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A passenger looks on at the banks of the Casamance River from the ferry that travels between Dakar and Ziguinchor in Ziguinchor on April 10, 2024. A ferry service between Senegal’s capital Dakar and the southern city of Ziguinchor has resumed to the joy and relief of many who said its months-long suspension had cost them dearly. An alternative for many who can’t afford the cost of a plane ticket, the maritime link is vital for the economy of the rural and cut-off Casamance region. The service had been closed for nine months due to political unrest and the resumption overnight April 9, 2024 to April 10, 2024 coincided with celebrations marking the end of the Muslim holy month of Ramadan when many people return home. (Photo by JOHN WESSELS / AFP)

Une grande librairie au Sénégal a annoncé mercredi annuler la cérémonie de dédicace d’un livre sur la Casamance, région du sud du pays en proie à une vieille rébellion indépendantiste, dont la publication prochaine a donné lieu à de vives protestations.

Publié aux éditions françaises Karthala, l’ouvrage devait être présenté samedi à Dakar par son auteure, l’historienne française Séverine Awenengo Dalberto, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Il est intitulé “L’idée de la Casamance autonome – Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal”.

La librairie “Aux quatre vents” a annoncé l’annulation de la dédicace sur Facebook, sans explication. L’auteure et les autorités n’ont pas réagi aux sollicitations de l’AFP.

“L’enquête montre que l’autonomie de la Casamance a été l’un des possibles non advenus de la colonisation et de la décolonisation, envisagée par des acteurs français comme casamançais”, dit la note d’annonce de la présentation de l’ouvrage.

La décision d’annuler la séance de dédicace a été prise “face au risque de voir son déroulement perturbé”, ont réagi mercredi les éditions Karthala, dans un communiqué transmis à l’AFP. Elles “regrettent profondément l’instrumentalisation politique d’un ouvrage scientifique par des personnes qui n’ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu”.

L’ouvrage “porte sur la période 1875-1970 et s’appuie sur une vaste documentation composée d’archives publiques et privées ainsi que d’entretiens. (Il) n’a nullement pour objectif de défendre des thèses séparatistes mais d’en restituer les origines historiques complexes”, précise la maison d’édition.

Sa publication est “totalement indépendante de la situation politique actuelle au Sénégal”, ajoute-t-elle.

L’Alliance pour la République, parti au pouvoir jusqu’à la présidentielle de mars, a protesté dans un communiqué contre la publication d’un ouvrage qui “remet en question les acquis” sur la paix en Casamance et est “dangereux” pour l’unité nationale.

“L’ouvrage traite de l’idée de Casamance dans le temps long, ce n’est pas un manuel de séparatisme armé. Les sciences sociales doivent être discutées, au besoin contredites, mais pas censurées”, a réagi sur X Elara Bertho, autre chercheuse au CNRS.

Le livre a suscité de vifs débats sur les réseaux sociaux au Sénégal, où l’évocation du conflit en Casamance reste sensible. L’État sénégalais rejette l’autonomie.

Un précédent ouvrage d’un autre chercheur français, Jean-Claude Marut (“Le conflit de Casamance – Ce que disent les armes”, Karthala), avait été interdit en 2010.

La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d’un des plus vieux conflits du continent depuis que des indépendantistes ont pris le maquis en décembre 1982.

Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l’économie, le conflit a fortement baissé d’intensité mais persiste à petit feu.

© Agence France-Presse

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