L’opposition camerounaise joue sa dernière carte contre le DSP du génie politique Paul Biya.
Un nouveau groupe parlementaire a été formé, fruit des efforts de seize députés, dont des représentants des FDS, de l’UDC, du PCRN et de l’UMS. L’objectif est de prendre position contre la plupart des partis au pouvoir à l’Assemblée nationale.
Patricia Tomaino a présenté le 14 mars la liste des membres de l’Union pour le changement, nouveau groupe parlementaire qui réunit seize députés de différentes forces d’opposition à Laurentine Koa Mfegue, doyenne de la chambre par âge, par les dispositions de l’article 20. le règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Pour donner suite à la mise en place d’un programme qui a conduit à l’adoption d’une nouvelle loi électorale, cette dernière continue de jouer la carte syndicale. L’opposition cherche à élargir son champ d’action avec ce nouveau coup d’État politique. Tant « l’amélioration de la vie quotidienne des Camerounais », « la défense des intérêts du peuple », « la justice sociale », « l’égalité des chances » et la « législation » sont en tête de l’agenda de l’Union pour le changement « ainsi que le commandement et le contrôle de l’activité gouvernementale ».
A l’issue des élections législatives de février 2020, aucun parti n’avait atteint le seuil des quinze députés requis pour rejoindre un groupe parlementaire, ce front uni était donc la seule option pour une opposition dont le nombre de membres au Parlement avait diminué en raison du deuil pour en maintenir un. L’Union pour le changement est le successeur de facto du Groupe parlementaire du Front social-démocrate (FDS, 18 députés), qui était actif lors de la session précédente. Tout un symbole pour ce parti politique, autrefois chef de l’opposition et dont la victoire la plus notable – une remarquable deuxième place à l’élection présidentielle de 1992 – a été obtenue à l’époque par une coalition également connue sous le nom d’Union pour le changement.
Le changement devient une nécessité pour les opposants de Paul Biya ainsi que pour son entourage majoritairement jeune, qui craignent que la jeunesse n’ait aucun avenir dans la politique du parti au pouvoir. La nouvelle génération du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (DSP) dénonce la structure fermée du parti et s’efforce de s’imposer tout en étant bousculée par quelques caciques et souffrant parfois d’un manque d’expertise. Dans un pays où la population moyenne n’a que 18,2 ans, l’âge du président camerounais, ainsi que son mandat, est sans aucun doute un sujet de conversation. Le respect des anciens est une vertu partagée par la plupart des sociétés africaines, mais l’omniprésence de tant d\’« anciens » avec des poses de pouvoir est alarmante et une source d’humiliation dans cette situation. Un journaliste soupire : « La dernière fois qu’une dictature a porté autant de personnes âgées au pouvoir, c’était sous l’Union soviétique de Leonid Brejnev. Au Cameroun, les premières personnalités de l’État sont des octogénaires. Luc Ayang, le chef du Conseil économique et social, a 75 ans, un an de plus que Daniel Mekobe Sone, le président de la Cour suprême, qui en a 74. A leurs côtés, le Premier ministre Joseph Dion Ngute, qui va bientôt transformer 68 ans, semble être un jeune leader.
Les députés de l’opposition devraient pouvoir accroître leur présence dans le bureau de l’Assemblée grâce à ce nouveau groupe. « Cela nous donnera droit au poste de président du groupe parlementaire, ce qui nous permettra de participer à la Conférence des présidents, l’organe qui supervise le processus législatif. » qui fixe l’ordre du jour des sessions législatives, ainsi qu’un rôle de vice-président », a déclaré Hilaire Nzipang, président du Mouvement progressiste et membre de la plate-forme d’opposition pour la réforme électorale. Si nous ajoutons les quatre postes actuellement occupés par les députés de l’opposition, nous aurons un total de sept sièges au bureau, ce qui nous permettra d’être plus visibles à l’Assemblée. »
Au sein de l’opinion publique, cependant, de nombreux observateurs voient dans ce groupe plus un symbole qu’un instrument susceptible de créer un véritable rapport de force face à la majorité obèse du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (DPC, au pouvoir), qui compte 152 élus sur les 180 à la Chambre des communes « Le SDF a toujours eu un groupe parlementaire, mais il n’a jamais été en mesure de promulguer une loi ni même de s’engager dans un débat sur la question anglophone », se souvient un politologue. Le système parlementaire a été étouffé. » « Nous ne pouvons pas anticiper une révolution dans un parlement avec cette structure », a déclaré Parfait Mbvoum, l’un des cadres des FDS.
Ce qui compte, cependant, c’est la confluence des forces politiques que nous vivons. Nous nous sommes unis autour du code électoral, qui est maintenant à la Chambre des communes. C’est de bon augure pour l’avenir. Les chefs ne s’étaient pas parlé ; ce n’est plus le cas, et nous allons de l’avant.
S’agit-il d’un partenariat à long terme ? Les désaccords fréquents entre les membres de l’opposition ont jeté le doute sur la viabilité à long terme de la lune de miel. Le plus connu d’entre eux, celui impliquant les députés sans-abri Jean-Michel Nintcheu et Joshua Osih, est toujours en instance devant les autorités de leur parti. Les membres de la plate-forme de l’opposition se disent prêts à mettre leur ego de côté et à se soumettre au collectif dans un comité restreint. En sera-t-il de même si le gouvernement veut recruter les futurs membres de sa majorité au sein de ce groupe?
© RÉDACTION LNL NEWS