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RDC : Félix Tshisekedi mène-t-il une politique isolationniste ?

Le président Félix Tshisekedi a pris ses distances avec un certain nombre de personnes, dont celles qui l\’ont accompagné dans son ascension à la magistrature suprême et celles qui ont arbitré la coalition CACH et FCC du président honoraire Joseph Kabila. Aurait-il un dossier à présenter en tant que seul responsable des cinq premières années maintenant qu\’il est le seul capitaine à bord ?

L\’arrestation du conseiller présidentiel par les services de renseignement n\’a révélé que très peu d\’informations. L\’agenda de Félix Tshisekedi au sommet de l\’Union africaine à Addis-Abeba a été bousculé par cette question. Félix Tshisekedi a terminé son mandat de président de l\’Union africaine le 5 février à Addis-Abeba (UA). Il a passé le relais à Macky Sall, son collègue sénégalais, dans une situation de politique interne tendue. Les téléphones de ses proches n\’arrêtent pas de sonner depuis le début de l\’après-midi du 5 Février 2022. Son conseiller spécial à la sécurité, François Beya, a été appréhendé à son domicile par des agents du renseignement. Officieusement, l\’intouchable « Fantômas », l\’ancien chef de la Direction générale des migrations qui servait de lien majeur entre le président et son prédécesseur, Joseph Kabila, est accusé d\’atteinte à la sécurité nationale. Hormis Félix Tshisekedi, personne ne semble savoir pourquoi Beya a été arrêté.

Le président était évasif et distant dans les salons de l\’UA. Il dit aux émissaires de certains de ses collègues anxieux qu\’il les tiendrait au courant dès qu\’il le pourra. Denise Nyakeru Tshisekedi, qui était en Europe en même temps que son mari, a également du mal à obtenir des réponses de ses conseillers. François Beya, qui a été interpellé et transporté au siège de l\’Agence nationale des renseignements, est au cœur de ces guéguerres.

Le 5 février, vers 13 heures, le conseiller spécial du président pour la sécurité a été arrêté chez lui. Les pilons de l\’ANR qui ont mené cette opération, commandés par Mbelu, ont fait irruption chez lui alors qu\’il se trouvait dans la salle de bain. Il avait à peine eu le temps de demander qu\’il s\’habille. \”Fantomas\” pour les amis proches s\’étonnaient de ce qu\’il considérait comme une \”humiliation\”. Tout au long de leur conversation, il n\’a cessé de rappeler à l\’administrateur général de l\’ANR, Jean-Hervé Mbelu Biosha, qu\’il aurait pu utiliser d\’autres techniques. Ce dernier, en revanche, relève directement de Félix Tshisekedi.

Lorsque l\’ancien chef de l\’Etat était au pouvoir, François Beya était en effet à la tête de la Direction générale des migrations (DGM), et il est soupçonné de lui être resté fidèle. Beya a servi d\’intermédiaire entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, qui n\’étaient plus en communication directe. Selon un fidèle du palais, le conseiller à la sécurité a été poussé sur lui, mais il jouait un double jeu, et le président le savait depuis longtemps.

Une arrestation qui laisse des impressions énigmatiques. Même le patron de l\’Agence nationale de renseignement (ANR), dont les services étaient en charge de l\’opération, Jean-Hervé Mbelu, semble ignorer tous les détails. Et, alors que Félix Tshisekedi devait quitter la capitale éthiopienne Addis-Abeba à l\’issue de la cérémonie de clôture du sommet le 6 février, l\’avion présidentiel, DRC 001, a décollé en trombe de l\’aéroport de Bole la veille à 23h39, atterrissant à Kinshasa en milieu de la nuit.

D\’autres caciques du régime ont été honteux sans pitié devant Beya. Au-delà d\’un dossier dont le contenu se brouille de jour en jour, cet épisode vérifie l\’objectif de libération de Félix Tshisekedi et de son entourage. François Beya a été, en effet, l\’une des dernières fondations du quinquennat présidentiel, qu\’il a entrepris de construire. Malgré les tensions que sa présence provoquait dans un cabinet où de nombreux conseillers lui étaient antagonistes, une des dernières courroies de communication qui le liait à son prédécesseur.

Auparavant, les caciques du régime précédent avaient été brutalement abaissés. En appel, il a été condamné à treize ans de prison pour détournement de fonds et corruption. Vital Kamerhe, premier allié de Tshisekedi lors de sa campagne présidentielle, était un chef de cabinet omniprésent qui a été fustigé par de nombreux membres de la famille du président. Jean-Marc Kabund, Architecte dans l\’Ombre de l\’Union sacrée, personnage aussi utile qu\’odieux, a payé ses ambitions ostensibles en même temps que ses tractations louches avec un membre de la famille du président. L\’ancien président de l\’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) se présente désormais comme un « farouche opposant » au chef de l\’Etat auprès de certains de ses interlocuteurs, qui continuent de communiquer avec lui par téléphone. A l\’exclusion de François Beya, qui succède à Kabila, Kamerhe et Kabund.

Katumbi avait ainsi annoncé des pourparlers dans le cadre du processus, qui devait aboutir à une décision sur son avenir au sein de la coalition présidentielle. Pour le moment, son cercle restreint n\’avait aucun doute et n\’avait qu\’une seule option : divorcer du chef de l\’Etat, Félix Tshisekedi.

Exit Inzun Kakiak, ancien adjoint du redoutable Kalev Mutond, dont la loyauté dans l\’entourage du président a toujours été remise en cause : L\’ANR a été reprise par Jean-Hervé Mbelu. Albert Yuma, le leader imparable de la Gécamines et proche confident de Kabila, a également cédé son fauteuil à l\’un de ses plus grands adversaires dans le business minier, Alphonse Kaputo Kalubi. Ces réformes, qui visaient à saper l\’image de Tshisekedi de président sous tutelle, qu\’il a longtemps incarné après son élection contestée, ont permis au chef de l\’État de s\’habiller en seul décideur.

Tshisekedi, qui brigue un second mandat est accusé d\’imposer des proches au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et de la Cour constitutionnelle, instances essentielles dans l\’organisation des élections de 2023, a l\’avantage de faire face à une opposition fragmentée : Mose Katumbi tergiverse, le Front commun pour le Congo (FCC de Kabila) est laborieusement reconstruit, et Martin Fayulu se présente aux élections en dehors des institutions. Il devra cependant accepter et défendre son bilan. Qui est à blâmer, alors ? Félix Tshisekedi a apporté quelques éléments de réponse dans sa traditionnelle déclaration sur l\’état de la nation, prononcée devant le Parlement le 13 décembre. Tout en louant les réalisations diplomatiques de son mandat de président de l\’UA, telles que la reprise de la coopération avec le FMI et le travail de l\’Inspection générale des finances (IGF, qui est sous le contrôle de la Présidence) dans la lutte contre la corruption, il n\’a pas hésité pour fustiger ses ministres et les institutions qu\’il blâmait pour les retards des réformes.

Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour aider la population, mais elles sont insuffisantes. En conséquence, le Président Tshisekedi demande d\’accélérer la mise en œuvre de projets aux résultats immédiats et apparents. Sur chaque dossier, il y a une concurrence entre les présidents. Selon une source au de la Présidence, le cabinet tel qu\’il existe actuellement a été créé pour contrer le gouvernement pro-Kabila de Sylvestre Ilunga Ilunkamba. La difficulté est qu\’il est resté fidèle à cette pensée même après la scission de Tshisekedi et Kabila et le changement de majorité. Et puis il y a le fait que c\’est pléthorique il y avait plus d\’une centaine de conseillers au début du mandat, et ce nombre ne cesse d\’augmenter et qu\’il y a de la concurrence sur chaque dossier.

Depuis plusieurs mois, une étude est entreprise pour « rationaliser » le fonctionnement du cabinet présidentiel. Selon une de nos sources, son remaniement devait être dévoilé le 15 mars, mais il a été reporté en raison des incidents de Kabund et Beya, ainsi que des soins médicaux de Félix Tshisekedi en Belgique en mars.

Pour l\’instant, difficile de prédire la composition de la future équipe ou qui portera le poids d\’un tel changement. Pour le président, le plus essentiel sera d\’avoir des personnes qui lui doivent leurs fonctions et sur lesquelles il pourra compter sur le dévouement, explique un membre du cabinet. La tâche s\’annonce difficile. Divers cercles d\’influence se côtoient au sein de cette présidence obèse : fidèles de la première heure, camarades en exil, technocrates, prédicateurs et proches de la famille. Même les relais de la première dame sont inclus.

Félix Tshisekedi a beau avoir des pouvoirs illimités, il aborde la fin de son mandat avec prudence, sans doute conscient que les échéances électorales vont peu à peu s\’infiltrer dans les polémiques et que des ambitions seront dévoilées à cette occasion.

Eric Kuikende, LEO NJO LEO NEWS

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