Tunis, Tunisie – Des opposants tunisiens, accusés de complot contre la sûreté de l’Etat, ont réclamé dans des lettres écrites depuis leurs cellules un procès « public » et « équitable » à l’approche de la première audience, ont indiqué jeudi leurs proches et avocats.
Une quarantaine de personnes, dont des hommes politiques de premier plan, des avocats et des figures médiatiques, sont poursuivies dans cette affaire. Plusieurs d’entre elles ont été arrêtées lors d’un coup de filet dans les rangs de l’opposition en 2023.
Le procès, très attendu, doit s’ouvrir le 4 mars.
Selon la défense, les autorités judiciaires ont décidé une audience à distance pour les accusés en détention. En font partie le chef du parti Al Joumhouri, Issam Chebbi, le juriste et cofondateur du Front du salut national (FSN) — principale coalition d’opposition au président Kais Saied — Jawhar Ben Mbarek et un ancien haut responsable du parti islamiste Ennahdha, Abdelhamid Jelassi.
« Nous voulons un procès public, ni à distance ni en catimini », a écrit Jawhar Ben Mbarek depuis sa prison près de Nabeul, dans le nord de la Tunisie. Sa missive a été lue lors d’une conférence de presse à Tunis par son père Ezzedine Hazgui, lui-même opposant sous les présidences de Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali.
« Nous sommes sûrs de notre innocence et si le régime ferme les portes du tribunal face à l’opinion publique », c’est parce qu’il a « honte de ses actions et de ce mauvais dossier monté » de toutes pièces, a-t-il poursuivi, dénonçant « un harcèlement judiciaire » contre les militants.
« Il faut que notre procès du 4 mars soit public », qu’il se fasse « avec notre présence » physique au tribunal et que les « portes (soient) ouvertes à la presse et aux citoyens (…), pour garantir un procès équitable », a écrit de son côté l’ancien ministre Ridha Belhaj, détenu dans la même affaire et dont la lettre a également été lue lors de la conférence.
Parmi les personnes poursuivies dans cette affaire, plusieurs sont en détention, une partie est en liberté et le reste en fuite à l’étranger, selon l’avocate Dalila Msaddek.
Depuis le coup de force de l’été 2021 par lequel le président Kais Saied s’est octroyé les pleins pouvoirs, l’opposition et des ONG tunisiennes et étrangères dénoncent une régression des droits et libertés en Tunisie.
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