavé d’Afrique australe comme une des « petites économies qui dépendent presque exclusivement de l’Agoa pour leur économie ».

« L’industrie de l’habillement et du textile, par exemple, représente jusqu’à 10% du revenu national brut », rappelle-t-il.

Longtemps « success story » de l’Agoa, il risque d’en devenir victime: « Dans une économie où la main-d’oeuvre est peu ou semi-qualifiée et s’est largement développée autour d’une ou deux industries particulières, comme le Lesotho, cela pourrait avoir un effet désastreux », analyse Richard Morrow.

Pour enfoncer le clou, le succès entre autre des jeans produits ici s’est traduit par un large excédent commercial avec les Etats-Unis, donnée sur laquelle s’est appuyée l’administration Trump pour calculer ses taxes douanières.

A l’issue des 90 jours de suspension, le pays est sous la menace de droits de douanes de 50%, les plus élevés annoncés pour une seule nation.

Parmi les soixante pays visés par les surtaxes Donald Trump et qualifiés de « pire contrevenants » figurent vingt pays africains.

Avec, outre le Lesotho, des droits de douane prohibitifs annoncés à l’encontre du Botswana (37%), de l’Afrique du Sud (31%), de la Namibie (21%) et du Zimbabwe (18%), où sont produits des agrumes à destinations des Etats-Unis.

« En cas d’application des taxes douanières », alerte auprès de l’AFP le patron de l’organisation patronale du secteur (CGA) Boitshoko Ntshabele, « 35.000 emplois seraient menacés » rien qu’en Afrique du Sud.

© Agence France-Presse

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