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Maputo, Mozambique – (AFP) – D’ordinaire foisonnants à l’approche des fêtes, les étals et allées du marché de Compone restent désespérément vides dans la capitale mozambicaine Maputo après le récent regain meurtrier des violences post-électorales.

La brève trêve dans la mobilisation, en attendant de nouvelles annonces lundi du principal opposant, a levé les barricades paralysant la capitale aux nombreux rideaux métalliques baissés. Mais trouver pommes de terre, carottes et oignons, importés de l’Afrique du Sud voisine, reste une épreuve.

Et le pire est à venir craint, entre les éventaires de Compone, Siudecar Novela, président de l’association des « Mukheristas », nom des importateurs de produits de première nécessité vendus sur les marchés: « Il ne sera probablement pas possible d’importer car les frontières risquent de se fermer », craint-il à propos de la prochaine phase de manifestations.

La « répression sanglante des manifestants » contestant la victoire électorale proclamée du parti historique au pouvoir « doit cesser », a exhorté mercredi l’ONG Amnesty International, qui a recensé au total 110 morts dans les heurts ayant suivi les élections du 9 octobre, entachées de nombreuses irrégularités.

Plus de trente personnes ont été tuées en moins d’une semaine, de mercredi à lundi, selon l’organisation locale Plataforma Decide, citée par Amnesty International, entachées de nombreuses irrégularités.

Le principal poste-frontière entre le Mozambique et l’Afrique du Sud est ciblé par les partisans de l’opposant Venancio Mondlane, qui revendique la victoire électorale aux dépens du parti historique au pouvoir.

Le transit des cargaisons y est régulièrement suspendu. Chaque jour d’interruption coûte 10 millions de rands (environ 532.000 euros) à l’économie sud-africaine, selon l’association des transporteurs routiers du pays.

Le ministre des Affaires intérieures Leon Schreiber, en visite sur place mercredi, a appelé son voisin à « sortir de l’impasse », dénonçant un « impact sur le commerce ».

Au marché de gros de Zimpeto, plus gros centre d’approvisionnement des détaillants de la capitale mozambicaine, le spectacle est inhabituel. Autour de stands bâchés, les marchands attendent des heures durant des camions qui n’arrivent pas toujours.

« Les véhicules transportant nos marchandises sont bloqués à la frontière sud-africaine », y explique désemparée Herminia Manjate, une importatrice de 56 ans qui partage les service d’un camion avec un douzaine d’autres importateurs.

Minute après minute, tout ce monde fixe son écran de téléphone dans l’espoir d’une bonne nouvelle du transporteur, en vain.

« Nous nous attendions à ce que les camions quittent la frontière hier, mais pour le moment, rien. Comme vous le voyez, le marché n’a pas de produits, nous sommes de plus en plus dans l’incertitude », poursuit Herminia Manjate.

Certains ont contracté des crédits pour acheter les marchandises et, comme les affaires ne tournent qu’à moitié, l’inquiétude grandit.

« Nous demandons de l’aide », implore Noca Sendela, 43 ans. « Nous avons eu recours à la microfinance. Les créanciers exigent déjà le remboursement, mais nous ne vendons pas ».

– Produits arrivés endommagés –

À l’extérieur, un seul « freigfhtliner » est visible. Oubliées, cette foule grouillante qu’on voyait agglutinée autour d’une rangée de ces imposants poids lourds pour décharger les produits frais.

Ils ne sont d’ailleurs plus vraiment lourds quand ils arrivent, leurs cargaisons gâtées par les délais et la chaleur frappant la région, comme ces 44° Celsius enregistrés vendredi au poste frontière entre Lebombo et Ressano Garcia.

« Les pommes de terre ne sont plus bonnes parce qu’elles ont ramolli. Ca ne va rien nous rapporter. Sur cent sacs d’oignons, il n’en restera peut-être que cinquante », décrit Noca Sendela.

La « répression sanglante des manifestants » contestant au Mozambique la victoire électorale proclamée du parti historique au pouvoir « doit cesser », a exhorté mercredi l’ONG Amnesty International qui relaie un bilan de 110 morts depuis le début du mouvement.

Selon les importateurs, la solution ne peut venir que d’un dialogue entre Venancio Mondlane et le parti dirigeant le pays depuis près d’un demi-siècle d’indépendance. A savoir, le Frelimo et son candidat à la présidentielle Daniel Chapo qui ont été déclarés vainqueurs des élections générales du 9 octobre, entachées de nombreuses irrégularités selon les observateurs internationaux.

« Le problème est déjà identifié. Les deux parties en conflit doivent trouver une solution pour que le peuple mozambicain jouisse à nouveau d’une liberté totale. S’ils laissent les choses en l’état, ça va empirer », prédit un autre importateur, Abílio Marima, 56 ans.

Le patron des patrons mozambicains, Agostinho Vuma, a, après avoir rencontré le président Filipe Nyusi, appelé à une « trêve » et des « négociations » face à l’ampleur des répercussions.

Le Conseil constitutionnel, auprès duquel l’opposition a déposé des recours, doit confirmer les résultats électoraux au moins deux semaines avant le remplacement prévu en janvier du président sortant Filipe Nyusi, qui ne pouvait se représenter, par Daniel Chapo.

Mais Venancio Mondlane, caché à l’étranger, a clamé cette semaine qu’il serait le président qui prêtera serment le 15 janvier.

© Agence France-Presse

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