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Congo Belge : Dix millions des Congolais tués sans célébration !

Pour toutes les raisons, on estime que la population du Congo a diminué environ de moitié pendant les « quarante ans qui s’étalent de 1880 à 1920 », en passant de « 20 millions d’habitants » au début de cette période à environ « 10 millions d’habitants » à la fin de celle-ci. Et en explorant le passé colonial, nous venons confirmer que « dix millions des Congolais ont été tués » pendant la période de la colonisation. La Belgique devrait assumer qu’il y a eu des « crimes, des pillages, tueries, viols … » lors de la colonisation. Elle devrait accepter qu’il y a eu « une colonisation brutale ». Elle devrait « assumer ses erreurs » de la colonisation.

Assumé une colonisation, c’est en « parler », c’est en « discuter », c’est en « débattre » et en « tirer » une leçon. Ce que le pays belge ne fait pas. Soixante années que la Belgique tant oubliées, qu’elle n’enseigne pas l’histoire coloniale, qu’elle n’en parle pas et qu’on aborde pas. La plupart des écoliers et des visiteurs dans nos musées d’histoire n’en apprennent rien. Donc, aucun pays n’aime faire « face en toute honnêteté et directement à de telles épisodes de son passé colonial ».

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« Il n\’y a pas de droit plus légitime ni plus respectable que celui d\’un auteur sur son œuvre propre, sur le fruit de son travail… Mes droits sur le Congo ne sont à partager avec personne ; ils sont le fruit de mes propres combats et de ma propre dépense ».

Le roi Léopold II qui s’appropria le territoire du Congo en 1879 grâce au service de l’explorateur Henry Morton Stanley, reconnu comme sa possession personnelle et privée, la seule colonie propriété privée au monde ; se considérait à la fois comme souverain et propriétaire du Congo. En même temps, son intention avait toujours été de léguer le Congo à la Belgique. En 1890, Léopold II avait donné comme gage du prêt consenti par le Parlement la dévolution du Congo à la Belgique dans un délai de dix ans. En 1908, une année avant sa mort, le roi vendit au gouvernement belge le Congo, qui devint le « Congo belge ».

Pendant et juste après le règne du roi Léopold II, l’économie du Congo s’appuyait essentiellement sur la « récolte du caoutchouc naturel » par une main d’œuvre forcée. La grande forêt tropicale d’Afrique centrale couvrait à peu près la moitié du Congo et, dans toute cette région, le roi Léopold II imposa les travaux forcés à la quasi-totalité de la main d’œuvre masculine pour ramasser le caoutchouc naturel provenant des lianes à caoutchouc répartis un peu partout dans la forêt. Son armée personnelle, à savoir 19.000 hommes, conscrits noirs sous les ordres d’officiers blancs, sévissait de village en village.

Ils prenaient en otage toutes les femmes d’un village, pour obliger les hommes à aller dans la forêt pendant des journées entières et y recueillir leur quota mensuel de caoutchouc naturel. Les femmes étaient « enchaînées » et souvent « violées » par leurs gardes. Et, comme en écho de sévices léopoldiens, le viol par des hommes armés est encore, tragiquement, le sort de dizaines de milliers, peut-être de centaines de milliers de femmes Congolaises de nos jours. Suite à l’invention de la chambre à air pour bicyclettes et de la grande demande pour les gaines de câbles de téléphones et de télégraphes et autres besoins de l’industrie, le caoutchouc devint une « matière première très prisée » sur le plan mondial au début des années 1890. Comme le prix du caoutchouc augmentait, le quota mensuel que les Congolais devaient rapporter augmentait en conséquence. Ces hommes étaient parfois forcés d’être loin de leurs familles, dans la forêt, pendant des semaines entières. Ce système a entraîné de nombreuses morts. Beaucoup de femmes en otage étaient affamées.

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Encore plus nombreux furent les hommes forcés au travail jusqu’à la mort. Les recensements locaux de l’époque indiquaient de nombreux villages comprenant plus de femmes que d’hommes. Des centaines de milliers d’hommes ont fui leurs villages pour ne pas être conscrits de force, mais les seuls endroits où ils pouvaient se cacher étaient dans la forêt profonde, où il y avait peu d’abris et de nourriture, et ils y périssaient. Des dizaines de milliers de Congolais sont morts suite à leur rébellion contre le système, rébellions réprimées par les armes perfectionnées de l’armée privée de Léopold II. Et, quand les femmes sont prises en otages et que les hommes sont forcés de travailler, il reste peu de personnes capables de s’occuper de récoltes, de chasser et de pêcher. D’où le manque de nourriture.

De plus, dans des centaines de villages congolais, l’armée réquisitionnait pour ses soldats la nourriture à coups de fusils, ce qui diminuait encore les réserves de nourriture. En cas de malnutrition ou de famine, les maladies achevaient ceux qui normalement auraient survécu et cela a été, de loin, la plus grande cause de décès.

Pourquoi la Belgique est-elle la seule colonie à faire l’objet d’une gigantesque campagne internationale de protestation contre le système de travaux forcés du roi Léopold au début du 20ème siècle ?

Bonne question, puisque des accusations similaires auraient pu être faîtes à tous les pouvoirs coloniaux européens. Je pense à deux raisons principales. Tout d’abord, la Belgique est un petit pays, donc plus facile à attaquer. Pendant la période parfois intense d’alliances rivales en Europe dans les années d’avant la Première Guerre mondiale, aucune super puissance ne voulait contrarier inutilement un allié majeur, ou un ennemi potentiel majeur. La deuxième raison, à mon avis, est le fait que le Congo appartenant à une seule personne, en faisait une cible plus facile. C’est toujours plus facile d’organiser une campagne si la personne unique en l’occurrence un roi qui devenait visiblement très riche est le « coupable ».

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La glorification de la période coloniale, à nos yeux, est la manière hostile dont les spécialistes belges qui ont écrit de façon critique sur le colonialisme ont été traités, voire ignorés. Quand l’anthropologue Daniel Vangroenweghe a publié son livre « Du sang sur les lianes » dans le milieu des années 1980, un des premiers livres de la Belgique moderne sur le système des travaux forcés, le gouvernement a envoyé une commission d’enquête au lycée où il enseignait pour examiner s’il avait une mauvaise influence sur ses jeunes élèves. Quand feu Jules Marchal, un diplomate belge à la retraite, a publié quatre livres, d’abord en néerlandais, puis en français, sur le Congo du roi Léopold II, qui contenait une documentation extraordinaire qu’aucun érudit n’avait trouvé auparavant, il ne reçut aucune audience dans les magazines ou revues scientifiques belges sauf, à sa connaissance une critique. Deux prêtres-anthropologues, les Pères Edmond Bloemaert et Gustave Hulstaert, dans les années 1940 et 1950, recueillirent les témoignages de survivants, sur la période des travaux forcés pour la collecte du caoutchouc ; mais l’Académie Royale avait refusé de publier leurs articles et ils durent les faire publier ailleurs.

Quel avenir pour le processus de réconciliation de la Belgique avec son passé colonial ?

C’est aux Congolais de le déterminer. Didier Amani SANGARA NTALE, Analyste Indépendant nous souhaite bonne chance en explorant ce passé, en l’explorant à fond et honnêtement, et en l’explorant avec des chercheurs, des écrivains, des artistes et des cinéastes d’autres pays, car dire la vérité doit « dépasser les frontières nationales ». Il espère, en particulier, que nous pourrons l’explorer en apprenant plus sur les vies et les expériences des femmes Congolaises, qui ont souffert pendant l’ère coloniale et continuent de souffrir de nos jours, mais dont les voix sont rarement entendues.

Rédaction Leo Njo Leo News

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  1. Et avec tout ça il ya ceux qui pensent toujours que le plan van B. était bon, est-ce-qu’ils se rendent compte de tous les maux que les belges ont fait a nos ancêtres ? Les autres colonies maltraitaient en apprenant aux citoyens la gouvernance, les travaux, …, Quand est-il des Belges si ce n’est pas la maltraitance , le vol, le viol, …? Comme l’histoire est têtue, vous payerez un jour

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