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Senegal’s President Macky Sall delivers a speech during the National Dialogue in Diamniadio on February 26, 2024. Senegal’s embattled President Macky Sall on February 26, 2024, opened talks in Diamniadio, near Dakar, in an attempt to reach agreement on the date of the presidential election and announced a general amnesty for political protests since 2021 during talks to set a new date for presidential polls he deferred this month, sparking deadly turmoil. (Photo by Seyllou / AFP)

Alors que Macky Sall semblait avoir tourné la page de la politique sénégalaise, son retour surprise à la tête de la coalition d’opposition Takku Wallu Sénégal interroge sur ses réelles intentions. Pourquoi un tel come-back ? Est-ce une simple réaction face aux attaques judiciaires et politiques de ses successeurs, ou une stratégie plus longuement mûrie pour revenir au sommet de l’État ? Cette analyse explore les ressorts de ce retour et ses implications sur la scène politique sénégalaise.

Le retour en politique : un acte de défense ou une ambition voilée ?

Après avoir quitté le pouvoir en avril 2024, Macky Sall avait publiquement annoncé son retrait définitif de la vie politique. Cependant, face aux critiques croissantes et aux accusations portées contre son administration, l’ancien président a choisi de revenir en politique. La nouvelle administration, dirigée par Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, a multiplié les accusations contre l’ancienne équipe de Sall, l’accusant notamment de falsification de chiffres économiques et de malversations financières. Dans ce contexte, le retour de Macky Sall semble motivé par un désir de se défendre et de protéger ses anciens alliés. Selon Abdou Karim Fofana, un ancien ministre du Commerce, « trop, c’est trop » pour l’ancien président, qui ne veut pas voir son nom entaché par des scandales.

Une neutralité politique mise à l’épreuve

L’un des défis majeurs pour Macky Sall est de concilier son rôle de leader de l’opposition avec les accusations portées contre lui. Dans un geste destiné à éviter tout conflit d’intérêts, il a renoncé à son poste d’envoyé spécial pour le Pacte de Paris, un rôle qui lui avait été confié par Emmanuel Macron. Cette décision reflète une tentative de Sall de se repositionner comme un acteur politique à part entière au Sénégal, prêt à défendre son bilan face à ses adversaires. Toutefois, certains observateurs doutent de la capacité de Macky Sall à mener une campagne efficace sans rentrer au Sénégal. S’il a mobilisé ses lieutenants pour mener campagne, son absence physique sur le terrain pourrait constituer un handicap majeur.

Les alliances politiques : la résurgence des anciens clivages

Le retour de Macky Sall s’accompagne également d’un jeu d’alliances complexe, notamment avec le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Karim Wade, autrefois son adversaire politique. La coalition Takku Wallu Sénégal, qui regroupe l’Alliance pour la République (APR) et le PDS, symbolise une tentative de réunir la famille libérale autour de Macky Sall. Cependant, cette alliance soulève des questions sur la sincérité des engagements politiques de ces acteurs, qui avaient autrefois des positions opposées.

D’un autre côté, les dissensions internes au sein du PDS, avec des factions rivales contestant l’influence de Karim Wade, compliquent encore davantage le paysage politique. Abdoulaye Wade, le fondateur du PDS, a dénoncé une « usurpation de son identité politique » par certains dissidents, mettant en lumière les divisions profondes qui persistent au sein de ce parti historique.

Contexte historique : un retour inédit dans la politique sénégalaise

Le retour de Macky Sall sur la scène politique sénégalaise rappelle celui de figures politiques comme Abdoulaye Wade, qui à 98 ans, reste un acteur influent. Ce phénomène de retour en politique, après avoir quitté le pouvoir, s’inscrit dans une tradition sénégalaise où les anciens présidents continuent de jouer un rôle actif, même après leur mandat. La question qui se pose est de savoir si Macky Sall cherche véritablement à retrouver une position de pouvoir ou simplement à protéger son héritage politique.

Anticipation des critiques : un enjeu de crédibilité

Les critiques ne manqueront pas face au retour de Macky Sall, certains y voyant une tentative de bloquer d’éventuelles poursuites judiciaires. Pour ses adversaires, notamment Ousmane Sonko, cette manœuvre vise à détourner l’attention des problèmes de gouvernance qui ont marqué la fin du mandat de Sall. De plus, son absence physique au Sénégal pourrait être interprétée comme un signe de faiblesse, voire de crainte face aux représailles judiciaires. Cependant, pour ses partisans, Macky Sall représente un leader capable de mobiliser les foules et de défendre une vision politique pour le pays.

Conclusion : une bataille politique encore incertaine

Le retour de Macky Sall sur la scène politique sénégalaise soulève des questions fondamentales sur l’avenir du Sénégal. Sa décision de mener la campagne législative depuis l’étranger reflète un équilibre fragile entre défense de son honneur personnel et ambitions politiques plus larges. Si son retour pourrait renforcer l’opposition, il n’est pas certain que cela suffise à garantir une victoire aux législatives de novembre. Macky Sall devra prouver qu’il reste un acteur politique incontournable, tout en naviguant avec précaution dans un paysage politique profondément divisé.

© Odon Bulamba / ADR

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