Les difficultés de redémarrage des activités de deux entreprises publiques locales, qui subissent des blocages sociaux depuis onze ans, s\’expliquent par la lutte contre la corruption, le chômage sévère dans la région, les lenteurs administratives et les anciennes mines.
La production de phosphate, qui était en berne depuis 2011 en raison des blocages sociaux, s\’est envolée depuis le 25 juillet et la prise de pouvoir du président Kas Saed. Cependant, l\’industrie est toujours dans une position précaire. Jusqu\’en février, leur carnet de commandes était complètement rempli. La société des phosphates de Gafsa peut nous livrer à temps les matières premières grâce à la fluidification du transit routier et ferroviaire suite à la fin des mouvements sociaux, déclare Abdelwaheb Ajroud, directeur général du Groupe Chimique Tunisien (GCT), société publique de phosphate. Toujours en février, le dirigeant anticipe une hausse de 20% de l\’activité. L\’amélioration annoncée contraste avec le fait que la Tunisie, qui était auparavant le cinquième exportateur mondial de phosphate, devait importer du minerai d\’Algérie pour permettre au GCT d\’effectuer ses opérations en septembre 2020.
Pour extraire une tonne de phosphate, il faut 8 à 10 tonnes de minerais stériles, contre 5 tonnes auparavant, ce qui traduit un faible taux de couverture au niveau mondial. vieillissant, certains d\’entre eux étant en activité depuis près d\’un siècle. La Tunisie produit actuellement 3 millions de tonnes, contre 83 millions en l\’année de référence 2010. Un gouffre qu’aucun ne discours, même celui d’un président populaire, pourra fermer. Huit mois se seront écoulés depuis que l\’espoir a commencé. Le président de la République, Kas Saed, a suspendu le fonctionnement du parlement le 25 juillet 2021 et promis de lutter contre la corruption. Les Tunisiens sont aux anges, au point que les habitants du gouvernorat de Gafsa, à 400 kilomètres au sud de la capitale, lèvent les nombreuses barrières sociales qui paralysaient les activités des entreprises publiques locales comme la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) et la Groupe chimique tunisien depuis onze ans (GCT). La production moyenne de CPG s\’élève à 400 000 tonnes au troisième trimestre 2021, contre 120 000 tonnes au deuxième trimestre.
En conséquence, la production annuelle de phosphate a atteint 3,8 millions de tonnes à la fin de l\’année, en hausse de 22 % par rapport à 2020. La CPG a désormais accès gratuitement aux 2 millions de tonnes de phosphates stockées à Moularès grâce à la réhabilitation des voies ferrées. Le GCT, qui appartient à la holding de la CPG, garantit alors qu\’il pourra approvisionner ses clients sans délai jusqu\’en février 2022, d\’où une augmentation de 20% de l\’activité. Depuis une dizaine d\’années, l\’offre de phosphates de Gafsa ne cesse de décliner. Des mouvements sociaux récurrents organisés par une communauté locale pour qui l\’entreprise est la seule bouée de sauvetage sont remis en cause. La Tunisie occupe le cinquième rang mondial des producteurs de phosphate, avec 9 000 personnes, 8,3 millions de tonnes de production représentant 4 % du PIB et 10 % des exportations du pays. Au bout de dix ans, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), fondée en 1897, compte 30 000 personnes, une production moyenne de 3 millions de tonnes, une contribution de 2% au PIB, et une chute à la 12e place mondiale, ce qui dit plus que tous les bavardages sur la disparition de l\’entreprise. La CPG raconte l\’histoire d\’une entreprise publique dirigée par un État prudent derrière les chiffres. La CPG doit se recentrer sur son cœur de métier pour reconquérir sa compétitivité, ses marchés et son savoir-faire. La CPG doit se réinventer dans son cœur de métier pour retrouver sa compétitivité, ses marchés et son savoir-faire. C\’est pourtant son seul moyen de sauvetage. Ce n\’est pas un choix viable. Il s\’agit d\’une exigence essentielle, déclare Radhi Meddeb, fondateur et président de Comete Engineering, qui a débuté sa carrière chez CPG. D\’autres trébuchent dans leur recherche d\’une issue au dilemme.
En novembre 2020, un conseil des ministres engagé pour le développement de Gafsa a identifié divers domaines, comme l\’agriculture et le tourisme alternatif, susceptibles de créer des emplois pour la population locale. Des pistes qui, malgré leur difficulté, seront impossibles à mettre en œuvre en raison de la fabrication du phosphate, qui pollue l\’air et les mers voisines. Pourtant, depuis mars, nous sommes revenus à la case départ. Les pierres d\’achoppement sont revenues. Les agriculteurs qui protestaient contre le prix du fourrage bloquent les expéditions de phosphate à Metlaoui jusqu\’à aujourd\’hui! Le spécialiste des minéraux Abdelhamid Amri, qui était sur place pour former le personnel de la Société des phosphates de Gafsa, prédit que la production serait plus faible cette année qu\’en 2021. La population locale est désabusée, car elle est l\’une des plus pauvres du pays (le taux de pauvreté dans le gouvernorat de Gafsa est estimé à 19 %, contre une moyenne nationale de 15 %, selon les données de la Banque mondiale 2020).
Le compte n\’y est pas, même si quelques têtes sont tombées 12 fonctionnaires de la CPG sont jugés pour corruption. La suspension en novembre 2021 de la loi 38 de 2020, qui devait favoriser l\’embauche de diplômés qui avaient été au chômage pendant plus de 10 ans dans le secteur public, a agi comme catalyseur de la reprise des blocages sociaux. Avec un taux de chômage de 18% sur l\’ensemble du territoire en novembre 2021, le taux de chômage dans le sud-ouest du pays (zone de Gafsa) atteint 26% et 30% dans la catégorie des diplômés du supérieur, d\’où les espoirs déçus suscités par l’abrogation de la loi. Outre ces facteurs conjoncturels, il y a des défis structurels dans les négociations en cours qui ont duré onze ans. Les mines deviennent de moins en moins économiques à mesure qu\’elles vieillissent ; certaines ont plus d\’un siècle. Pour extraire une tonne de phosphate, il faut 8 à 10 tonnes de sédiments, contre 5 tonnes au plus fort de l\’industrie. Les mois passent tandis que nous recherchons de nouvelles réserves de matériel explosif.
Cela fait des mois que nous attendons du matériel explosif pour trouver de nouveaux gisements, mais il bloque en raison d\’un sombre historique d\’appel d\’offres concernant le transport de ce matériel, est également critiquée la structure administrative des deux entreprises publiques monopolistiques : « Nous attendons des matières explosives depuis des mois pour trouver de nouveaux gisements, mais il bloque à cause d\’un sombre historique d\’appel d\’offres concernant le transport de ces matières », se lamente un ingénieur des mines. Face à cette résistance, les bailleurs de fonds internationaux, dont la Banque européenne d\’investissement (BEI), sont de plus en plus réticents à investir dans le secteur afin de le rendre plus efficace et plus respectueux de l\’environnement. Le GCT a reçu 55 millions d\’euros de l\’institution en 2008 pour une \”amélioration de l\’environnement\”, un premier prêt suivi d\’un second, dans le même but, totalisant 19 millions d\’euros en 2016. Or, selon Jean-Luc Revereault, représentant de la BEI en Tunisie, ce dernier ne peut pas être payé en totalité.
Eric Kuikende, LEO NJO LEO NEWS