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Le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, le 11 avril 2024. © ISSOUF SANOGO/AFP

Résumé

Le Gabon se prépare à un référendum crucial le 16 novembre 2024, alors que le projet de nouvelle constitution, fruit de plusieurs mois de discussions, sera soumis à l’approbation de la population. Ce texte marque une étape clé dans la transition politique du pays, amorcée après le renversement d’Ali Bongo en 2023. Parallèlement, une tension grandissante entre le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, et l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze exacerbe les enjeux politiques à l’approche des élections présidentielles prévues en 2025.


Libreville — Le Gabon s’apprête à franchir une étape décisive dans son processus de transition politique. Le 16 novembre 2024, la population sera appelée à se prononcer par référendum sur un projet de nouvelle constitution. Ce texte, élaboré après des mois de consultations et de révisions par le gouvernement de transition dirigé par Brice Clotaire Oligui Nguema, fait partie des réformes essentielles devant précéder les élections présidentielles prévues pour août 2025.

Le projet de constitution a émergé du Dialogue national inclusif organisé en avril 2024, et a ensuite été soumis au Parlement, désormais transformé en Assemblée constituante. Ce processus a généré plus de 800 amendements, reflétant la complexité des discussions autour des changements constitutionnels, en particulier les conditions d’éligibilité à la présidence. Parmi les propositions les plus controversées figure la limitation des candidatures aux Gabonais âgés de 30 à 70 ans, nés de parents eux-mêmes gabonais et mariés à des Gabonais. Ces restrictions, perçues par certains comme une forme de nationalisme exacerbé, ont alimenté les débats au sein de la classe politique.


Débat sur l’éligibilité présidentielle et nationalisme

Les conditions d’éligibilité à la présidence ont suscité des discussions intenses, notamment lors des rencontres organisées en octobre à la Pointe-Denis et Owendo. Plusieurs participants, issus du gouvernement et du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), ont exprimé leur inquiétude quant à l’effet potentiellement excluant de certaines dispositions. Le conseil des ministres du 15 octobre a cependant validé la version finale du texte, et les citoyens gabonais seront amenés à voter « oui » ou « non » le 16 novembre prochain.

Une campagne de sensibilisation à l’échelle nationale est prévue pour informer la population sur les enjeux de ce texte fondamental. Si le projet est adopté, il ouvrira la voie à une réforme du code électoral, préparant ainsi le terrain pour les élections présidentielles de 2025. Bien qu’aucun candidat ne se soit encore déclaré officiellement, beaucoup s’attendent à ce que Brice Clotaire Oligui Nguema soit l’un des principaux prétendants.


Tensions politiques avec Bilie-By-Nze

Ce processus de transition s’accompagne toutefois de tensions politiques croissantes, symbolisées par la rivalité entre Oligui Nguema et Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre sous Ali Bongo Ondimba. Bilie-By-Nze, dans un livre publié en septembre, critique ouvertement le régime actuel, accusant Oligui Nguema de ne pas tenir sa promesse de rendre le pouvoir aux civils à l’issue de la transition. Dans ses interventions publiques, il exhorte le général de brigade à « respecter ses engagements » et à ne pas se présenter aux prochaines élections présidentielles.

Oligui Nguema a répliqué indirectement lors d’une tournée républicaine en juillet 2024, affirmant que le jugement sur sa gestion du pays reviendra au peuple lors des élections. Il a souligné les efforts entrepris pour stabiliser le pays après le coup d’État de 2023, tout en accusant Bilie-By-Nze de manœuvres politiques visant à discréditer la transition militaire.


Enjeux du référendum constitutionnel

Le référendum du 16 novembre revêt donc une double importance. D’une part, il vise à fixer les bases d’une nouvelle ère institutionnelle pour le Gabon. D’autre part, il représente un enjeu politique majeur pour l’avenir du pouvoir en place. Si la constitution est adoptée, elle pourra potentiellement écarter certains candidats de la course présidentielle, y compris des figures de l’ancien régime comme Bilie-By-Nze, qui a récemment quitté le Parti démocratique gabonais (PDG) pour fonder son propre mouvement politique.

Le climat politique reste donc incertain à l’approche du référendum, avec des accusations réciproques entre les partisans de la transition militaire et ses détracteurs. Bilie-By-Nze a critiqué la nouvelle constitution comme une tentative de l’exécutif actuel de verrouiller le pouvoir en excluant des candidats potentiels, tandis que le président de la transition continue de défendre les réformes comme une nécessité pour assurer la stabilité à long terme du pays.


Perspectives pour les élections de 2025

Alors que les Gabonais s’apprêtent à se prononcer sur cette nouvelle constitution, les regards se tournent déjà vers l’élection présidentielle d’août 2025. Les résultats du référendum auront une influence déterminante sur le paysage politique et pourraient clarifier les intentions d’Oligui Nguema. Celui-ci, bien qu’il n’ait pas encore annoncé officiellement sa candidature, semble déterminé à conserver une place centrale dans l’avenir politique du Gabon. À l’inverse, Bilie-By-Nze cherche à incarner une opposition résolue, appelant à une transition complète vers un gouvernement civil.

Le Gabon entre donc dans une phase décisive de son histoire politique, où les résultats du référendum et les dynamiques politiques internes façonneront la trajectoire du pays pour les années à venir.

© 2024 – Odon Bulamba / ADR

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