Kampala, Ouganda – (AFP) – Le Kenya était au courant de l’arrestation de l’opposant historique ougandais Kizza Besigye sur son sol, a affirmé vendredi à l’AFP un porte-parole du gouvernement ougandais.
“Les autorités ougandaises et kényanes étaient au courant de l’arrestation et du transfert du Dr Besigye en Ouganda”, a déclaré Chris Baryomunsi.
Un “kidnapping” selon sa femme, survenu samedi dernier à Nairobi et vivement critiqué à l’international.
De son côté, le Kenya avait insisté sur le fait qu’il n’avait rien à voir avec l’arrestation de l’ancien médecin personnel et désormais adversaire du président Yoweri Museveni, qui dirige l’Ouganda d’une main de fer depuis 1986.
Le secrétaire permanent du ministère kényan des Affaires étrangères, Korir Sing’oei, avait notamment qualifié l’incident de “regrettable” et assuré qu’une enquête avait été ouverte.
“Il n’est pas possible qu’une arrestation ait lieu dans le pays, en particulier à Nairobi, et que le suspect soit transféré au-delà des frontières sans que les institutions kényanes en soient informées”, a affirmé vendredi M. Baryomunsi.
“Sans l’implication du Kenya, il n’aurait pas été possible de faire passer Besigye en Ouganda”, a-t-il insisté.
Kizza Besigye a comparu mercredi devant une cour martiale de la capitale Kampala. Il répondait d’avoir été en possession de deux pistolets et d’avoir “sollicité un soutien logistique en Ouganda, en Grèce et dans d’autres pays dans le but de compromettre la sécurité nationale du pays”.
L’ancien colonel a nié les accusations et estimé qu’il devait être jugé par un tribunal civil.
Il a été placé en détention provisoire à la prison de Luzira jusqu’au 2 décembre.
Un porte-parole du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a dit qu’il était “extrêmement préoccupé” par la situation de M. Besigye.
Les groupes internationaux de défense des droits humains ont condamné l’incident, Amnesty International estimant qu’il s’inscrivait dans une “tendance croissante et inquiétante de répression transnationale” au Kenya.
Le Réseau de solidarité avec les dirigeants d’opposition panafricains a de son côté qualifié l’extradition de M. Besigye de “profondément inquiétante”.
Le mois dernier, Nairobi a admis avoir autorisé le rapatriement de quatre réfugiés turcs, alors qu’il était prouvé qu’ils avaient été enlevés dans la ville et renvoyés de force sans procédure régulière.
L’Ouganda est régulièrement pointé du doigt par des ONG et gouvernements occidentaux pour ses atteintes aux droits humains et à la liberté d’expression et pour sa répression de l’opposition.
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