Les rebelles du M23 soutenus par Kigali continuent leur offensive dans l’est de la République démocratique du Congo en attaquant sur un nouvel axe malgré le cessez-le-feu signé début août par la RDC et le Rwanda, a appris l’AFP lundi de sources locales.
Le M23 (« Mouvement du 23 mars ») s’est emparé de vastes pans de territoires depuis sa résurgence en 2021, aux dépends des Forces armées congolaises (FARDC) et de milices affiliées à Kinshasa.
La signature d’un cessez-le-feu entre la RDC et le Rwanda début août a stabilisé la ligne de front mais le M23 est reparti à l’offensive depuis fin octobre dans la province du Nord-Kivu (est).
Après s’être emparé de la ville de Kalembe le 23 octobre, le M23 a avancé de plusieurs kilomètres en direction de la localité de Pinga, nœud de circulation stratégique dans le territoire de Walikale, dans l’ouest de la province du Nord-Kivu.
Dimanche, le M23 est passé à l’attaque dans le territoire de Lubero, en direction du lac Edouard qui sépare la RDC de l’Ouganda, selon plusieurs sources locales et militaires jointes au téléphone par l’AFP.
Les rebelles se sont emparés de la ville de Kamandi Gite, située sur les rives du lac, après avoir repoussé des combattants « wazalendo » (« Patriotes » en Swahili), surnom d’une nébuleuse de milices locales pro-Kinshasa, selon ces sources.
L’Angola, médiateur dans la crise entre Kinshasa et Kigali, a annoncé vendredi qu’un mécanisme de suivi du cessez-le-feu « dirigé » par l’Angola et « intégrant des officiers » de la RDC et du Rwanda, serait officiellement lancé mardi.
Le M23 « est en train de profiter du cessez-le-feu » pour agrandir son territoire avant la mise en place de ce mécanisme, a estimé auprès de l’AFP une source militaire congolaise, sous couvert de l’anonymat.
A Pinga, dans le territoire de Walikale, le calme est revenu mais de nombreux déplacés ont afflué ces derniers jours en provenance des villages situés sur la route de l’offensive du M23.
« L’hôpital n’a pas de médicament, les toilettes sont dans un mauvais état, l’accès à l’eau pose problème. Nous craignons l’apparition de graves pathologies (…) qu’il nous sera difficile à prendre en charge », a alerté auprès de l’AFP Théophile Mukandirwa, directeur de l’hôpital de Pinga.
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