Le gouvernement kényan a annoncé lundi avoir “rapatrié” vendredi quatre “réfugiés” vers la Turquie, choquant des organisations de défense des droits humains qui ont accusé l’exécutif d’avoir mis “quatre êtres humains en grave danger”.
Amnesty avait condamné samedi dernier l'”enlèvement” des individus dans la capitale kényane Nairobi et appelé à leur “libération immédiate”.
Pour l’organisation de défense des droits humains, il s’agit de demandeurs d’asile alors que le gouvernement parle de réfugiés.
“Quatre ressortissants de la République de Turquie ont été rapatriés dans leur pays d’origine le vendredi 18 octobre 2024, à la demande du gouvernement de la Turquie”, a déclaré le gouvernement kényan dans un communiqué, précisant qu’il s’agissait de “réfugiés”.
Les autorités kényanes ont indiqué avoir accédé à la demande turque sur la base “des solides relations historiques et stratégiques” entre les deux pays, et déclaré avoir reçu “l’assurance des autorités turques que les quatre individus seront traités avec dignité, conformément au droit national et international”.
Les autorités kényanes, qui ont admis avoir “joué un rôle dans le refoulement et le retour forcé de Mustafa Genç, Öztürk Uzun, Alparslan Taşçı et Hüseyin Yesilsu” vers la Turquie, ont mis “quatre êtres humains en grave danger”, a déploré dans un communiqué le groupe de travail sur les réformes policières, qui rassemble une vingtaine d’organisations de défense de droits humains.
“Le principe de non-refoulement est une pierre angulaire de la protection des réfugiés”, ont-elles insisté.
“Le droit international des réfugiés reconnaît que les réfugiés ne peuvent être renvoyés que s’ils représentent un danger pour la sécurité nationale ou, après une procédure régulière, s’ils sont déclarés coupables d’un crime qui menace la sécurité d’autrui”, ont-elles souligné.
“Le gouvernement du Kenya n’a fourni aucune preuve que les quatre individus représentaient une telle menace”.
La Turquie est dirigée depuis deux décennies par Recep Tayyip Erdogan et son parti AKP (islamo-conservateur).
Le coup d’État raté de juillet 2016 a donné lieu à de vastes purges visant les partisans présumés de Fethullah Gülen, avant de s’étendre à la mouvance prokurde, et à des médias critiques et des ONG.
Les associations de défense des droits humains dénoncent régulièrement des abus des autorités turques, notamment des allégations de torture et d’autres mauvais traitements.
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