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Paris, France – (AFP) – Après plus d’une semaine de tergiversations, Emmanuel Macron a nommé vendredi son allié François Bayrou Premier ministre, un défi immense pour le centriste qui sera chargé de dénouer la crise majeure dans laquelle se débat la France depuis la dissolution de l’Assemblée en juin.

La nomination de M. Bayrou, vétéran de la politique française âgé de 73 ans et allié historique du président Macron, intervient neuf jours après la chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé le 4 décembre par une censure historique votée par des députés de gauche et d’extrême droite.

La passation de pouvoir entre les deux hommes aura lieu vendredi à 17H00 (16H00 GMT), a appris l’AFP auprès des services du Premier ministre.

M. Bayrou devient ainsi le sixième locataire de Matignon, lieu de travail des Premiers ministres français, depuis la première élection d’Emmanuel Macron en 2017 – et le quatrième en 2024, une instabilité de l’exécutif que n’avait pas connue la France depuis des décennies.

A la tête d’un  “gouvernement d’intérêt général” “resserré”, voulu par Emmanuel Macron, il va être confronté à une tâche immense, avec pour priorité le budget 2025, alors que la France a une dette abyssale.

Dans un contexte de colère des agriculteurs et de multiplication des plans sociaux, les niveaux des déficits et de la dette seront “une réalité qui s’imposera à tout gouvernement, quel qu’il soit”, avait prévenu Michel Barnier avant d’être renversé.

En attendant que ce nouveau budget soit adopté, un projet consensuel de “loi spéciale” permettant d’assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat sera examinée lundi par l’Assemblée nationale.

– Défi politique –

Le nouveau Premier ministre devra aussi naviguer sur la scène politique éclatée issue des législatives anticipées organisées après la dissolution surprise de l’Assemblée par le président Macron en juin dernier. Le scrutin a débouché sur un hémicycle fracturé en trois blocs (alliance de gauche / macronistes et centristes / extrême droite), aucun ne disposant de la majorité absolue.

M. Bayrou doit “dialoguer” avec les partis hors Rassemblement national (extrême droite) et LFI (gauche radicale) pour “trouver les conditions de la stabilité et de l’action”, a fait savoir l’entourage de M. Macron après l’annonce de la nomination.

S’il n’y aura pas de censure “a priori” venant du RN, a déclaré son président Jordan Bardella, le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) a à l’inverse affirmé qu’il voterait la censure de M. Bayrou car celui-ci n’est pas issu des rangs de la gauche.

A gauche, le Parti socialiste, et dans une moindre mesure les communistes, ont donné quelques gages de compromis, mais il n’est pas sûr qu’ils soutiennent franchement François Bayrou. Les Ecologistes ont déjà menacé de censure le nouveau Premier ministre s’il poursuit la même politique et garde Bruno Retailleau au poste de ministre de l’Intérieur, qu’ils jugent trop à droite.

– “Gouvernement d’intérêt général” –

M. Bayrou veut trouver, selon sa formule, les contours d’un “accord de coopération démocratique” : le gouvernement s’engagerait à ne pas recourir au 49.3, un article de la Constitution française qui permet d’adopter un texte sans vote, pour imposer ses lois, et les opposants de leur côté ne le censureraient pas.

Le dirigeant centriste a finalement été préféré à d’autres noms qui ont circulé jusqu’au bout, comme celui de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, des ministres de l’aile droite de la macronie Sébastien Lecornu ou Catherine Vautrin.

C’est une arrivée à Matignon aux allures de consécration particulière pour le lointain ministre de l’Éducation (1993-1997) depuis longtemps tourné vers la plus haute fonction: inlassable défenseur d’un centre indépendant, François Bayrou a été trois fois candidat à l’élection présidentielle de 2002 à 2012, sans jamais parvenir au second tour.

Son alliance avec Emmanuel Macron en 2017 a dégagé la voie pour l’élection du plus jeune président de l’histoire.

Nommé alors ministre de la Justice, il n’est resté en fonctions que 34 jours en 2017, empêché par une affaire de détournement de fonds européens afin de payer des assistants parlementaires du MoDem, son parti. Le jugement en première instance, en février 2024, a lourdement condamné le Modem, mais M. Bayrou a été relaxé. Le parquet a fait appel.

Depuis 2017, M. Bayrou, qui est maire de Pau, dans le sud-ouest, a régulièrement distillé des critiques contre la politique – trop à droite – et la pratique du pouvoir – trop personnelle – de son allié, sans jamais se départir de sa solidarité.

© Agence France-Presse

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