Nous sommes dans le district de la Gombe à Kinshasa. Il était précisément 13 heures du 5 février 2022 lorsque François Beya est sorti de sa salle de bain. Les agents de l’Agence National de Renseignement (ANR) sont arrivés à son domicile avec un mandat d’arrêt. L’équipe était dirigée par son directeur, Jean Hervé Mbelu Biosha. La maison a été cambriolée. Beya a été autorisé à s’habiller et a reçu une note lui disant de se conformer aux ordres des agents de l’ANR. Ses téléphones et ceux de sa femme ont été saisis. Sa femme n’a pas été autorisée à voir le contenu de la convocation. À son arrivée au bureau de l’ANR pour son interrogation, François Beya refuse de répondre à la commission de Biosha.
Quel serait le bras noir responsable de l’arrestation de François Beya ? Selon un agent de la présidence, c\’est le président Tshilombo qui a sanctionné cette arrestation. Pour quelles raisons ? Beya a-t-il été impliqué dans une tentative de coup d’État ? Selon la déclaration de Kasongo Mwema Yamba Yamba à la télévision nationale « c’était une question de sécurité nationale… le processus démocratique entamé par le premier transfert pacifique du pouvoir en janvier 2019 est une réalisation historique qui doit être sauvegardée à tout prix… Aucune tentative ne sera faite pour saper les institutions démocratiques ». Selon un diplomate, Tshilombo a choisi de coopérer avec Beya pour une raison : « dès le début, c’était une relation nécessaire… Le nouveau président avait besoin d’une personne expérimentée qui connaissait bien l’emplacement des dossiers et la façon dont ils devaient être traités. Ils n’avaient pas d’intimité authentique », a-t-il déclaré.
Depuis lors, Beya a été emprisonné dans les installations de l’ANR. Il a été transféré à la prison de Makala le 4 avril au soir. Le même jour, quatre de ses collaborateurs ont été à leurs tours arrêté et transféré à la prison militaire de Ndolo. Il s’agit de Guy vanda (secrétaire particulier de Beya), Jean-Pierre Kalenga (son garde du corps), David Cikapa (son directeur du protocole) et son collaborateur Claude Kadisho.
Les circonstances entourant l’arrestation de Beya sont floues. Jusqu’à présent, aucune accusation formelle n’a été annoncée contre lui. Certains l’accusent de cultiver des adversaires au sein du cercle intime du président. Ils l’ont accusé d’avoir orchestré l’arrestation de Vital Kamerhe – « aujourd’hui, Kamerhe devrait être libéré, tandis que Beya devrait purger le reste de sa vie en prison. Ce sera une excellente raison de réintroduire Kamerhe sur la scène politique à l’approche des élections de 2023… Comme décidé à Nairobi, Kamerhe a le droit de devenir le futur président », a déclaré un responsable politique sous l’anonymat. Il est accusé d’avoir coupé les contacts de Tshilombo avec les membres de sa famille politique et biologique, son conseiller privé, Fortunat Biselele, et d’autres personnalités comme Corneille Nangaa. D’autres accusent François Beya d’être responsable d’atteintes à la sécurité du chef de l’Etat et de protéger certains opérateurs économiques sanctionnés par les Etats-Unis pour blanchiment d’argent et financement du terrorisme. Beya a été interrogée il y a deux semaines, et un rapport a ensuite été produit. Ce document a été remis au président Tshilombo le jeudi dernier, et ce dernier a donné l’instruction de transférer Beya à la prison de Makala en attendant l’issue des procédures.
Cette nouvelle a stupéfié les admirateurs et proches de Beya. En conséquence, le député Claudel André Lubaya et le sénateur Bijoux Goya Kitenge ont écrit un memo à Bintou Keita, la patronne de la MONUSCO. Le cardinal Ambongo a, à son tour, exprimé son opposition à la procédure contre Beya. Ambongo collabore avec l’archevêque Ettore Balestrero, nonce apostolique en RDC, pour élaborer une liste de mesures apaisantes à transmettre au président Tshisekedi à la lumière de la visite prévue du pape François dans la nation les 2 et 5 juillet. La clarification de la situation de François Beya pourrait être l’une des étapes mentionnées dans cette note, selon l’entourage du cardinal.
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