RDC : L’annonce de la visite du pape François sème inquiétude et doute.
Raviver l’espérance du peuple congolais, qui a besoin de la paix, pays de 90 millions d’habitants en proie à des conflits armés persistants, dont compterait 40% de catholiques, tel est l’objectif de la visite du pape François à Kinshasa, Goma en juillet 2022, la semaine une du mois.
« Là où est le peuple, là est l’église et là doit être aussi le pasteur »
L’importance de l’Eglise catholique congolaise, en termes de nombre des fidèles, lui confère une responsabilité socio-politique énorme dans le pays. L’action de l’église catholique dans l’arène politique est devenue impératif. Sa « démarche de donner des orientations démocratiques et sa lutte contre la balkanisation » sont figurés sur l’agenda des échanges avec le souverain Pontife à Kinshasa.
L’Eglise catholique romaine a-t-elle les mains propres ?
Minée de l’intérieur, l’église catholique s’est engagée dans l’action politique au pays, bon gré mal gré. Dès l’invasion du Rwanda et de l’Ouganda au Zaïre, les fidèles catholiques et les observateurs du diocèse de Goma, plus précisément à l’Est de la RD Congo vivaient la guerre ouverte et sans merci entre deux blocs au sein de l’épiscopat. La guerre entre Faustin NGABU, Evêque de Goma et Emmanuel KATALIKO, archevêque de Bukavu. Le diocèse de Goma, alors que les prêtres vivaient dans la fraternité, est venu le temps de « soupçons, des suspicions et de filature ». Les prêtres Tutsi vont dénoncer leurs collègues Hundé, Nyanga, Tembo et Hutu, les accusant de se livrer à des activités subversives, incompatibles avec leur mission et de soutenir le gouvernement de Kinshasa. Et l’Evêque NGABU qui était tombé dans le filet du FPR, participerait au projet de la balkanisation du Congo.
L’implication de l’église catholique romaine face à l’effort de paix et de pacification soulève des questions inédites sur son rôle dans cette situation difficile que le peuple Congolais, plus particulièrement de l’Est du pays traverse pendant plus de vingt-ans. Malgré la dénonciation du Cardinal Fridolin AMBONGO d’une pléthore des groupes armés locaux et étrangers qui écument l’Est de la RDC et les massacres des populations qui s’y déroulent ; malgré l’alerte sur le plan de la balkanisation de Dieudonné URINGI, Evêque du Bunia du 04 juin 2020, l’église catholique est aussi dans le collimateur.
Si dès le départ, Rome avait soutenu l’archevêque Christophe MUZIHIRWA, assassiné par les troupes rwandaises et Emmanuel KATALIKO, archevêque de Bukavu, relégué dans son Butembo Natal le 12 février 2000 par les rebelles du RCD/Goma sur ordre du Rwanda, qui ne digérait pas les comportements des militaires rwandais sur la population de Bukavu (massacres, viols des femmes et pillages), le « mal aurait été vaincu ». Il a fallu attendre 20 ans pour prendre conscience ? C’est vraiment absurde et inexplicable ! Ceux qui suivent de près ce qui se passe au Congo depuis 1990, connaissent bien des « théories du complot » de leaders religieux dans la « guerre d’occupation » de la République démocratique du Congo.
« Egalement, à l’Est du pays, l’ethnicité est devenue un facteur déterminant dans la sélection des candidats à la prêtrise et dans les nominations à des postes clés dans les différents diocèses ».
Est-ce que la visite du souverain Pontife à Goma mettra fin au but des Américains et leurs partenaires dans les enjeux et vision au Kivu ?
L’important serait d’abord d’écarter et éviter de soutenir les acteurs de la scène politique, membres de l’église catholique romaine. Et un grand moment comme celui-ci, serait une occasion de calmer certaines tensions ou soit donner sa position par rapport à certaines réalités fâcheuses et révoltantes dans ce pays.
Le bien-fondé pour la visite du pape François, la deuxième visite d’un pape à Kinshasa depuis celle du pape Jean-Paul II en 1985, voudrait bien interroger le pourquoi des violences qui tourmentent les territoires de Beni et Irumu, de ces conflits qui gangrènent l’Est de la RDC afin d’en comprendre les soubassements qui les soutiennent. La RDC est à la merci des Américains et leurs alliés. Le président Barak Obama avait dit que le Congo représente un intérêt à long terme pour les Etats-Unis et il faisait référence à la menace des milices hutus comme le meilleur prétexte à l’ingérence continuelle dans la région du Kivu pour s’accaparer du sol et du sous-sol du Congo.
Raviver l’espérance du peuple Congolais commencerait par « déjouer le rôle des Etats-Unis et les institutions financières occidentales dans le déclenchement des tragédies qu’ils prétendent maintenant solutionner » en République démocratique du Congo.
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© Rédaction Leo Njo Leo News