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Dans une ville du centre du Mali, l’armée malienne et les mercenaires russes de Wagner auraient mené une opération « antiterroriste » qui aurait entraîné la mort de 200 à 400 civils.  


L\’armée malienne n\’avait jamais été accusée de violations aussi massives en dix ans de conflit. Selon des ONG locales et des sources onusiennes, l\’armée malienne et des mercenaires du groupe Wagner ont massacré entre 200 et 400 civils dans le village de Moura, situé dans le cercle de Djenné au centre du Mali, entre le 27 mars et le 1er avril. Les chiffres sont exacts, ce sera le plus grand massacre perpétré par les forces militaires du Mali (FAMA), déplore une source diplomatique occidentale. De nombreux partenaires internationaux et ONG, dont l\’UE, attendent désormais une enquête indépendante sur cette affaire par la Minusma, la mission de l\’ONU au Mali.

Les accusations de mauvais traitements contre l\’armée malienne et les mercenaires du groupe Wagner se sont multipliées ces dernières semaines. Depuis l\’arrivée de Wagner au Mali, le raisonnement a été d\’utiliser une approche terroriste pour apprendre aux gens qu\’ils ne devaient pas s\’engager avec les islamistes. La rumeur a circulé pendant plusieurs jours. Selon des sources locales, les habitants de Moura, qui comptent environ 800 foyers, étaient préparés à un assaut des FAMA. En effet, le chef d\’un groupe local nous confie que \”Les djihadistes font la loi\” dans cette commune du centre du Mali connue pour son marché aux bestiaux. L\’État a disparu depuis des années, et le peuple n\’a d\’autre choix que de suivre les règlements des terroristes, poursuit-il. Monsieur Bamba transporte des passagers et commerces d\’un hameau à l\’autre des environs le dimanche 27 mars et tous les autres jours de la semaine. Lorsque cet habitant de Moura a garé sa voiture un peu après de 11h pour aller se reposer à la maison familiale, le soleil avait atteint son zénith.

En réalité, les analystes de la MINUSMA s\’inquiètent du développement d\’une nouvelle cellule jihadiste dans la région de Nampala (centre du Mali), qui a prêté allégeance à l\’Etat islamique quelques jours plus tard, selon une note interne datée du 3 février. Tôt le 30 janvier, le groupe a revendiqué une double frappe sur des positions militaires à Sarkala. Ils réprimandent Koufa pour sa soumission à Iyad Ag Ghaly et la manière dont il l\’a fait. Il a mis en place un système pour distribuer le butin de guerre et gérer les questions foncières. Plusieurs combats entre la Katiba Macina et les hommes de l\’EIGS ont eu lieu ces dernières semaines, notamment à Dogo, au nord de Mopti, le 9 janvier. La foire est en marche. A quelques kilomètres de là, les habitants du hameau côtoient ceux d\’Ouro Modi, Diaby et Ngoussiri, ainsi que des dizaines de forains venus de toute la région. Plusieurs membres de la Katiba Macina, un groupe jihadiste lié au Groupe de soutien à l\’islam et aux musulmans (GSIM – aile d\’Al-Sahelian Qaeda), se trouvent également dans la zone. La région de Mopti est reconnue pour être l\’un de leurs bastions, Moura étant l\’un de leurs principaux points d\’approvisionnement. Seuls des passagers blancs ont été transportés dans les deux premiers hélicoptères. L\’effervescence du marché laisse rapidement place à la ruée. J\’ai vu deux hélicoptères, les gens ont commencé à fuir et les hélicoptères les ont poursuivis. Quiconque s\’est enfui a été abattu par les militaires à bord, a ajouté Bamba. Les deux premiers hélicoptères ont évacué des individus blancs, exclusivement des blancs, raconte le jeune homme d\’une vingtaine d\’années. Dans les deux hélicoptères suivants, les forces maliennes sont venues.

La Symphonie africaine de Poutine ne s’arrête pas depuis un temps. La société de sécurité privée non autorisée liée à la direction du Kremlin est de plus en plus active sur le continent, avec des bureaux au Soudan et en République centrafricaine, ainsi qu\’au Sahel. Plongez dans le monde ténébreux des vrais faux mercenaires de Khartoum à Bamako, en passant par Bangui et Saint-Pétersbourg. La brasserie Le Kiss est à nouveau en effervescence. Quelques automobiles stationnent encore devant le bar-cabaret à trois étages, l\’une des plus grandes places de la ville, en ce soir du 20 avril 2021, à une centaine de mètres du \”point zéro kilomètre\” au coeur de Bangui. La nuit, les lumières des bâtiments s\’allument. L\’avenue du Colonel Adrien-Conus est vide en contrebas. Il est presque 20 heures et le couvre-feu sera bientôt en vigueur. Cependant, certains consommateurs, notamment les habitués, n\’ont pas l\’intention de partir. Cinq de ses soldats ont été enlevés puis exécutés au Tchad le 30 mai, près de la frontière centrafricaine, lors d\’affrontements avec les forces centrafricaines et des supplétifs russes, selon N\’Djamena. Si Bangui prétend avoir poursuivi les rebelles centrafricains sur le sol tchadien, les responsables tchadiens qualifient les événements de \”crimes de guerre\” et blâment les mercenaires de Wagner.

Bien qu\’une enquête collaborative soit en cours, les tensions restent vives. Wagner pourrait-il réaliser ses aspirations et celles du Kremlin à l\’ouest du continent après Khartoum et Bangui ? De la Libye au Mozambique, en passant par le Soudan et la Centrafrique, Vladimir Poutine et son allié Evgueni Prigojine ont joué à deux une symphonie africaine tranquille. En tout cas, elle apparaît incomplète. Les soldats blancs, selon de multiples témoignages concordants, « ne parlaient pas français ». Ce sont eux qui ont causé le plus de dégâts. Il y a eu beaucoup de destruction, dit Bamba, en supposant qu\’il sait qu\’il s\’agissait de Russes. Selon de nombreuses sources militaires et diplomatiques occidentales, les \”auxiliaires russes\” sont déployés dans le centre du Mali depuis janvier, malgré le fait qu\’aucun des rescapés ne mentionne le groupe paramilitaire Wagner. Selon des témoins à Moura, les « dégâts » sont estimés entre 200 et 400 personnes tuées. Tous s\’accordent à dire que certaines des personnes tuées étaient des djihadistes, dont la présence à Moura n\’est pas contestée, mais la majorité des personnes tuées sont considérées comme des civils.

Lors d\’une opération antiterroriste de grande envergure, l\’armée malienne affirme avoir neutralisé 203 militants et arrêté 51 autres. Vous ne pouvez pas tirer sur une foire et prétendre qu\’aucun civil n\’a été tué. Tout le monde est présent le dimanche. Je ne dis pas qu\’il n\’y avait pas d\’armes éparpillées dans tout le village, mais les gens qui sont morts n\’en avaient pas. Bamba rétorque : Ce n\’étaient pas des djihadistes. Il y a des hommes, des femmes, des enfants et des personnes âgées parmi les morts. Vous ne pouvez pas tirer sur une foire et affirmer qu\’aucun civil n\’a été tué. Tout le monde est là le dimanche, a déclaré un autre initié local. A l\’arrivée des militaires, Seynou, qui n\’avait que dix-neuf ans à l\’époque, a couru se mettre à l\’abri. Il se réfugie dans sa maison à la périphérie de la ville. Il y avait beaucoup de monde chez moi, dit-il, et les gens se cachaient partout où ils pouvaient. Le ratissage du village commence après l\’atterrissage des hélicoptères. Au bord de la rivière, qui est à sec à cette époque de l\’année, et d\’autres le long du bord de la route menant au nord-est. Bamba dit que des centaines d\’hommes l\’ont accompagné jusqu\’à la rivière asséchée. Jusqu\’au crépuscule, nous étions étendus par terre. Selon la longueur de son jean ou de sa barbe, les soldats disaient \”c\’est un djihadiste\”. En conséquence, il a été tué. Ils ont pris des gens et les a massacrés toute la nuit, raconte le jeune homme. Les djihadistes collectent des impôts et établissent un code vestimentaire pour les hommes et les femmes depuis des années, a affirmé le président d\’une association locale. Des pantalons courts sont exigés pour certains citoyens. Ce ne sont pourtant pas des djihadistes. Cimetières, L\’opération s\’est poursuivie pendant plusieurs jours : des hommes ont été enlevés de leurs maisons et de leurs entreprises, transportés au bord de la rivière ou au bord de la route, et exécutés, en souvenir des deux survivants. C\’était comme ça jusqu\’à mercredi, se souvient Bamba. Jusqu\’à ce que le Fama parte jeudi 31 mars, a déclaré Seynou.

Dans une tranchée, je suppose que j\’ai enterré cinquante morts, et dans une autre, soixante. La tête de certaines personnes a été brisée. L\’attente, la chute des corps et le devoir de les enterrer n\’étaient que la même souffrance pour les deux survivants. Est-ce cinquante, soixante, cent ou même plus ? Ils ne comptent plus les corps qu\’ils amènent enveloppés dans des nattes à bout de bras vers l\’une des quatre fosses communes creusées. Je crois que j\’ai enterré cinquante morts dans une fosse et soixante corps dans l\’autre. Seynou explique : Au bout d\’un moment, je ne pouvais plus compter. Cela a été extrêmement difficile pour certains, car leurs crânes ont été brisés. Le colonel Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale, a conduit une équipe gouvernementale à Moura le 9 avril. Alors que les inspecteurs de la Minusma (la mission de l\’ONU au Mali) se voient toujours refuser l\’accès à la zone, les autorités régionales ont annoncé qu\’une enquête serait menée. Y a-t-il un espoir pour les survivants de Moura d\’apprendre la vérité ? Nous sommes bien conscients qu\’une enquête malienne ne révélera pas la vérité, déplore Seynou.

© Eric Kuikende, LEO NJO LEO NEWS

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