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(FILES) (From L) French Minister of Culture and Heritage Rachida Dati, French Minister of Justice Didier Migaud, French President Emmanuel Macron and French Minister of the Interior Bruno Retailleau attend the new government’s first Cabinet meeting at the Elysee Palace, in Paris, on September 23, 2024. – The French government is to unveil on October 10, 21024 its draft budget for 2025, a high-risk exercise given the massive effort required to reduce France’s staggering deficit and the hostility of the fragmented National Assembly. (Photo by Christophe Ena / POOL / AFP)

Résumé :

Le Maroc s’est engagé à renforcer sa coopération avec l’Europe sur la question migratoire, en particulier en ce qui concerne le rapatriement des mineurs non accompagnés. Lors d’une visite du président des Canaries à Rabat, le ministre marocain des Affaires étrangères a critiqué les obstacles législatifs européens qui ralentissent cette coopération, tout en soulignant le rôle crucial du Maroc en tant que pays de transit dans la gestion des flux migratoires vers l’Europe. Cet engagement intervient alors que le Maroc continue de jouer un rôle clé dans les relations migratoires avec l’UE, malgré les défis croissants liés aux flux migratoires et aux procédures légales en Europe.


Rabat — Le Maroc a réitéré sa volonté de coopérer avec les autorités européennes sur la question de l’immigration, en particulier sur le rapatriement des mineurs non accompagnés (MNA). Lors d’une conférence de presse tenue à Rabat le 8 octobre, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré que le Royaume est prêt à accueillir ses ressortissants, y compris les mineurs, ayant quitté le territoire marocain de manière irrégulière. Cependant, il a mis en avant des “lacunes” dans les lois et procédures européennes qui freinent ces efforts.

Cette déclaration intervient à la suite de la visite de Fernando Clavijo, président des îles Canaries, venu renforcer les liens de coopération migratoire entre son archipel et le Maroc. Clavijo a salué les efforts déployés par le Maroc dans la gestion des flux migratoires, soulignant que le Royaume fait face à des pressions considérables en tant que pays de transit pour de nombreux migrants cherchant à rejoindre l’Europe. “Le Maroc ne peut pas porter ce fardeau seul”, a affirmé Clavijo, appelant à une coopération plus approfondie avec l’Union européenne.

Les mineurs non accompagnés et les défis procéduraux

L’un des points sensibles de cette coopération réside dans la gestion des mineurs non accompagnés (MNA) d’origine marocaine. En septembre dernier, plusieurs centaines de jeunes Marocains ont tenté de franchir la frontière vers l’enclave espagnole de Ceuta, relançant la discussion sur la question des MNA. Bourita a reconnu que ce sujet est complexe, notamment en raison des “contraintes procédurales” qui existent au niveau européen.

Ces contraintes avaient déjà été soulevées en 2021, lorsque le Maroc avait exprimé sa frustration face à la lenteur de la mise en œuvre des accords avec l’Europe. Les blocages administratifs et judiciaires freinent l’application des mesures de rapatriement des mineurs, même lorsque leur nationalité marocaine est confirmée. Les discussions récentes entre Rabat et plusieurs pays européens n’ont pas encore permis de lever ces obstacles.

Accords bilatéraux et évolution de la coopération migratoire

Le Maroc, acteur majeur dans la gestion des flux migratoires vers l’Europe, a signé plusieurs accords bilatéraux au fil des années avec différents pays européens. Dès les années 1990, le Royaume s’est engagé à renforcer la coopération avec des nations comme l’Allemagne, l’Italie, et plus récemment l’Espagne. Un accord signé en 2003 entre Rabat et Madrid, relatif au rapatriement des MNA, devait faciliter la gestion de ces mineurs interceptés avant leur arrivée en Espagne. Pourtant, en pratique, l’accord a souvent rencontré des difficultés à être appliqué, rendant le processus de rapatriement lent et inefficace.

En parallèle, la France a également collaboré avec le Maroc pour identifier et rapatrier les jeunes MNA. En 2020, un accord entre les deux pays a été signé pour garantir une meilleure protection de ces mineurs, leur assurant un accès à un hébergement, à des soins et à une formation en France. Cependant, malgré ces efforts bilatéraux, les problèmes procéduraux continuent de poser des défis importants.

Le rôle crucial du Maroc dans la gestion des flux migratoires

Le Maroc occupe une position centrale dans la gestion des migrations irrégulières vers l’Europe, étant l’un des principaux pays de transit pour les migrants africains. Le Royaume est devenu le deuxième partenaire de l’Union européenne (UE) en matière de coopération migratoire, recevant un soutien financier substantiel pour renforcer ses capacités de gestion des frontières. En 2021, Bruxelles a débloqué une enveloppe de 234 millions d’euros via le Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique afin d’aider Rabat dans ses efforts.

Cette coopération s’inscrit dans le cadre plus large du partenariat migratoire signé entre le Maroc et l’UE en 2013, qui inclut des mesures spécifiques pour la gestion des MNA. Selon les statistiques de l’UE, ces jeunes migrants, souvent déscolarisés et vulnérables, représentent un défi croissant pour les autorités des deux côtés de la Méditerranée. Nombre d’entre eux sont exposés à des risques importants, notamment la traite des êtres humains et la criminalité.

Contexte européen et pression migratoire

La coopération migratoire entre le Maroc et l’Europe s’inscrit dans un contexte plus large de gestion des flux migratoires au sein de l’UE. Face à une augmentation des demandes d’asile et des arrivées irrégulières, l’Europe a durci ses politiques migratoires, tout en cherchant à déléguer une partie de la gestion des flux à des pays tiers, comme le Maroc. En 2021, Bruxelles a approuvé un budget de 101,7 millions d’euros pour soutenir Rabat dans ses efforts de gestion des frontières, tout en poursuivant la négociation de nouveaux accords bilatéraux pour renforcer cette coopération.

Cependant, des critiques persistent concernant l’efficacité de ces mesures. Les ONG de défense des droits humains ont dénoncé à plusieurs reprises les abus commis dans la gestion des frontières, notamment par l’agence européenne Frontex, souvent accusée de ne pas respecter les droits fondamentaux des migrants. De plus, la pression exercée sur les pays de transit comme le Maroc soulève des questions sur la durabilité de cette coopération, alors que les flux migratoires ne cessent d’augmenter.

© 2024 – O Bulamba, ADR / AFP

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