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Résumé
Les tensions au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS) s’intensifient à l’approche des élections législatives prévues le 17 novembre 2024. Une coalition dissidente menée par des anciens cadres du parti d’Abdoulaye Wade s’oppose à la direction actuelle et conteste l’influence de Karim Wade, fils de l’ancien président. La dispute s’étend sur des questions d’utilisation de symboles historiques du PDS et des manœuvres politiques autour du parti, alimentant un climat politique tendu dans un Sénégal où le passé politique continue de peser lourdement sur le présent.


Dakar — À un mois des élections législatives sénégalaises, les tensions internes au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS) se manifestent au grand jour, alors que des dissidents s’affrontent avec la direction officielle sur l’utilisation des symboles historiques du parti. La coalition Sopi Sénégal, formée par d’anciens cadres exclus du parti en septembre, est accusée d’utiliser le nom, le slogan et les couleurs emblématiques du PDS sans autorisation, provoquant une bataille judiciaire.

Le 7 octobre, Abdoulaye Wade, fondateur du PDS et figure emblématique de la politique sénégalaise, a officiellement saisi le ministre de l’Intérieur pour demander le retrait des bulletins de vote de cette coalition dissidente. Dans sa lettre, il accuse les anciens membres du PDS d’essayer de duper les électeurs en reproduisant les symboles du parti qu’il a fondé en 1974.

Le conflit interne, qui couve depuis plusieurs années, a pris une nouvelle dimension avec l’influence croissante de Karim Wade, fils d’Abdoulaye Wade, qui semble tirer les ficelles du parti depuis son exil au Qatar. La coalition dissidente, dirigée par des figures comme Doudou Wade et Hawa Abdoul Ba, remet en question cette influence, qu’ils jugent néfaste pour la survie du parti.

L’enjeu des symboles historiques

Le nom « Sopi », qui signifie « changement » en wolof, ainsi que les couleurs jaune et bleu, font partie intégrante de l’identité visuelle du PDS depuis des décennies. Le logo de l’épi de mil, également symbolique, a été au centre des débats entre les deux factions. Après des discussions avec le ministre de l’Intérieur, un compromis a été trouvé : la coalition Sopi a accepté de modifier son logo, remplaçant l’épi de mil par une main bleue formant un « V » de la victoire, tout en conservant le nom de la coalition.

Cependant, cette concession n’a pas mis fin au différend. Deux plaintes ont été déposées devant la justice sénégalaise par les dissidents. La première dénonce un abus de faiblesse dont Abdoulaye Wade aurait été victime, insinuant que son entourage profiterait de son âge avancé pour manipuler ses décisions. La seconde vise Bachir Diawara, porte-parole du PDS, pour diffamation et injures publiques à l’égard des frondeurs.

Un contexte politique tendu

Les divisions au sein du PDS surviennent dans un contexte politique déjà tendu. La coalition officielle du PDS, Takku Wallu Sénégal, dirigée par Macky Sall, a elle aussi été secouée par des désaccords internes. Des poids lourds de la politique sénégalaise, tels que l’ancien ministre de la Justice Aïssata Tall Sall et l’ex-président de l’Assemblée nationale Amadou Mame Diop, figurent parmi les candidats de cette coalition.

Malgré ces tensions, les différents camps s’apprêtent à se mesurer lors des législatives du 17 novembre, avec en jeu non seulement le contrôle du Parlement, mais aussi l’avenir du PDS et de la coalition politique qui porte encore l’héritage d’Abdoulaye Wade. Alors que le Sénégal se prépare pour cette échéance, l’opinion publique attend de voir comment ces dissensions internes influeront sur le paysage politique du pays.

© Odon Bulamba / ADR

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